Durée de l’action. Elle ne dure pas plus de vingt quatre heures, du matin où Arnolphe annonce à Chrysalde son mariage jusqu’au matin suivant où
les pères concluent le mariage des jeunes gens.
Les véritables actions se passent entre les actes : pierre jetée avec la lettre attachée, irruption d’Arnolphe dans la chambre d’Agnès dont il ressort fou d’amour, fausse mort d’Horace, enlèvement d’Agnès, autant d’événements que le spectateur apprendra par les récits des protagonistes.
Ainsi la règle classique de l’unité de temps est observée, premier indice de la volonté de Molière d’écrire une " grande comédie " (+l’utilisation de l’alexandrin.)
Le lieu traditionnel de la comédie, la place, est respecté dans son unité. Cependant il faut parler de lieux pluriels dans L’Ecole des femmes en remarquant tout d’abord que la présence du hors scène est inscrite dans la texte même, que ce hors scène est constitué de la ville au-delà de place dans laquelle Arnolphe cherche Horace entre l’acte I et l’acte II, de l’intérieur des deux maisons d’Arnolphe.
La fable de L’Ecole des femmes pourrait se raconter par la simple mention des allées et venues des personnages entre l’intérieur et l’extérieur, l’extérieur et l’intérieur. En I. 3, Arnolphe fait descendre Agnès, puis la fait remonter dans sa chambre ; en II. 2, il monte chez Agnès et revient avec elle ; à l’acte III Arnolphe s’installe dehors " au frais " pour lui faire la leçon sur ses devoirs de future épousée puis lui ordonne de rentrer ; entre l’acte III et IV Arnolphe monte chez Agnès où se trouve déjà Horace enfermé dans une armoire. Entre IV et V, Horace, cherchant à gagner l’intérieur de la maison, est refoulé ; Agnès sort le rejoindre et à l’acte V, il la remet entre les mains d’Arnolphe qui, tout en lui promettant le " cul d’un couvent ", l’enferme dans sa propre chambre dans l’autre maison d’où elle ne ressortira que lorsqu’il la fera quérir pour l’emmener dans la retraite promise.
L’espace et le jeu permanent entre l’intérieur et l’extérieur qu’il induit, racontent une imposture,figurée par la double maison et la conquête de la liberté qui est l’histoire d’Agnès.
La structure: si les actions se passent hors scène, ce sont les récits, et dans une moindre mesure, les apartés et les monologues qui en constituent la dramaturgie
Le reproche d’avoir écrit une comédie tout en récits est le principal reproche des détracteurs de Molière au cours de la querelle de L’Ecole des Femmes. Il leur répondra essentiellement dans la scène 6 de La Critique de L’Ecole des Femmes, protestant que dans sa pièce les récits sont des actions. En effet, " ces innocents récits font entrer Arnolphe dans une confusion propre à réjouir les
spectateurs " et l’amènent à prendre de nouvelles mesures pour se prémunir.
CF Lessing dans La Dramaturgie de Hambourg à propos de L’Ecole des Femmes : " Il s’agit bien moins des faits qui sont rapportés que de l’impression qu’ils font sur le vieillard trompé quand il les apprend. C’était surtout les travers de ce vieillard que Molière voulait représenter; il faut donc que nous voyions comment il se comporte en présence du malheur qui le menace, et c’est ce que nous
n’aurions pas vu aussi bien si le poète avait mis sous les yeux les choses qu’il met en récit et en récit celles qu’il met sous les yeux. "
d'après https://www.pedagogie.ac-aix-marseille.fr/upload/docs/application/pdf/2011-07/ecole-des-femmes.pdf (vous pourrez y lire aussi ce qui est dit des personnages)