Copie de Flavie
La Tragédie de Richard III est une pièce écrite par Shakespeare en 1597. Elle fait partie de la tétralogie qui se compose également des trois pièces d’Henry VI. Faisant partie des pièces historiques de Shakespeare, elles retracent la guerre de cent ans qui se transforme en une guerre civile entre deux familles rivales les York et les Lancastre pour accéder au trône, c’est la guerre des deux Roses. Dans Richard III la guerre est terminée et ce sont le syork qui sont au pouvoir avec le Roi Edouard Iv, le frère de Richard. Mais cela ne satisfait pas ce dernier qui veut le trône pour y engendrer sa propre lignée. On suit alors le personnage quand il n’est encore que Gloucester jusqu’au moment où il devient roi dans les complots, les manigances et les meurtres. Richard se comporte souvent comme un metteur en scène et un comédien hors pair pour arriver à ses fins. Maurice Abiteboul qualifie d’ailleurs ce personnage de « bête de scène » dans son article « Pour une définition du héros tragique dans Richard III de Shakespeare publié dans le Bulletin de la Société d’études anglo-américaine du XVIIème et XVIII ème siècle. Ainsi il donne une définition de sa vision de Richard : « Richard le comédien investit avec jubilation dans l’interprétation de rôles ( le scélérat, l’ambitieux, et le tyran certes, mais aussi le séducteur, le conciliateur, le faux dévot, la belle âme Etc) qu’il assume successivement avec de plus en plus d’énergie et d’intensité à mesure que en véritable bête de scène, il se grise de son succès » Ainsi je vais proposer un projet de création pour le personnage de Richard avec ce parti pris d’un Richard Bête de scène en particulier à partir de la scène 1 de l’acte 1 puis à la scène 7 de l’acte III.
( Après avoir montré la pertinence dramaturgique de ce parti pris, je le mettrai en œuvre en particulier dans les scènes…)
Je vais donc tout d’abord présenter ma vision pour la scène 1 de l’acte 1 et plus précisément le monologue de richard. ( explique plus le choix de cette scène par rapport au sujet.)
Il faut d’abord noter qu’une didascalie précise que Richard est seul : « Entre Richard, duc de Gloucester, seul « mais c’est une indication que je ne vais pas respecter. En effet dans ce monologue il rappelle que la guerre a été gagnée par les York et qu’une ambiance de fête règne à la Cour : « changé en glorieux été par ce fils d’York ». Il explique ensuite qu’il ne se sent pas à l’aise dans cette société dépravée qui se livre aux joies de la paix, puis il explique ses intentions de tuer son frère Clarence et ensuite d’obtenir la couronne, après la mort d’Edouard, son frère malade qui est sur le trône. Déjà l’hypocrisie est perceptible, alors qu’il semble se mettre à l’écart, il fait part au public de ses projets ambitieux et mortifères pour sa famille. Pour moi il ne serait pas seul lors de son monologue mais avec du monde autour de lui, faisant semblant de faire de l’humour. C’est ce que fait Thomas Jolly dans sa mise en scène et je trouve cela intéressant. Le reste de la cour sortirait de scène quand Richard dit « « Et à haïr les frivoles plaisirs de ces jours » car il ne faut pas non plus qu’il dévoile trop ces intentions. Ainsi il faudrait que le ton employé par le comédien soit humoristique, sarcastique, qu’il se moque en rigolant du roi et de sa cour. Dans cette scène richard serait montré en véritable chez d’orchestre, c’est pour cela que je choisis de l’habiller avec une veste queue de pie noire, des chaussures noires très chic, mais aussi une cravate jaune qui est la couleur du fourbe et du jaloux.( TB) De plus il aurait un chapeau haut de forme comme en portent les Monsieur Loyal du cabaret.
Pour ce qui est de la scénographie, il y aurait un praticable en bois au centre de la scène avec un pupitre de chef d’orchestre dessus. Au début de la scène ; richard viendrait se placer dessus pour annoncer le début de la pièce, en tenant dans sa main une baguette de chef et il taperait sur le pupitre trois fois, ce qui pourrait faire penser aux trois coups frappés avec le brigadier, qui traditionnellement ouvrent les pièces de théâtre. C’est également un processus utilisé par Thomas jolly ; A ce moment là un micro, comme celui utilisé dans la mise en scène d’Ostermeier descendrait des cintres et viendrait se placer au-dessus du pupitre. Richard utiliserait ainsi le micro pour parler et il pourrait bouger sur le praticable pour s’adresser aux gens. Lorsqu’il prononcerait les mots « au son lascif et langoureux d’un luth », il ferait un geste avec sa baguette vers jardin et un musicien entrerait en scène avec un luth. Cela rajouterait une esthétique cabaret qui me plaît particulièrement et qui serait totalement en accord avec l’idée d’un Richard « bête de scène ». J’aurais pu donner à ma mise en scène une allure plus rock comme le font les deux metteurs en scène du programme mais je trouve que les chefs d’orchestre sont tout autant des « bêtes de scène ».
La scène suivante ( Acte III scène 7) s’enchainerait directement après dans mon projet. En effet, ma création serait vraiment centrée autour de la figure de Richard bête de scène, qui arrive à ses fins par son talent de comédien, de metteur en scène. Ce serait un montage de différentes scènes qui le montrent en train de jouer et de manipuler.
Cela est particulièrement vérifiable dans la scène è de l’acte III au moment où le maire arrive. C’est une scène où Richard se met totalement en scène devant les citoyens et le maire pour paraître pieux et humble et qu’on le supplie d’accepter de prendre le pouvoir – alors qu’il œuvre pour cela depuis le début et que là il se fait prier. ( Fais allusion à la scène 5 où Buckingham et lui prémédite leur mise en scène en termes théâtraux.) Dans cette scène j’aimerais que le jeu de la piété soit exagéré, qu’il soit outrageusement chrétien par exemple dans les répliques qui font référence à Dieu( « a quoi bon sans cela respirer en terre chrétienne.. »), j’aimerais que le comédien regarde vers le ciel ou bien fasse des signes de croix pour jouer ostensiblement sa foi chrétienne ; dans cette scène la scénographie serait primordiale : au début il y aurait à jardin une petite coiffeuse avec un miroir que l’on trouve dans les loges de théâtre, c’est à cet endroit que les clercs et richard se prépareraient en mettant des costumes religieux pour montrer au public que tout cela n’est que supercherie et comédie, du théâtre dans le théâtre. ce miroir serait enlevé de la scène avant l’arrivée du maire. Au centre du plateau, il y aurait une sorte de podium/ Richard serait agenouillé sur la plus haute marche comme s’il était en train de se recueillir en prière et les deux autres marches seraient occupées par les clercs tenant chacun une crois dans la main. Cela remplacerait la didascalie interne qui se trouve dans la réplique de Buckingham désignant aux citoyens que richard porte une Bible : « iL tient un livre de prière à la main ». A coté de lui, Richard aurait un bol avec des osties qu’il donnerait aux personnages présents sur scène comme s’il était à ce moment là un véritable prêtre. En effet les citoyens disent »Amen » à la fin de la scène comme dans une sorte de messe. Buckingham approcherait de Richard le premier pour donner l’impulsion et ce dernier lui donnerait une ostie. Cela ferait encore partie de la mise en scène manigancée par eux à la scène 5. Ce geste placerait encore plus Richard sur un piédestal, le rapprochant d’un saint. Il se met en avant par tous les moyens. Plus c’est gros, plus ça passe !
D’autres scènes comme la scène Richard/Lady Ann pourraient se rajouter à ce montage, mais je vois vraiment Richard comme un metteur en scène totalement impliqué dans sa pièce,( un peu comme Chéreau qui jouait avec les comédiens pendant les répétitions, illustrant ses indications par son propre jeu, se déplaçant autour de ses interprètes leur donnant l’énergie de son propre corps.)Il important qu’il sout en hauteur comme pour signifier qu’il a sa propre scène sur la scène, mais aussi pour créer un efet de verticalité très utilisé par les mises en scène de Thomas Jolly et Ostermeier et qui fait référence au théâtre élisabéthain lui-même.
( Il aurait fallu encore plus montrer la pertinence dramaturgique de faire de Richard un comédien et un metteur en scène de lui-même pour arriver à ses fins. on aurait encore plus pu faire de parallèles avec les mises en scène au programme.)