Gisèle Vienne sur France Inter pour Extra Life

 Emission Le Grand canal sur Gièsle Vienne à propos d'Extra life en complément de vos "traces" et "analyses.

Gisèle Vienne est metteure en scène et chorégraphe, elle fonde sa compagnie en 1999. Ses créations sont singulières, hypnotiques, et plongent le spectateur dans le psychisme des personnages. Gisèle Vienne présente sa dernière création, "Extra life", à la MC93 de Bobigny.

Avec Gisèle Vienne Chorégraphe, plasticienne et metteuse en scène

Artiste, metteure en scène et chorégraphe, Gisèle Vienne conçoit des créations hypnotiques et troublantes dans lesquelles elle donne accès à plusieurs niveaux de perception. Elle y fait plonger le spectateur dans le psychisme de ses personnages. Ses mises en scène sensorielles explorent l'empreinte de la violence, des pulsions, du désir et du traumatisme dans l'intériorité des individus. Les états second, "presque tertiaire", précise Eva Bester qui l'interroge, y sont fréquents. Gisèle Vienne effectue un travail de quasi-sculpture sur la lumière et l'atmosphère.

Sa dernière création, "Extra Life", explore les retrouvailles d’une sœur et d'un frère après une nuit de fête

Un geste théâtral qui figure l'indicible où des corps rendent visibles leurs langages dans une douleur désorientée. Gisèle Vienne a choisi ce titre dans le sens de "c'est la vie en plus", un peu l'extra-balle du flipper. "C'est comme une espèce de bonus dans le jeu vidéo traité dans la pièce, qui fait partie des comportements obsessionnels du frère Félix." Il s'agit également de la vie en plus possible après un événement post-traumatique, et de comment arriver à construire la vie avec de l'espoir pour aller à l'encontre du traumatisme laissé. 
La chorégraphe cite aussi une violence arrangeante en désignant la victime montrable et acceptée, celle qui sera une bonne victime parce qu'anéantie, "alors qu'on peut être des victimes, et à la fois avoir été anéanties mais être en mesure de se reconstruire, et d'avoir une force créative, intellectuelle, sensible, extraordinaire." C'est cette vie-là, cette vie en plus que Gisèle Vienne explore dans Extra Life.

Le spectacle est également inspiré du livre de la philosophe Elsa Dorlin, Se défendre, une philosophie de la violence. À noter que l'ouvrage a été couronné meilleur livre de philosophie de l'année aux États-Unis. La philosophe est aux yeux de Gisèle Vienne l'une des plus grandes en France. "Elle interroge la notion de violence et la question de sa perception " de celle-ci. Qu'est-ce que l'être et le corps considèrent comme violent ? Que nomme-t-on "violent", afin de pouvoir ensuite savoir quoi nommer et considérer comme "légitime défense", et quand y accéder.

La philosophe aborde ainsi les violences policières, et plus largement les violences d'État. La chorégraphe s'intéresse particulièrement à cela au travers de ses recherches sur ce qui nous défini. Comment construisons-nous nos personnes et nos vies en fonction de l'environnement autour de chacun, et ainsi des dominances induites en fonction "des cadres perceptifs" ? L'ouvrage de la philosophe Elsa Dorlin est pour Gisèle Vienne "un livre majeur qui questionne et qui interroge littéralement la notion de violence, de légitime défense, et qui va beaucoup parler d'auto-défense".

Écoutez la chorégraphe Gisèle Vienne évoquer son travail, son sens et ses inspirations au micro d'Éva Bester.

Le spectacle Extra Life de Gisèle Vienne réunit Adèle Haenel, Théo Livset et Katia Petrovic, de nouveaux autour de la metteure en scène. Il est visible à Chaillot hors les murs à la MC93 à Bobigny jusqu’au 17 décembre dans le cadre du Festival d’Automne, et en tournée en 2024 à Madrid (ES), Douai, Grenoble, Genève (CH) et au Havre.