jeudi 24 février 2022

Terminales Huits heures ne font pas un jour de Fassbinder par Julie Deliquet ( Attention: 3H avec entracte)

 Présentation de la pièce par Julie Déliquet

Emission sur RDL par mon collègue Francis Fischer 

Bande annonce de la série originale de fassbinder 

 

La force du collectif

1970. Les Krüger-Epp sont une famille typique de la classe ouvrière allemande. Jochen, le petit-fils, ouvrier toujours prêt à lutter pour plus de justice sociale, rencontre Marion, une jeune femme moderne et émancipée qui travaille dans un journal local. Ce sera, entre ces deux-là, le début d’une grande histoire d’amour… Une série familiale et ouvrière, pure étincelle d’utopie.

Huit heures ne font pas un jour est ce que l’on appelle aujourd’hui une minisérie, en cinq épisodes, diffusée d’octobre 1972 à mars 1973 en Italie. Inédite en France, jamais représentée mondialement au théâtre à ce jour, elle apparaît comme une œuvre très personnelle, rare, affichant une tonalité surprenante pour Fassbinder : celle de l’espoir et de la joie ! Exempte de tout misérabilisme, cette fresque prolétaire met en scène la défense ouvrière, l’émancipation féminine ou encore la dignité du troisième âge. Fassbinder fait ainsi le pari de la lutte heureuse. Sur le plateau, la traversée d’une génération, celle des années 70 avec ce qu’elle véhicule d’imaginaire, de codes vestimentaires, de formidables quêtes… Au sein de la Compagnie In Vitro, la partition de chacun dépend de celle des autres. L’acteur y a une place centrale où il est non seulement interprète, mais aussi auteur et créateur. Julie Deliquet travaille avec sa troupe à représenter la vie sur scène et elle y parvient, ô combien ! Nous voici à observer pleinement l’humain et donc pleinement le monde. Une performance unique.

 

 

Interview de certains acteurs

Qui est Fassbinder? 

Metteur en scène, réalisateur, acteur et écrivain, Rainer Werner Fassbinder (1945- 1982) laisse une oeuvre considérable. Surtout reconnu pour son travail de réalisateur pour le cinéma et la télévision, Fassbinder était aussi un passionné de théâtre.

Après son premier court-métrage (Le clochard, 1965) il intègre une troupe de théâtre expérimental, l’Action Theater dont il prend la direction, écrit et met en scène ses premières pièces de théâtre. En mai 1968, l'Action-Theater est dissous. Fassbinder fonde l'antitheater avec plusieurs membres de l'ancien groupe.

Fonctionnant comme un mini-studio, le groupe, qui travaille à certaines périodes exclusivement avec lui sur scène comme au cinéma, lui permet d'enchaîner les projets. En l'espace de trois ou quatre ans, Fassbinder devient l'un des cinéastes les plus créatifs du Nouveau Cinéma allemand, que le manifeste d'Oberhausen avait fait naître en 1962 dans le sillon des nouvelles vagues, aux côtés de Schlöndorff, Schroeter, Herzog, Kluge, von Trotta, Wenders, Syberberg.

De 1978 à 1982, il tourna des films qui connurent le plus grand succès : Le mariage de Maria Braun en 1978, Lola, une femme allemande en 1981 et Le secret de Veronika Voss en 1982 qui obtint l’Ours d’or au festival de Berlin.

Le sujet de ses films, la société allemande et ses pires travers, son traitement des personnages et des situations, lucide et caustique, ses audaces formelles héritées ou suscitées par des modèles avérés, librement pillés (Nouvelle Vague française, films de gangsters hollywoodiens, mélodrames de Douglas Sirk, films de la UFA avantguerre, cinéma pornographique allemand des années 1960), lui valent souvent l'incompréhension, parfois l'hostilité de ses compatriotes. Il reste pourtant en Allemagne, travaillant jusqu'au bout, jusqu'à l'épuisement, à dessiner un portrait idéologique et social sans concession de son pays et de son histoire, y compris immédiate (reconstruction, miracle économique, terrorisme), à décrire ce qui a précédé/engendré, accompagné/ nourri, suivi/survécu à l'horreur nazie.

Par delà l'histoire allemande, Fassbinder a étudié la permanence d'une idéologie dominante nourrie d'injustices : les rapports dominant/dominé, le cynisme et l'hypocrisie sur lesquels reposent la société et qui, trop souvent, règlent le désir entre individus. Témoin d'une lucidité incommodante sur les hommes et leur commerce, il a beaucoup choqué.

Le théâtre de Fassbinder

1965-1966 - Gouttes d'eau sur pierres brûlantes, montée par Klaus Weiße. TheaterFestival, Munich, 1985.

1966 - Qu'une tranche de pain, montée par Georg Schuchter, Volkstheater Wien/ Bregenzer Festspiele, 1995.

1968 - Axel Caesar Haarmann, montée par l'auteur et l’Action-Theater, Munich.

1968 - Le Bouc, montée par Peer Raben et l'auteur, Action-Theater, Munich.

1968 - Chung, montée par l'auteur et l’Action-Theater, Munich.

1968 - Orgie Ubuh, de Rainer Werner Fassbinder et Peer Raben, d’après la pièce Ubu Roi d'Alfred Jarry, montée par l'auteur; Antiteater, Munich.

1968 - Iphigénie en Tauride, d'après la pièce de Goethe, montée par l'auteur, Antiteater, Munich.

1968 - Ajax, d’après la pièce de Sophocle, montée par l'auteur, Antiteater, Munich.

1968 - Le Soldat américain, montée par l'auteur et Peer Raben, Antiteater, Munich.

1969 - L'Opéra de gueux, d’après la pièce de John Gay, montée par l'auteur; Antiteater, Munich.

1969 - Preparadise Sorry Now, montée par Peer Raben, Antiteater, Munich.

1969 - Anarchie en Bavière, montée par l'auteur et Peer Raben, Antiteater au Werkraumtheater des Kammerspiele, Munich.

1969 - Gewidmet Rosa von Praunheim, montée par l'auteur, Antiteater, Munich.

1969 - Le Café, d’après la pièce de Carlo Goldoni, montée par l'auteur et Peer Raben, Theater der Freien Hansestadt Bremen.

1969 - Loup-garou, de Rainer Werner Fassbinder et Harry Baer, montée par Rainer Werner Fassbinder, Antiteater au Berliner Forum Theater.

1970 - Le Village en flammes, d’après la pièce de Lope de Vega, montée par Peer Raben, Theater der Freien Hansestadt Bremen.

1971 - Du sang sur le cou du chat, montée par Rainer Werner Fassbinder et Peer Raben, Antiteater aux Städtischen Bühnen Nürnberg.

1971 - Les Larmes amères de Petra von Kant, montée par Peer Raben, Landes theater Darmstadt.

1971 - Liberté à Brême, montée par l'auteur, Theater Bremen, Concordia.

1973 - Bibi, montée par l'auteur, d’après la pièce de Heinrich Mann, Theater Bochum.

1976 - L'Ordure, la ville et la mort, pièce posthume, montée en 1987 à New York par Nick Fracaro. Cette pièce a été adaptée au cinéma par Daniel Schmid avec le film : L'Ombre des Anges, dans lequel Fassbinder tient un rôle.

Dossier de présentation et de presse 

Prenez vos dispositions la pièce dure 3h donc de 19h à 22h