Sur le site du théâtre des Lucioles
Pierre Maillet présentant la pièce
Pierre paolo pasolini la rage, l'oeil et la plume
Il y a de la nudité dans votre pièce, comment abordez-vous cela avec vos comédiens et dans votre œuvre en général ?
Il
y a beaucoup de bienveillance. Jamais je ne mettrais un acteur ou une
actrice en difficulté par rapport à ça. C’est quelque chose qui est
toujours décidé ensemble, au début, en accord avec la personne.
La
nudité, quand elle est présente dans mes spectacles, est un endroit de
liberté, d’émancipation. Elle raconte ce que c’est que d’être en accord
avec son corps, avec soi-même. C’est beau et drôle et simple d’être nu.
Souvent, ce que je n’aime pas dans le traitement de la nudité, c’est
qu’il y a quelque chose de provocant. Ça m’insupporte. On a un corps, on
est tous pareils. Pourquoi cela doit être lié à de la violence ? Je ne
le comprends pas et je suis même assez en colère contre cette idée.
C’est donc une chose qui m’intéresse beaucoup au théâtre. Je sens que
les gens sont de plus en plus puritain par rapport à cela ; mais aussi
parce qu’on leur montre ça d’une façon qui n’est pas juste. C’est pour
ça que la nudité devient presque politique dans mes spectacles. Elle
n’est pas gratuite, elle est même importante, elle est tout sauf
anecdotique. Ainsi, j’aime qu’elle soit là comme quelque chose de
normal, ou que ça crée de l’humour, comme dans Théorème(s).
La compagnie à laquelle appartient Pierre Maillet- il en est même l'un des fondateurs- s'appelle Les Lucioles , en mémoire d'un texte de Pasolini:
Quelques mois avant sa mort, le 1er février 1975, dans le Corriere, Pier Paolo Pasolini publie L’article des Lucioles . Ce texte désormais célèbre est teinté d’une introspection quasi testamentaire qui trouve écho à la lettre à son ami Franco Farolfi du groupe littéraire Eredi, formé quand il vivait à Bologne 25 ans plus tôt : « Au début des années 60, à cause de la pollution atmosphérique, et surtout, à la campagne, à cause de la pollution de l’eau (fleuves d’azur et canaux limpides), les lucioles ont commencé à disparaître.Cela a été un phénomène foudroyant et fulgurant. Après quelques années, il n’y avait plus de lucioles. (Aujourd’hui, c’est un souvenir quelque peu poignant du passé : un homme de naguère qui a un tel souvenir ne peut se retrouver jeune dans les nouveaux jeunes, et ne peut donc plus avoir les beaux regrets d’autrefois.) Ce « quelque chose » qui est intervenu il y a une dizaine d’années, nous l’appellerons donc la « disparition des lucioles ».
Traduction de l'article des Lucioles
Emission Hors champ: hommage à Pasolini (Laure Adler)