mercredi 10 avril 2024

Terminales Cours du mercredi 10 avril: Le personnage du médecin Henry Dans Angels in America

Réflexion sur le costume au théâtre: chacun note dans le carnet de création sa réflexion sur le costume et l'importance qu'il a pour Dominique Blanc

 

 Michel Vuillermoz (Roy Cohn) et Dominique Blanc (Henry).

acte I, scène 9. Le médecin

L’ouverture de la scène installe Dominique Blanc face au miroir d’une loge de théâtre. Ce moment est absent de la mise en scène du spectacle et n’est qu’un effet voulu pour la réalisation d’Angels – Salle Escande.

La comédienne enfile sa perruque, ses lunettes, comme pour achever la silhouette de son personnage avant de jouer alors que la scène a déjà commencé. Le miroir permet d’avoir dans un même cadre l’expression entière du visage d’Henry, et Roy Cohn au lointain en train de se rhabiller.

D’un point de vue dramaturgique, cela produit un double jeu d’apparence car, si Dominique Blanc parachève son personnage devant le miroir, Roy Cohn, lui, après avoir dévoilé l’intimité de sa maladie, redevient le personnage fabriqué qu’il présente au monde. C’est Roy Cohn le comédien, l’affabulateur, celui qui se cache sous un personnage. Comme il le dira au médecin : « Ce que je suis est entièrement contenu par qui je suis » – et qui est-il sinon le mensonge qu’il a imposé aux autres ?
 Le miroir de loge remobilise la théâtralité du projet ; il l’exhibe par ce changement à vue, tout en valorisant la performance de la comédienne rencontrée précédemment dans le rôle du rabbin. Par ailleurs, il permet l’exploitation de la profondeur de champ – ressource cinématographique assumée depuis Orson Welles. Lorsqu’on observe le raccord entre les deux premiers plans (sur Roy Cohn remontant sa braguette), le miroir a disparu, comme n’appartenant plus à la réalité de la scène mais bien plutôt – selon l’usage naturel d’une loge – aux coulisses de celle-ci.

( La scène de la loge peut renvoyer à une esthétique brechtienne: la théâtralité est exhibée. Elle fait écho pour nous à la scène de la loge ouverte aux quatre vents du spectacle Anaïs Nin au miroir. Elle renvoie également à tout ce que dit Dominique Blanc dans Chantier Je, du "guignol" qui lui servait de lieu d'habillage pour les nombreux rôles qu'elle endosse dans Angels in America et que nous avons relu en cours.)

Sur le costume du médecin, on se rapportera aux propos de Dominique Blanc dans Chantiers, je (p. 138-139), notamment le rôle des lunettes qui l’ont aidée à construire le personnage.

Décor: miroir de loge, lit en profondeur de champ, Roy Con qui se rhabille après l'examen médical, restriction de champ sur la table à la quelle les deux personnages peuvent s'assoir, éléments de la salle de répétition parfois visibles dans le champ. ( mannequin de couture avec costumes, bric à brac etc)

Jeu très sobre du médecin incarné par Dominique Blanc, voix très différente du rabbin, très technique pour établir le diagnostic,souvenir du père médecin de Dominique Blanc, dans l'affrontement avec Roy Con, refus de le traité d'homosexuel, difficulté à le regarder, exaspération devant le déni de ce dernier, en même temps, forme d'admiration devant la façon dont Roy Con retrouve son personnage de dominant, après un bref effondrement.

La théorie de Roy Con:  si on est puissant, si on a du pouvoir on n'est pas un homosexuel puisque ces derniers ne possèdent aucun pouvoir en leur nom propre, ils n'ont pas réussi à faire changer les lois discriminantes alors que Roy Con côtoie le président et sa femme

"un hétéro qui s'éclate avec des hommes" Pas le sida mais un cancer du foie.Mensonges pour sauver les apparences, personnage social qui masque la vérité de l'être.

jeu très réaliste de Dominique Blanc, émotions qui se traduit dans une gestuelle: frottement de la cuisse, manipulation du stylo etc

Reste très professionnel, pas de traitement si in parle de cancer du foie, liste très restreinte de patients qui peuvent bénéficier du traitement, gravité de la situation affirmée.

Analyse de Roy Con par  Arnaud Desplechin, Lettre aux acteurs:
Roy Cohn c’est une lumière sombre. C’est un méchant hors pair. Avec l’écriture de Kushner, Roy s’est hissé au rang d’un
Richard III. Qu’est-ce qui le sauve ? D’abord Roy Cohn ne demande pas à être sauvé. Il ne demande rien ; il agrippe ce qu’il veut
saisir. Cette figure du mal c’est l’Amérique. Pourquoi je sais l’aimer au-delà de mon effroi ? Pourquoi me fait-il rire ? Parce que
Roy Cohn est formidablement insolent. Parce qu’il affronte tous les interdits, les silences. Roy ne cesse de transgresser, il est
amoureux de la transgression. Juif et antisémite, homosexuel et homophobe, follement anticommuniste, comme une haine
enfantine, il n’en revient pas de transgresser autant ! Jusqu’à la fin, aux enfers, il défie encore. Roy n’a pas besoin de mes
commentaires. Il fascine, il est un animal de théâtre.

Une pièce sur le sida:

« on est en 1986 et il y a une épidémie de peste » (P, II, 2)
Le drame du sida
L’un des thèmes centraux de la pièce est évidemment celui de l’apparition du sida dans les années 1980 aux États-Unis, intimement lié dans cette décennie à celui de l’homosexualité encore majoritairement tabou malgré les avancées sociales des années 1970.

Évocation très concrète et précise de la maladie par le médecin.

À cause de l’apparition du sida, « l’homosexualité est redevenue une infâmie dont la mort est la rétribution normale », comme le dit Jean-Paul Aron. Cet opprobre va néanmoins renforcer les luttes pour les
droits des LGBT.Le personnage de Prior est un battant.