J'attends avec impatience que tout le monde m'envoie les textes écrits vendredi dernier: voici les premiers:
« A peine une femme » ( Marylou)
Je m’appelle « A peine une femme », je suis une adolescente, j’ai frère qui a une voiture blanche qui doit venir me chercher à un abribus pour 22h15. J’ai dit que j’étais à une soirée entre fille chez mon Mathilde, mais Chérie de l’Ombre ne me croit pas et finalement j’ai avouée que j’étais chez un homme et ça s’est mal passé à cause de ma robe courte, de mes cheveux détachés, de mon crayon noir sous mes yeux et de mes talons. Je me pose la question si j’étais allée avec mon pull bleu et mon jean décontracté, est-ce que ça se serait passé de la même façon ? A cause de cette histoire, à 21h, je jette mon téléphone portable, il vole en éclats. Pour prouver à Chérie de l’Ombre que je fume, je vais, il n’est pas encore 22h à un bar-tabac pour en acheter mais de peur des déglingués à l’extérieur je n’y entre pas. A 22h A peine un homme m’aide a recollé les morceaux de mon téléphone puis à 22h15, mon frère arrive dans sa voiture blanche mais je parle encore quelques instants avec Chérie de l’Ombre.
J’aurais pu m’appeler Zoé, Louise ou bien Camille au lieu : « A peine une femme », j’aurais pu ne pas être une adolescente, j’aurais pu avoir un ou deux frères qui ont des voitures noires au lieu d’être blanches. J’aurais pu réellement aller chez une soirée entre fille chez mon amie Mathilde. J’aurais pu être habillée décontracté avec mon pull orange que mon pull bleu et mon jeans avec mes cheveux attachés et juste du mascara au lieu d’avoir cette robe courte, mes cheveux détachés, du crayon noir sous les yeux. Je n’aurais pas jeté mon téléphone portable à cause de cet homme et ne serait pas allée dans cet abribus. J’aurais pu rentrer dans ce bar-tabac et chercher ce paquet de clopes pour pouvoir fumer. Et puis ça aurait pu être ma maman ou mon papa qui serait venu me chercher.
- Chérie de l’ombre ( Luna)
Je m’appelle Chérie de l’ombre. Je suis une adolescente et je fume. Je porte des talons et une jupe encore plus courte que celle d’A peine une femme. J’attends des clients mais les 2 autres jeunes empêchent les clients de venir. Je pense qu’A peine une femme est une jeune fille comme moi. Je propose de jouer au blind test avec A peine une femme et A peine un homme. Plus le temps passe et plus la voix de l’homme qui s’exprime à ma place part et laisse parler le vrai moi. Je suis là depuis 21h dans l’ombre.
Je pourrais être une prostituée. Je pourrais être d’origine espagnole ou d’une langue latine. Je pourrais avoir un accent latin. Je pourrais avoir un teint un peu bronzé. Je pourrais être bien formée. Je pourrais faire partie d’une bande d’escortes. Je pourrais être une fille sans famille ou du moins abandonnée de ma famille. Je pourrais être triste. Je pourrais être seule. Je pourrais m’appeler… Je pourrais avoir 18ans. Je pourrais avoir le besoin de faire ce métier sinon je suis à la rue et n’ai pas d’argent. Je pourrais ne pas avoir fait d’études. Je pourrais avoir un passé sombre et triste. Je pourrais avoir très peu d’amis, voire pas du tout et c’est pour cela que je parle aux autres. Je pourrais avoir besoin d’aide.
A peine une femme ( Mélody)
Je m’appelle à peine une femme. Je suis présente à l’abribus depuis 21h00. Je reviens d’une soirée que je prétends avoir passé avec des filles mais en réalité, j’ai passé une soirée avec lui (dont on ne connaît pas l’identité). C’est la raison pour laquelle je porte une robe courte et une veste courte, pour lui plaire. Mais il m’a prit pour une. Je me suis énervée et j’ai cassé mon téléphone. Je ne connais aucun numéro par coeur et j’attends mon frère qui est censé arriver à 22h15. J’essaye de le réparer avec à peine un homme qui me propose aussi de me ramener quand sa mère arrive. Mon frère arrive mais je ne bouge pas, j’ai l’intention de rester à l’abribus pour que chérie de l’ombre n’ait pas de clients.
Je suis à peine une femme. Je suis présente à l’abribus depuis 21h00 mais je suis peut être absentée quelque temps. J’ai peut être passé la soirée avec un garçon plus âgé que moi, à qui je voulait plaire. J’attends mon frère, qui devrait arriver à 22h15 mais il est peut-être arrivé avec quelque minutes de retard. Je suis peut-être une chérie de l’ombre aussi.
A peine un homme ( Marcelline)
Je suis A peine un homme, je suis un jeune, j’ai un téléphone et j’appelle souvent ma mère, j’ai fini plus tôt, j’attends ma mère a un vieil abribus déglingué, mes parents se sont pourris et mon père est parti, j’étais énervé, je ne dis pas la prostituée, mais j’aime bien quand elle me parle, j’ai demandé A peine une femme si elle voulait que je la ramène, mais elle a refusé.
A peine une femme ( Venera)
Je pourrais m'appeler Victoria au lieu de "A peine une femme". Je pourrais avoir 18 ans et être de nationalité française. Je pourrais vivre seule avec mon frère dans un petit appartement loin de la ville. Mathilde pourrait être la seule amie que j'ai. Je pourrais toujours chercher à plaire aux autres en faisant plus attention à mon physique. Je pourrais toujours prétendre être quelqu'un d'autre et mentir souvent sur qui je suis. La musique pourrait être ma passion que je n'ai pas pu suivre. Je pourrais être quelqu'un de très impulsive. Je pourrais être quelqu'un de têtue et de vouloir toujours avoir raison. Je pourrais être quelqu'un qui en réalité a peur du jugement des autres. Avant 21h je pourrais être à un RDV avec une personne. Je pourrais être violée par cette personne. Je pourrais en avoir marre de recevoir des commentaires sur ma tenue. Je pourrais rêver de changer ma vie et d'avoir plus confiance en moi. Je pourrais être comme Chérie de l'ombre mais avoir peur de l'assumer. Je pourrais tout le temps être déçue des autres. Je pourrais aimer dire non plus souvent à celui qui profite de moi, de mon corps. Je pourrais me sentir enfermé par la peur de dire non. Mon frère pourrait être la seule personne à qui je fais confiance. Je pourrais venir plus souvent vers cet abribus sachant que je connais bien cet endroit.
À peine un homme pourrait s’appeler Luc, il aurait eu 18 ans il n'y a pas longtemps et serait en école d’ingénieur. Il aurait les cheveux marron avec des lunettes et serait vêtu d’une chemise grise, d’un pantalon noir et d’une veste en jeans. Ce serait un garçon pas très sociable avec juste quelques amies, assez discret en cours mais efficace dans le travail et intelligent. Il aimerait écouter de la musique, surtout du Rock’n roll . Il aimerait regarder les étoiles et réparer de vieux objets comme des appareils photos ou des radios. Il aurait une passion pour les vieux film des année 70-80 tels que Rocky et Retour vers le futur.
À peine un homme(Basile)
Il fait froid, j’ai oublié mon écharpe et j’ai faim : je me plains.
J’étais quelque part avec d’autres gens, ça s’est finit plus tôt que prévu.
J’habite loin d’ici, « de l’autre côté ».
Je suis impatient de partir d’ici mais je reste poli.
J’ai vraiment envie de savoir à quoi ressemble Chérie de l’ombre, je trouve ça dégueulasse de pas savoir à quoi ressemble mon interlocutrice, c’est malsain.
Je tente des feintes pour la voir, puis je réussi finalement et là, c’est encore plus dégueulasse, c’est une enfant !
Ma mère arrive enfin, on se fixe, se défie du regard.
Je propose à À peine une femme de la ramener, elle m’envoie balader.
On part.
Puis à partir de ce qui est dit, imaginer ce qui pourrait l’être, ou être :
Je pourrais vivre dans une banlieue pavillonnaire, être un blanc de la classe moyenne.
Je pourrais être un peu coincé, aveugle sur les réalités sociales, comme les gens comme moi le sont parfois. Ce qui explique ma gêne face à Chérie de l’ombre.
Ma réunion plus tôt dans la soirée aurait pu être avec des camarades de classe, car nous préparons un projet commun. Par exemple je pourrais être en fac de droit et nous préparons un plaidoyer fictif pour un exposé plus tard dans la semaine.
Je pourrais avoir envisagé l’espace d’un instant de tenter de séduire À peine une femme.
Je suis ce qu’on appelle un mâle blanc privilégié, et bien que plein de bonnes volontés, la plupart des luttes sociales me passent des kilomètres au dessus tellement elles ne me concernent pas.
Mon quotidien, mon milieu social et ma vision du monde pourraient même faire que j’ignore l’existence de ce genre de prostitution avant de rencontrer Chérie de l’ombre.
Je pourrais avoir honte de partir et de laisser mes deux camarades de ces quelques heures.
Je pourrais suite à cette soirée remettre en question ma vision du monde, agir différemment vis-à-vis de ce que je ne connais pas peut-être.
Chérie de l'ombre ( Prune)
Je suis Chérie de l’ombre. Je travaille, ici, dans cet abribus, dans la nuit, c’est mon endroit. Je guette l’arrivée de potentiels clients qui viennent en voiture. Je porte une robe très courte, j’ai des talons, je suis bien coiffée et je suis maquillée. Je ne sors pas de l’ombre. Cette nuit, les affaires ne vont pas bien. Les voitures passent sans s’arrêter. Je n’ai pas de client cas il y a deux hurluberlus dans l’équation et ça, ça ne va pas. Je ne peux pas rentrer sans argent. En fait, je suis jeune, très jeune même. Je vois bien que je dégoute les deux autres, surtout à peine un homme, mais c’est comme ça, j’ai pas dit non.
Je suis Chérie de l’ombre. Mais je pourrais m’appeler Sacha Jiwan. Je pourrais être une jeune indienne de 14 ans. Je pourrais avoir des parents qui ont tout plaqué pour venir en France. Je pourrais vivre à Lyon, dans les mauvais quartiers. Je pourrais avoir perdu ma mère à 9 ans. Je serais une fille normale mais je serais rejetée de tous. Comme les autres, j’écouterais les musiques du moment, j’aurais la moyenne en cours, je m’intéresserais aux garçons, je glousserais quand le populaire de l’école me parlera. Mais,j’aimerais le poulet curry que je ne mangerais pas souvent car je n’aurais pas d’argent ; mon père non plus. D’ailleurs, mon père ne serait pas souvent là car il travaillerait beaucoup pour gagner peu. Pour noyer la perte de sa femme, il aurait bu, beaucoup, beaucoup trop. Il se ferait virer de nombreux endroits, se ferait refuser d’un poste dans beaucoup d’autres. Il serait devenu agressif, impatient, violent. Il me rejetterait la faute de tous ses problèmes. Il m’accuserait de ne servir à rien, de ne pas avoir de rentré d’argent.Afin de vivre correctement, on aurait besoin d’argent. Alors, dans la rue, j’aurais rencontré un homme, beau et séduisant, éloquent et manipulateur. Je l’aurais suivi avec admiration, je serais rentrée dans sa belle voiture. Il m’aurait promis de m’aider avec nos problèmes d’argent. Il m’aurait dit que je suis belle et que je pourrais lui être utile. Il assurerait qu’il me protègerait. Il serait le seul à me connaître et à m’aimer. Alors il me donnerait une robe, très courte, des talons qui me feront mal aux pieds, une trousse de maquillage, avec tous les ustensiles. Il me dirait d’aller dehors, à partir de 20h30, quand il ferait noir, qu’il me réserverait un endroit exprès pour moi. Je devrais rester dans l’ombre de l’abribus quand il y aurait des gens. Je devrais être debout dès qu’une voiture arriverait. Je devrais faire mon boulot. Je devrais satisfaire le client. Je ne devrais pas refuser les femmes, elles seront de l’argent supplémentaire. A 5H30 le matin, je devrais partir, aller le rejoindre, et je devrais lui donner l’argent que j’aurais gagné. S’il y en a en quantité, je pourrais en avoir peut-être la moitié. Mais le plus important, je ne dirais pas non. Cette nuit-là, avant ma rencontre avec à peine un homme et à peine une femme, je serais aller à l’abribus en retard. J’y serais seulement à 20h50. J’aurais, par conséquent, perdu au moins un client. Mais je ne serais jamais arrivée en retard sans raison. Cette après-midi-là, on m’aurait donné deux heures de retenues après les cours. La raison ? J’aurais, soi-disant, fait passer un mot à mon voisin de derrière qui dirait « La prof est top bonne tu trouves pas ? ». Evidemment, la professeur en question aurait vu ce même voisin avec ce mot et lui aurait demandé qui l’aurait fait. Au lieu de dénoncer son meilleur ami à côté de lui, il dirait que ce mot vient de moi. Alors je serais toujours au collège à 18H. Le problème est que je serais en retard à la maison. Mon père serait arrivé avant moi. Il pourrait s’énerver en voyant que je n’aurais pas encore fait le ménage ni commencé à préparer le repas. Enfin rentré, il aurait déjà bu 5 bouteilles de bière. Il me les lancerait, je les éviterais. J’irais lui faire à manger, je n’aurais pas faim alors je ne me ferais rien. A 20H15, je travaillerais un peu pour le lendemain mais je n’aurais pas le temps de tout finir. Je me dirais que 20 minutes de retard c’est pas grave, que ça serait « rattrapable ». Alors il serait 20H35 quand je quitterais le maison. A peine arrivé à l’abribus, j’aurais eu un client. En 5 minutes son affaire serait réglée, il m’aurait payée et irait sans doute chez lui voir sa femme et ses enfants. Et à 21H commenceraient les ennuis. Je n’aurais pas plus de client cette nuit-là. Je n’aurais pas dû faire mes devoirs. Mais là non plus je ne pouvais pas dire non.
Célia
Je suis à peine une femme, je suis une adolescente. Je prétends à deux inconnus rencontrés sous l’abribus que je reviens d’une soirée entre filles chez mon amie Mathilde et j’attends que mon frère vienne me chercher. J’ai cassé mon téléphone et l’un des deux inconnus me propose d’utiliser le sien mais je refuse car je ne connais aucun numéro. J’ai fini mon paquet de cigarette et comme ce n’est pas encore 22h, j’ai le temps d’aller en acheter à ce bar de nuit juste à l’angle. Je suis vêtu d’une robe courte (trop courte juste pour une soirée entre fille d’après la dame dans l’ombre) et d’une veste, je suis bien coiffée et j’ai du crayon sous les yeux. Je finirai par avouer que je ne suis pas aller à cette soirée entre filles, mais j’aurai préféré. J’ai passé la soirée avec un homme. Un homme qui voulait directement passer à l’étape suivante avec moi. Etait-ce la faute de ma robe soi-disant trop courte ? J’ai besoin de savoir si ce pull bleu à col roulé ou bien ce jean décontracté auraient fait la différence. Je voulais seulement me sentir belle. Lorsque mon frère vient me chercher avec sa voiture blanche, je décide de rester aux cotés de l’autre femme présente, je resterai avec elle ce soir pour occuper sa lumière, peu m’importe si mon frère m’oublie, je resterai avec elle pour l’empêcher de faire le job.
la vie imaginée d'A peine une femme
Mon frère a une voiture blanche. C’est un des éléments les plus trépidants dans ma vie.
J’habite dans un village paumé au fin fond de la campagne j’ai 17 ans et je fais 1h30 de bus tous les matins pour aller jusqu’à mon lycée pourri. Sauf quand mon frère a le temps de m’emmener avec sa voiture blanche.
Lui et moi sommes très complices, je sais que je pourrais toujours compter sur lui en cas de besoin.
Plus jeune, mon père nous a laissé moi, mon frère et ma mère. Il est parti à l’autre bout du monde pour une femme qu’il avait rencontré dans un bar. Un bar à l’angle de la rue de l’abribus. Ce fût un traumatisme pour moi et depuis ce jour, je pense que les hommes sont tous les mêmes. Tous les rendez-vous amoureux que j’ai eus étaient un désastre. Je manque terriblement de confiance en moi, c’est pour cela que cherche l’approbation de mon père dans les yeux de chaque homme que je rencontre. J’ai besoin de me sentir exister quelque part. Finalement, je ne suis peut-être pas si différente de Chérie de l’ombre. Les hommes qui nous blessent vivent à travers nous. Ma meilleure amie s’appelle Mathilde. Je sais au fond de moi que c’est une peste mais j’ai peur de me retrouver seule si je brise notre amitié. Elle passe la moitié de son temps à me rabaisser devant les gens de notre école pour se sentir exister, elle est ce qu’on appelle une « populaire », elle passe par conséquent la moitié restante de son temps à se regarder devant le miroir pour s’assurer qu’elle n’a pas un cheveu dépassant de sa queue de cheval tirée à quatre épingles ou bien à s’assurer que les pleurs dûs à sa dispute avec SON copain, le bad boy du lycée n’ont pas fait couler son mascara. C’est déprimant. J’ai comme ambition plus tard de devenir hôtesse de l’air pour pouvoir faire le tour du monde et pouvoir quitter ce trou dépravé.
Chérie de l'ombre (salomé)
Chérie.s de l’ombre :
Je suis chérie de l’ombre, je suis jeune, ma place est à l’abribus la nuit, je travaille ou du moins j’essaye avec ces deux autres jeunes qui n’arrangent pas mes affaires. Ces deux la m’ont empêché de travailler pendant la meilleure heure de la soirée mais je continue d’attendre des clients, mais les voitures passent sans s’arrêter, à chaque fois c'’en est un de perdu. Il m’arrive de sortir furtivement de l’ombre en dansant, ou qu’on entende le bruit des talons que je porte. Je m’y connais en robe, j’en porte une courte d’ailleurs et je suis maquillée.
Je pourrais être brune, plutôt mince et les yeux brillants. Je pourrais ne pas être très grande malgré mes talons. Je pourrais être recroquevillée sur moi même, introvertie, sans famille et sans amis. Et me faire manipuler pour enrichir des hommes qui ne pensent qu’à l’argent. Ils seraient en train de me détruire en me forçant a travailler comme prostituée au abords d' un abris bus où les bus ne s’arrête même pas.