« Les qualités premières d’un grand comédien ? Moi, je lui veux beaucoup de jugement. Par conséquent, j’en exige nulle sensibilité. »
Emission de radio sur Diderot et le paradoxe sur le comédien
Diderot s’intéresse à l’acteur avec son Paradoxe sur le comédien (1769-1773) et brûle ce qu’il avait adoré dans son Discours sur la poésie dramatique , notamment la théorie de la représentation réaliste. Il reconnaît la nécessité de styliser le vrai. Un trait de réalisme permet l’effet de proximité.
La passion et la froideur : selon Diderot, le comédien suit un processus en 3 parties pour incarner son
personnage :
- observation de la réalité
- de ces observations, données, il tire une ébauche de son personnage
- il l’interprète sur scène
C’est la même démarche que celle du dramaturge qui prend ça et là des éléments à la réalité pour les recombiner ensuite. Le comédien suit ce processus : observation, abstraction, amplification. Soit il procède par un travail d’analyse soit par sensibilité, génie et c’est alors inconstant.
Méthode de Diderot: la maîtrise de soi, une gestion de la sensibilité, il lui faut un regard froid pour jouer « de réflexion » et non pas que «d’âme » .
La sensibilité seule est incompatible avec l’art du grand acteur.
L’imitation ne suffit pas, il faut une stylisation.
Selon Diderot, « le grand comédien observe les phénomènes ; l’homme sensible lui sert de modèle, il le médite, et trouve, de réflexion, ce qu’il faut ajouter ou retrancher pour le mieux. » Le grand acteur a un modèle qu’il copie et reproduit. Paradoxalement, le grand acteur est celui qui joue de sang-froid et non de sensibilité. En s’identifiant à son personnage, l’homme sensible s’épuise et il devient médiocre.