mardi 15 avril 2014

Le living theater de Julian Beck

« Nous sommes une communauté d’utopistes non autoritaires; même les pièces que nous concevons
n’ont pas de dessein ni de direction (au sens conventionnel de ces mots).
Que cela vous plaise ou non, vous allez devoir
affronter un assaut total de la culture.
Il n’y a pas d’autre moyen de faire naître
un monde libre et créateur: précipiter la révolution. » Julian Beck


En 1968, le Living Theatre de Julian Beck et Judith Malina fait
scandale au 22eFestival d’Avignon. En effet, le Living est invité
pour trois œuvres au Cloître des Célestins, Antigone d’après un
texte de Brecht, Small Mysteries et Paradise Now... Le 24 juillet,
lors de la représentation de Paradise Now, Julian Beck prône un
théâtre qui doit “ sortir de sa prison” et envahir la rue. Après le
spectacle déjà très “corsé” selon les observateurs puritains de
l’époque, un défilé “débraillé” et contestataire s’improvise dans
les rues de la ville festivalière, aux cris de “le théâtre est dans la
rue”. Dès le lendemain, le maire, demande au Living de substituer
à son Paradise Now une des deux autres pièces de son programme.
Paradise Now entre dans la légende.

Le Living Théâter milite dès le début des années 1960 pour un
théâtre engagé, impliqué dans le substrat social et politique. Sur
le terrain de la contestation, ses armes sont la performance et
le happening, pratiques révolutionnaires qui font du Living, en
réaction au contexte politique des États-Unis et face à la guerre
du Vietnam, un instrument radical au service de la liberté de
l’art comme de la société. Le Living est anarchiste, rebelle et
non aligné. Très influencé par le Théâtre de la Cruauté d’Antonin
Artaud, comme par les théories révolutionnaires de l’époque, le
Living s’inspire largement des modalités d’expression en œuvre
dans l’art visuel, dont la performance ou le happening sont les
outils d’une puissance de déflagration sans égale. Les idées
anarchistes et pacifistes de la jeunesse américaine inséminent
leurs spectacles et toute leur pratique de contamination de
l’espace politique: en organisant des sit-in pour la Paix ou en
installant le happening au cœur de la Cité, le Living conduit une
action politique et artistique d’une rare acuité. Expulsés après leur
spectacle The Brig qui s’inspire des théories d’Artaud, les membres
du Living s’exilent en Europe où ils développent principalement la
performance et le happening comme outils de propagation de leur
pensée révolutionnaire.
En 1970, après deux ans de tournée de leur Paradise Now dans
toute l’Europe, le Living Theatre se sépare. Julian Beck et Judith
Malina poursuivent alors séparément leurs propres recherches
formelles jusqu’à la mort de Julian Beck en 1985