Quand le théâtre donne à penser!
" J'ai beaucoup apprécié la pièce "Zone à étendre" et je tenais à dire que vos premières ont un très bon jeu ! Je me suis sentie très concernée par cette pièce : je vous explique pourquoi dans un petit texte:
Zone à étendre m’a beaucoup touchée. Pourquoi ? Parce qu’elle fait écho à mes pensées, parfois trop révoltées et peu fondées.
Ces jeunes souffrent comme moi d’un vide étrange, qui n’est jamais nommé, mais qui génère une révolte démesurée dans nos crânes. Par exemple, trois filles parlent en même temps, comme trois voix qui nous trottent dans la tête et font germer de nouvelles idées. Et ces idées parfois si innovantes, remettent tout en question. Alors, il faut faire quelque chose : et puisque cette colère est sans papiers, notre but n’est pas concret. En effet, ils fuguent dans une forêt, et seuls, ils veulent créer un nouveau monde, une nouvelle société, de nouveaux contes, de nouvelles pensées. Du NOUVEAU.
Mais malheureusement, cette nouvelle ligne à peine tracée est semée d’embûches. Par exemple, casser son portable, l’objet de dépendance, n’a pu être que couvert de soufflements, de doutes. La construction d’une cabane fut source de colère aussi. On le voit lorsqu’une des jeunes ne savaient pas quoi faire et énervait par son désœuvrement. Ou alors, lorsqu’il fallait manger un insecte inconnu, et donc potentiellement dangereux, lorsqu’une personne s’est demandé si cela valait la peine de tout laisser pour réécrire une humanité.
C’est vrai ça : n'est-ce pas qu'une fantaisie, un peu d'égocentrisme que de vouloir être le doyen d'une nouvelle société ? Un simple paradoxe ?"
Ce qui est surprenant, c’est que le capitalisme, qui ne laisse de pouvoir qu’aux hommes « de 40 ans, blancs et hétéros » les hérissent par son manque d’égalité. Pourtant, ils reprennent ses idées puisqu’ils re-désignent un chef, se fâchent entre eux, sont autoritaires, demandent à certains de partir du groupe.
De plus, la nature est idéalisée : des souffles caressent le public comme les brises caressent la cime des arbres, des grattements de terre sonorisent la scène grâce aux percussions, des lucioles éclairent les visages dans une nuit noire. Mais cette nature n’a finalement pas beaucoup de principes elle non plus. En effet, les animaux se mangent entre eux pour survivre, des éclairs brûlent les forêts.
Alors, ce rêve intouché, inégalable, idéalisé, n’est compréhensible que dans leur imaginaire, et peu de mots pourraient le définir : il n’est pas concret. N’oublions pas que les illuminations adolescentes ont déjà germées dans les cerveaux de nos aïeuls.
A mon avis, nous les jeunes, nous sommes la source qui rafraîchit le paysage. Mais la plupart du temps, nos sentiments prennent le dessus et nous agitent jour et nuit, nous espérons changer au plus vite les choses en un claquement de doigt. Souffle de vie, nous croyons parfois que tout n’est que sottises et que les moins jeunes n’ont aucun principe. Or, une fille a relevé qu’il était facile d’avoir des principes quand on ne connaissait pas tous les problèmes auxquels on est confrontés.
En conclusion, je dis haut et fort : « Soufflons les vies d’avant et changeons ce qui nous désoblige. Plein d’erreurs sont survenues, et ne serait-ce qu’une fois, laissons parler nos sentiments. Mais ne scandalisons pas. Souffle de vie, oui, mais pas révolution sanglante. »