Synopsis: «En 2008, à Wuppertal, une cinquantained’adolescents volontaires entre quatorze et dix-sept ans répètent
Kontakthof, de Pina Bausch, sous la direction de la chorégraphe et de deux de ses danseuses. Au fur et à mesure des exercices, les jeunes apprennent en même temps à se laisser aller et à maîtriser leur corps, grâce aux conseils de Joséphine Ann Endicott et Bénédicte Billiet»
«Loin de composer un film à la gloire de la chorégraphe, la documentariste et son caméraman choisiront en effet, en découvrant les progrès accomplis chaque jour par les jeunes, d’en faire le sujet même de leur documentaire. « Nous voulions faire un film qui soit d’abord un film sur les adolescents, et en second lieu seulement un film sur Pina Bausch. » (p.3) «Sans rien inventer ni fausser, les réalisateurs découvrent de cette manière que leur film sera, avant tout, un récit d’initiation»
L'excellent documentaire réalisé par Anne Linsel et Rainer Hoffmann : Les rêves dansants: sur les pas de Pina Baush est sorti peu après la mort de Pina (elle vit le film
achevé dix jours avant sa mort), ce documentaire est un vibrant hommage à
la chorégraphe: à la fois tendre, drôle et émouvant. Ce film retrace la préparation d'un spectacle crée en 1978 par Pina Baush, Kontakthof.
Il est mis en scène par une ancienne danseuse de Pina Baush, Josephine
Ann Endicott, assistée de Bénédicte Billiet. La particularité de ce
projet est que les danseurs sont des jeunes de Wuppertal en Allemagne
(lieu de la compagnie de Pina Baush) agés de 14 à 18 ans et qui ne
savent pas danser (ils ne savaient même pas pour quel spectacle ils
auditionnaient!). Il faut savoir que l'expérience inverse avait été
réalisée, puisque Kontakthof avait été mis en scène avec des
danseurs de plus de 65 ans. Le film va donc suivre l'évolution de ce
groupe de jeunes, des répétitions à la première, le tout sous l'oeil de
Pina Baush, qui supervise le travail des jeunes gens et qui sélectionne
les danseurs pour jouer le spectacle. C'est le dernier projet sur lequel
travaillera Pina Baush. Elle se montre bienveillante envers les jeunes
("S'ils se trompent ce n'est pas grave" peut-on l'entendre dire). Elle
est admirative de leur travail et leur progression. La voir ainsi
apparaître dans ce qui sera les derniers instants de sa vie n'en rend ce
documentaire que plus émouvant.
Le documentaire alterne quatres types de séquences: les répétitions de groupe, les répétitions individuelles entre Josephine Ann Endicott et Joy qui joue le rôle principal dans le spectacle, des moments de la vie quotidienne de quelques jeunes danseurs suivis par la réalisatrice et des scènes d'interviews de différents protagonistes du spectacle. La mise en parallèle des scènes de répétitions et celles plus intimistes avec les jeunes interprètes apporte un éclairage nouveau au première. La découverte de ses jeunes gens nous permet en effet de comprendre les difficultés qu'ils rencontrent lors des répétitions. Ainsi Safet, qui exprime sa foi et son respect des femmes dans l'une des scènes, ressent de la gêne à mettre une claque sur les fesses d'une de ses partenaires lors des répétitions. Kim, qui joue un professeur autoritaire dans la pièce est un personnage antipathique pour les besoins de la pièce, mais au détour d'une interview, elle met son coeur à nu et nous raconte son souvenir le plus douloureux (le meurtre de son grand-père) et nous montre à quel point il est délicat pour elle de jouer ce personnage. Joy, nous révèle que si elle se donne autant, c'est en souvenir de son père décédé quelques années plus tôt et que Josephine est devenue sa seconde mère. Les blessures révélées par ces jeunes font basculer le film dans l'émotion. On s'attache à ses enfants et on prend plaisir à les suivre, riant de leurs anecdotes (celle de l'ami de Rosario par exemple), doutant avec eux de leur capacité à réussir devant l'ampleur du projet.
Les scènes de répétitions sont aussi très intéressantes. Au début, on n'ose pas toucher l'autre, on a peur de mal faire, d'avoir un geste déplacé. On remarque la retenue des jeunes danseurs, encore davantage inhibés par la présence de la caméra pourtant discrète, et à son paroxysme lorsqu'à celle-ci s'ajoute la présence de Pina. Mais au fil du documentaire, les jeunes, d'abord hésitants, vont acquérir la confiance nécessaire pour jouer toutes les scènes de la pièce, même celle du strip-tease (pas intégral je vous rassure). Kontakthof prend alors toute sa mesure quand il est dansé par les jeunes. Pina Baush dans cette pièce s'interroge en effet sur les codes sociaux de la séduction et quoi de mieux que des jeunes gens encore balbutiants dans ce domaine. Ils en sont encore dans le stade de la découverte de l'autre mais aussi de leur corps, et ne maîtrisent pas encore ces codes. On assiste donc dans ce documentaire, outre la progression du spectacle, à la découverte de soi par ces jeunes et à leur passage de l'enfance à l'âge adulte. Grâce à la danse, les jeunes se révèlent et s'affirment. C'est sans doute là la plus grande réussite de cette expérience extraordinaire.
Les rêves dansants: sur les pas de Pina Baush est un film à voir si l'on aime la chorégraphe. Elle ne pouvait pas rêver plus bel hommage que ce vent de jeunesse soufflant sur une de ses pièces et une plus belle récompense que de voir des jeunes s'affirmer grâce à son travail.
SB
Le documentaire alterne quatres types de séquences: les répétitions de groupe, les répétitions individuelles entre Josephine Ann Endicott et Joy qui joue le rôle principal dans le spectacle, des moments de la vie quotidienne de quelques jeunes danseurs suivis par la réalisatrice et des scènes d'interviews de différents protagonistes du spectacle. La mise en parallèle des scènes de répétitions et celles plus intimistes avec les jeunes interprètes apporte un éclairage nouveau au première. La découverte de ses jeunes gens nous permet en effet de comprendre les difficultés qu'ils rencontrent lors des répétitions. Ainsi Safet, qui exprime sa foi et son respect des femmes dans l'une des scènes, ressent de la gêne à mettre une claque sur les fesses d'une de ses partenaires lors des répétitions. Kim, qui joue un professeur autoritaire dans la pièce est un personnage antipathique pour les besoins de la pièce, mais au détour d'une interview, elle met son coeur à nu et nous raconte son souvenir le plus douloureux (le meurtre de son grand-père) et nous montre à quel point il est délicat pour elle de jouer ce personnage. Joy, nous révèle que si elle se donne autant, c'est en souvenir de son père décédé quelques années plus tôt et que Josephine est devenue sa seconde mère. Les blessures révélées par ces jeunes font basculer le film dans l'émotion. On s'attache à ses enfants et on prend plaisir à les suivre, riant de leurs anecdotes (celle de l'ami de Rosario par exemple), doutant avec eux de leur capacité à réussir devant l'ampleur du projet.
Les scènes de répétitions sont aussi très intéressantes. Au début, on n'ose pas toucher l'autre, on a peur de mal faire, d'avoir un geste déplacé. On remarque la retenue des jeunes danseurs, encore davantage inhibés par la présence de la caméra pourtant discrète, et à son paroxysme lorsqu'à celle-ci s'ajoute la présence de Pina. Mais au fil du documentaire, les jeunes, d'abord hésitants, vont acquérir la confiance nécessaire pour jouer toutes les scènes de la pièce, même celle du strip-tease (pas intégral je vous rassure). Kontakthof prend alors toute sa mesure quand il est dansé par les jeunes. Pina Baush dans cette pièce s'interroge en effet sur les codes sociaux de la séduction et quoi de mieux que des jeunes gens encore balbutiants dans ce domaine. Ils en sont encore dans le stade de la découverte de l'autre mais aussi de leur corps, et ne maîtrisent pas encore ces codes. On assiste donc dans ce documentaire, outre la progression du spectacle, à la découverte de soi par ces jeunes et à leur passage de l'enfance à l'âge adulte. Grâce à la danse, les jeunes se révèlent et s'affirment. C'est sans doute là la plus grande réussite de cette expérience extraordinaire.
Les rêves dansants: sur les pas de Pina Baush est un film à voir si l'on aime la chorégraphe. Elle ne pouvait pas rêver plus bel hommage que ce vent de jeunesse soufflant sur une de ses pièces et une plus belle récompense que de voir des jeunes s'affirmer grâce à son travail.
SB