lundi 30 janvier 2023

Personnage de Rodrigue : proposition d'Elise Villemin avec un petit complément)

 

Construction personnage : Rodrigue

 
Rodrigue de son nom complet Don Rodrigue de Manacor, son prénom vient du mot grec « rodone »qui veut dire rose. ( Etymologie signalée par Vitez dans son Journal) La rose symbolise l’amour, elle a des épines qui blessent, ce qui rappelle son amour impossible pour Prouhèze et fondé sur la souffrance.(Ce nom inscrit aussi le souvenir de Rosalie Vetch à même le nom du protagoniste) 

Rodrigue est un conquistador espagnol  qui devient envoyé du roi en Amérique et vice-roi des Indes.

Il a un frère qui est le père jésuite du début de la pièce. ( Ce qu’il dit de lui  est important et donne des clés pour le comprendre alors qu'il n'apparaîtra qu'à la scène 7 de la première journée: il a renoncé au noviciat à cause d'une femme qui le mènera à Dieu par d'autres voies. Cf exergue Dieu écrit avec des lignes courbes et etiam peccata( même le péché)

Le Jésuite sur Rodrigue :

Mon Dieu, je Vous prie pour mon frère Rodrigue !
Mon Dieu, je Vous supplie pour mon fils Rodrigue !
Je n’ai pas d’autre enfant, ô mon Dieu, et lui sait bien
qu’il n’aura pas d’autre frère.
Vous le voyez qui d’abord s’était engagé sur mes pas
sous l’étendard qui porte Votre monogramme, et maintenant
sans doute parce qu’il a quitté Votre noviciat il se figure qu’il
Vous tourne le dos,
Son affaire à ce qu’il imagine n’étant pas d’attendre,
mais de conquérir et de posséder
Ce qu’il peut, comme s’il y avait rien qui ne Vous appar-
tînt et comme s’il pouvait être ailleurs que là où Vous êtes.
Mais, Seigneur, il n’est pas si facile de Vous échapper, et
s’il ne va pas à Vous par ce qu’il a de clair, qu’il y aille par ce
qu’il a d’obscur ; et par ce qu’il a de direct, qu’il y aille par ce
qu’il a d’indirect ; et par ce qu’il a de simple,
Qu’il y aille par ce qu’il a en lui de nombreux, et de labo-
rieux et d’entremêlé,
Et s’il désire le mal, que ce soit un tel mal qu’il ne soit
compatible qu’avec le bien,
Et s’il désire le désordre, un tel désordre qu’il implique
l’ébranlement et la fissure de ces murailles autour de lui qui
lui barraient le salut,


Je dis à lui et à cette multitude avec lui qu’il implique
obscurément.

Apprenez-lui que Vous n’êtes pas le seul à pouvoir être
absent ! Liez-le par le poids de cet autre être sans lui si beau
qui l’appelle à travers l’intervalle !
Faites de lui un homme blessé parce qu’une fois en cette
vie il a vu la figure d’un ange !
Remplissez ces amants d’un tel désir qu’il implique à
l’exclusion de leur présence dans le hasard journalier
L’intégrité primitive et leur essence même telle que Dieu
les a conçus autrefois dans un rapport inextinguible !
Et ce qu’il essayera de dire misérablement sur la terre, je
suis là pour le traduire dans le Ciel.

 et sa mère qui est mentionnée par l’Irrépressible qui l’appelle Doña Honoria.

Rodrigue est représenté vêtu d’un habit de conquistador avec une plume rouge sur son chapeau.
Donc on peut en dire qu’il a une posture assez droite, ouverte et qu’il est brave, désireux de puissance et passionné. Le chancelier le décrit comme quelqu’un de pas très obéissant mais avec une étoffe de roi. Il est aussi admiré par des cavaliers qui le décrivent comme toujours juste. On sait aussi qu’il est croyant, il essaye même de convertir le Chinois. Cf la première scène où il apparaît dans la pièce scène 7 Première journée.

Dans la scène 8 de la deuxième journée, on comprend que Rodrigue est en manque, il est cru quand il parle de son désir pour Prouhèze. Il ne veut pas que l’âme de Prouhèze mais son corps aussi.Il se montre jaloux de Camille qu’elle a rejoint sur ordre du Roi à Mogador.

 C’est seulement dans la troisième journée, quand Prouhèze va mourir qu’il comprend que seule l’âme suffit car elle est éternelle comme leur amour.
Ce personnage est central, lui et Prouhèze forment le couple qui est au centre de l’intrigue. Le but de Rodrigue n’est plus de conquérir le monde pour dieu mais pour Prouhèze.
Dans la scène 8, deuxième journée, Rodrigue se plaint de sa situation au capitaine car ils sont juste devant Mogador mais ne peuvent pas avancer. Ce qu’il veut à ce moment-là est  récupérer Prouhèze avec l’ordre qu’a fait le roi. Sa motivation est remplie de désir physique. Il passe par plein d’émotions dans une seule scène, du désespoir au désir, en passant par la colère et la jalousie, le désir de s’avilir lui-même en comparant son sort à ceux de tous les hommes trahis en amour.

Complément :

  Rodrigue

Avant le début de la pièce, le hasard a jeté, à la suite d’un naufrage, le jeune Don Rodrigue de Manacor sur la côte africaine ; le premier visage qui s’est offert à lui lorsqu’il a ouvert les yeux a été celui de Doña Prouhèze, l’épouse de Don Pélage, gouverneur général des Présides. Un amour absolu est né entre les deux jeunes gens.

Rodrigue a envoyé une lettre avec un rendez-vous à Prouhèze. Mais le rendez-vous n’aura pas lieu car, dans la nuit, sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle, Rodrigue a été blessé par de faux pèlerins dans le désert de Castille, il a par hasard tué l’amant d’une certaine Dona Isabelle,  et est transporté mourant dans le château de sa mère Doña Honoria. Prouhèze est venue chez Dona Honoria mais n’a pas vu le blessé.

2ème Journée

A peine rétabli,il  prend la mer dans le sillon du bateau de la jeune femme. Le roi l’a chargé de porter une lettre au nouveau commandeur de Mogador…

3ème Journée

Don Rodrigue, désormais vice-roi des Indes occidentales, mène dans son palais délabré de Panama une vie amère, entouré d’une cour sans faste ni gaieté. Sa maîtresse, Doña Isabel complote pour écarter cet amant qui ne l’aime pas et voir passer le pouvoir dans les mains de son mari Don Ramire.

La lettre que lui avait envoyée Prouhèze et qui erre depuis 10 ans va lui être remise par Dona Isabel qui veut l’éloigner de Panama pour que son mari puisse prendre le pouvoir. Rodrigue part pour Mogador afin de délivrer Prouhèze de Camille. En réalité, la délivrance de Prouhèze, son Ange Gardien vient le lui annoncer dans la nuit, ce sera la mort.

4ème Journée

Quelque dix années plus tard sur la mer, à large des îles Baléares, tout un monde de pêcheurs, de matelots, de conquistadors épuisés, de courtisans aussi ridicules qu’obséquieux.

Frappé de disgrâce pour avoir abandonné l’Amérique, Don Rodrigue, vieilli, ayant perdu une jambe en combattant les Japonais, gagne sa vie en peignant des « feuilles de saints », grossières images pieuses vendues aux matelots qu’il croise.

Doña Sept-Épées, sa fille spirituelle, essaie de réveiller l’esprit d’aventure du vieux conquistador et l’entraîner avec elle ainsi que sa fidèle amie, la Bouchère, à l’assaut des places fortes de Barbarie pour délivrer les chrétiens des bagnes d’Afrique du nord. Mais Rodrigue est bien davantage sensible à une autre voix féminine, celle d’une fausse Marie Stuart, une comédienne envoyée par le Roi d’Espagne qui rêve d’humilier Rodrigue dont le vieux rafiot offusque sur la mer la majesté de la cour flottante. Elle a pour mission de l’engager à venir gouverner avec elle l’Angleterre alors même que l’Espagne vient de voir tous ses rêves de gloire et de puissance anéantis par la terrible défaite de l’Invincible Armada

Convoqué devant le Roi, Rodrigue s’enflamme imprudemment en de grands et généreux projets. Il est aussitôt arrêté pour haute trahison et vendu comme esclave. C’est une vieille sœur glaneuse qui le prendra avec une brassée de vieux vêtements et d’objets hétéroclites, vieux drapeaux et pots cassés, au moment même où l’on entend des trompettes et un coup de canon dans le lointain qui annonce que Marie des Sept-Épées vient d’atteindre le bateau de celui qu’elle aime, Jean d’Autriche, le futur vainqueur de Lépante.