1.Écoutez
bien, ne toussez pas et essayez de com-
prendre un peu. C’est ce que vous ne comprendrez pas qui est le plus beau,
c’est ce qui est le plus long qui est le plus intéressant et c’est ce que vous
ne trouverez pas amusant qui
est le plus drôle. ( L’Annoncier) Julia
2.Tout a expiré autour de moi, tout a été consommé sur cet étroit autel qu’encombrent les corps de mes sœurs l’une sur l’autre, la vendange sans doute ne pouvait se faire sans désordre, Mais tout, après un peu de mouvement, est rentré dans la grande paix paternelle.( Le Jésuite, frère de Rodrigue) Pauline
9. L’homme en qui je me reconnais et qui est fait pour me représenter n’est pas un sage et un juste, qu’on me donne un homme jaloux et avide!
Qu’ai-je à faire d’un homme raisonnable et juste, est-ce pour lui que je m’arracherai cette Amérique et ces Indes prodigieuses dans le soleil couchant, s’il ne l’aime de cet amour injuste et jaloux ?
Est-ce dans la raison et la justice qu’il épousera cette terre sauvage et cruelle, et qu’il la prendra toute glissante entre ses bras, pleine de refus et de poison ?
Je dis que c’est dans la patience et la passion et la bataille et la foi pure ! car quel homme sensé ne préférerait ce qu’il connaît à ce qu’il ne connaît pas et le champ de son père à cette pépinière chaotique ? ( Le Roi d’Espagne) Romane
10. Qu’est-ce que cette femme que vous aimez ? Au
dehors
cette bouche peinte comme avec un pinceau, ces yeux
plus beaux que s’ils étaient des boules de verre, ces membres exactement cousus
et ajustés ?
Mais au dedans c’est le chagrin des démons ; le ver, le feu, le vampire attaché à votre substance ! La matière de l’homme qui lui est entièrement soutirée et il ne reste plus qu’une forme brisée et détendue comme un corpuscule de cricri, horreur ! ( Le Chinois) Louna
11.Et crois-tu donc que ce soit son corps seul qui soit capable d’allumer dans le mien un tel désir ? Ce que j’aime, ce n’est point ce qui en elle est capable de se dissoudre et de m’échapper et d’être absent, et de cesser une fois de m’aimer, c’est ce qui est la cause d’elle-même, c’est cela qui produit la vie sous mes baisers et non la mort!
Si je lui apprends qu’elle n’est pas née pour mourir, si je lui demande son immortalité, cette étoile sans le savoir au fond d’elle-même qu’elle est,
Ah ! comment pourrait-elle me refuser ?
Ce n’est point ce qu’il y a en elle de trouble et de mêlé et d’incertain que je lui demande, ce qu’il y a d’inerte et de neutre et de périssable, C’est l’être tout nu, la vie pure,
C’est cet amour aussi fort que moi sous mon désir comme une grande flamme crue, comme un rire dans ma face ! ( Rodrigue) Marylou
Crois-tu donc que je vais l’endommager ? ce serait comme un pâtissier qui consommerait ses flans.
Je m’évapore à ses pieds dans le respect et
l’attendrissement !
Je souffle dessus pour enlever la poussière ! J’y jette un peu d’eau avec le bout des doigts ! Je l’époussète chaque matin avec un petit plumeau fait de duvet de colibri ! ( Le Sergent. Marcelline)
Ce cœur qui m’attendait, ah ! quelle joie pour moi de le remplir !
Et si parfois le matin le chant d’un seul oiseau suffit à éteindre en nous les feux de la vengeance et de la jalousie,
Que sera-ce de mon âme dans mon corps, mon âme à ces cordes ineffables unie en un concert que nul autre que lui n’a respiré ?
Il lui suffit de se taire pour que je chante !
Où il est je ne cesse d’être avec lui. C’est moi pendant qu’il travaille, le murmure de cette pieuse fontaine !
C’est moi le paisible tumulte du grand port dans la lumière de midi,
C’est moi mille villages de toutes parts dans les fruits qui n’ont plus rien à redouter du brigand et de l’exacteur,
C’est moi, petite, oui, cette joie stupide sur son vilain visage,
La justice dans son cœur, ce réjouissement sur sa face !( Musique. Prune)
Doña Merveille est dans cette forteresse et Don
Balthazar la défend et Don Pélage revient demain ou après-demain
et il enlève Doña Merveille en Afrique et Don
Rodrigue ne la reverra plus, tu tu tu ! Il ne la reverra pas, tralala! ( la Nègresse Jobarbara,) Emma
Regardez-la qui se démène au milieu des épines et des lianes entremêlées, glissant, rampant, se rattrapant, des ongles et des genoux essayant de gravir cette pente abrupte ! et ce qu’il y a dans ce cœur désespéré !
Qui prétend que les Anges ne peuvent pas pleurer ?
Est-ce que je ne suis pas une créature comme elle ? est-ce que les créatures de Dieu ne sont rattachées par aucun lien ?
Ce qu’ils appellent la souffrance, est-ce que cela se passe dans un monde à part et de tout le reste exclu ! est-ce qu’elle échappe à notre vision ?est-ce qu’elle est une chose agréable à contenir pour cet être qui embrasse son objet ? ( L'Ange gardien) Laura
Écoutez avec quelle horrible facilité elle parle de déposer cette âme qui ne lui appartient pas et qu’il a coûté tant de peine à faire et à racheter. ( L'ange. )Elise
Je ne parle pas pour moi, mais pourquoi faut-il toujours que je sois mêlé aux affaires d’amour des autres quand personne jamais ne s’intéresserait aux miennes ?
Supposons qu’on vous ait chargé de garder quelqu’un, oui, disons un grand criminel.
Et celui qu’elle aime, elle apprend qu’il se meurt et qu’il demande à la voir,
Est-ce que cela vous amuserait d’entendre ses larmes et ses supplications ? à quoi cela sert-il ? Est-ce que c’est honnête de me tourmenter ainsi? comme si j’étais libre moi-même de ne pas faire ce qui est écrit et que l’on m’a commandé ! ( Don Balthazard) Salomé
Amusez-vous à replacer vos répliques dans leur contexte en lisant la scène en entier.