Des femmes au salon ( Arte)
Centré sur cinq d’entre elles, ce documentaire rend hommage aux femmes fortunées qui, sous l’Ancien Régime, ont promu savants et artistes, et ouvert la voie à l’émancipation féminine à travers leur indépendance intellectuelle.
Le 22 janvier 1981, Marguerite Yourcenar fait son entrée à l’Académie française "accompagnée d’une troupe invisible de femmes qui auraient dû recevoir beaucoup plus tôt cet honneur". La première "immortelle" de l’histoire rend ainsi hommage aux oubliées qui, sous l’Ancien Régime, notamment, ont favorisé la carrière d’une foule d’écrivains, de philosophes et de savants.
La première d’entre
elles, Catherine de Rambouillet, fuit la cour d’Henri IV pour réunir
dans son hôtel particulier une société raffinée, entre conversations
diurnes de ruelle – l’espace entre le mur et le lit, sur lequel trône la
maîtresse de maison – et soirées dédiées aux arts. Une habituée des
lieux, Madeleine de Scudéry, reçoit à son tour le samedi et devient
l’ambassadrice de la préciosité, en signant de nombreux romans sous le
nom de son frère académicien, Georges. Disparues à l’apogée de
l’absolutisme, les ruelles renaissent après la mort du Roi-Soleil. Mme
de Lambert tient alors le premier salon de l’histoire, antichambre des
Lumières, et inaugure un âge d’or des sociétés savantes. Plus tard, à
l’aube de la Révolution, la bourgeoise Marie-Thérèse Geoffrin et la
noble Marie du Deffand, ennemies jurées, joueront de leur intelligence
et de leurs deniers pour attirer les esprits les plus brillants, à
l’instar de d’Alembert, qui a codirigé la rédaction de l’Encyclopédie, ou du mathématicien Nicolas de Condorcet, apôtre de l’égalité des sexes, qui ouvrira un salon avec son épouse Sophie.
"Armée des ombres"
Des origines de l’émancipation féminine à sa pleine expression au siècle
des Lumières – stoppée, paradoxalement, durant la Révolution, puis avec
le Code Napoléon –, ce documentaire illustré de peintures, gravures et
d’extraits de films muets retrace l’histoire de cette "armée des ombres"
en se focalisant sur cinq femmes d’exception qui ont remporté une
première victoire fondamentale : celle de l’indépendance
intellectuelle.