vendredi 11 novembre 2022

La Chanson Im a dog ( mise en scène Thomas Jolly) et le lien avec le public ( retour sur le cours du jeudi avant les vacances)

 Les paroles de cette chanson qui vient clore la première partie du spectacle (fin de l’acte III) sont tirées de
différentes scènes qui précèdent. Ainsi « to take is not to give » est une phrase prononcée par lady Anne quand
elle tombe sous le charme de Richard au début de l’acte I, les questions que Richard III prononce après avoir
interpellé le public par ces mots en le pointant du doigt : « You choose me as your king, I have some questions » (All
seeing heaven, what a world is this? Who is so gross that cannot see this, palpable device? Yet who so bold but says he
sees is not? Bad is the world and all will come to nought) sont celles posées au public lors de la scène du greffier.

 
En pleine interprétation, la musique s’arrête brusquement et Richard demande au public, qui approuve
bruyamment « Are you still with me? », avant de reprendre, puis à nouveau il s’interrompt pour inviter le
public, qui rythme la musique de ses applaudissements, à reprendre le refrain avec lui.

 
À la fin de la chanson, un personnage à moitié nu, à tête de sanglier, symbole de Richard, vient à l’avant-
scène, se tourne dos au public à qui il montre ostensiblement son fessier avant de lui faire des doigts
d’honneur. Ainsi le public est-il renvoyé à sa complicité coupable dans l’ascension de Richard au trône,
et le peuple – rôle que la mise en scène de Thomas Jolly a fait jouer aux spectateurs –, à l’accession d’un
homme au pouvoir dont il sera au final la victime.

 
Cependant, de même que son emprise sur les hommes et les femmes se perd peu à peu une fois qu’il est roi,
de même le caractère privilégié de son lien avec le public finit par être remis en question par les choix mêmes
de mise en scène.

 L’analyse des relations établies avec le public lors de l’acte V est à cet égard éclairante :
c’est directement au public que Richmond, alors seul en scène, s’adresse quand il apparaît à l’acte V avec
ces mots : « Compagnons d’armes, et mes très dévoués amis, meurtris sous le joug de la tyrannie 9 ». C’est
encore au public qu’il déclare au moment de lancer la bataille : « (...) Bien-aimés compatriotes, souvenez-
vous de ceci : Dieu et notre bon droit combattent à nos côtés. » Et si Richard enchaîne en apostrophant ainsi
directement les spectateurs : « N’oubliez pas qui vous devez affronter : une horde de vagabonds, de crapules
et de pleutres, écume de Bretons, misérables bouseux », c’est vers le public que Richmond, après la mort de
Richard, se tourne une dernière fois pour dire « À présent nos blessures civiles sont fermées, la paix revit ».