Extrait : acte IV, scène 8. Ethel Rosenberg
Dans cet extrait, Ethel Rosenberg rend visite à Roy Cohn, son pire ennemi. Ce républicain homophobe est atteint du sida. Alors qu’il va mourir, Ethel lui apprend qu’il vient d’être radié de l’ordre des avocats.
La conception des rôles
Effectuez une recherche sur Ethel Rosenberg. En quoi Dominique Blanc semble-t-elle s’inspirer de la personne réelle pour son interprétation ?
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ethel_et_Julius_Rosenberg
Communiste new-yorkaise, Ethel Rosenberg est accusée
d’espionnage avec son époux Julius. L’avocat maccarthyste, Roy Cohn, contribue
à les faire condamner à la chaise électrique en 1951. Ils sont exécutés deux
ans plus tard. On retrouve ces deux personnalités historiques dans la pièce de
Tony Kushner, Angels in America: A Gay Fantasia on National
Themes.
De nombreuses photographies d’Ethel Rosenberg, facilement accessibles, révèlent
que Dominique Blanc s’est inspirée de celle-ci pour construire visuellement son
personnage, que ce soit à travers sa coiffure (cheveux courts et bouclés) ou
son costume (le long manteau avec un col en fourrure, ou le chapeau dont la
recherche est évoquée par la comédienne dans Chantiers, je,
p. 140 notamment).
L’interprétation
Pour autant, le personnage imaginé par Tony Kushner est un fantôme. Qu’est-ce qui, dans le jeu de Dominique Blanc, et dans la mise en scène d’Arnaud Desplechin, permet de lui donner vie ?
Ethel Rosenberg se situe à la lisière du réalisme (le
personnage est inspiré d’une figure historique) et du poétique (comme les anges
de la pièce, elle oscille entre absence et présence, et devient de ce fait un
personnage typiquement théâtral). Arnaud Desplechin prend le parti d’incarner
le fantôme à travers Dominique Blanc. L’interprétation, douce et délicate, de
la comédienne détonne avec la haine que la victime exprime pour son bourreau,
ce qui crée un sentiment d’inquiétante étrangeté. L’actrice endosse une
présence ambiguë, se penchant sur le malade comme une mère sur son berceau,
tout en prononçant un arrêt de mort symbolique (« Vous n’êtes plus avocat »),
présageant la mort imminente du personnage.
L’arrivée de Bélize, interprété par Gaël Kamilindi, exhibe le caractère
fantomatique de ce personnage. Seul Roy Cohn (Michel Vuillermoz) entend et voit
Ethel. Le rythme affairé de l’infirmier contraste avec la lenteur des
déplacements de celle qui habite un autre espace-temps. En dupliquant les
réactions d’Ethel (« ETHEL : […] Roy, est-ce que vous
êtes… ? » ; « BELIZE : […] Oh, vous êtes… »), Belize donne
le sentiment qu’elles n’ont pas vraiment existé, participant ainsi à la mise en
scène du fantôme.
Réflexion sur la succession des rôles de dominique Blanc dans les scènes de transitions entre la première et la deuxième partie:
Hanna Piit au téléphone avec son fils, La m^me Hanna venant voir son fils à NY: scène avec la mendiante, Hanna Fichu sur la tête ( toujours l'importance du costume et de l'accessoire pour Dominique Blanc), évocation d'Ethel Rosenberg dans son dialogue avec Joe, première apparition d'Ethel: annonce la mort à venir et le procès qui peut faire radier Roy Con du barreau , c'est elle qui téléphone aux urgences pour faire hospitaliser Roy Con. C'est elle qui dit "Le Millénium approche", fin d'un monde celui de la guerre froide, effondrement de l'Urss: 2ème partie Perestroïka c'est Dominique Blanc à nouveau qui ouvre la pièce avec le personnage du général soviétique: costume complet avec travestissement: barbe par exemple, drapeau soviétique etc Grande capacité d'adaptation de la comédienne qui change très vite de personnage. Jeu varié: différents accents, voix plus ou moins grave, fausse douceur rires pour Ethel, plus énergique et colérique pour Hanna. Gestuelle parfois très théâtrale pour Ethel par exemple quand elle désigne l'étoile de haine qui brûle d'un bleu électrique.
Remarquable Michel Villermoz en Roy Con très Richard III joue la comédie de la peur de la mort et de l'appel à sa maman , du repentir afin d'obtenir d'Ethel qu'elle chante une chanson. L'obtient. réfléchir à la question du pardon dans toute la pièce. Cf aussi la fin épilogue à la fontaine Bethesda, sont présents seulement les "bons": Prior , Harper, belize, Louis qui est revenu à Prior. Problème du statut de Joe.
Enchainement très rapide des scènes avec montage cut: scène à un seul personnage, à deux, à quatre, changements de décor réduit à quelques accessoires, scène des deux couples parlant en alternance assis à la m^me table, grande économie pour que tiut s'enchaine sans rupture, même s'il ya des ellipses. le spectateur doit se mettre en travail aussi.Pas d'hyperréalisme m^me si jeu cinéma, on voit toujours que l'on est au théâtre.
Monde onirique aussi surréel: les anges, les fantômes, les hallucinations de Harper, le don d'ubiquité , de traverser les murs. etc