dimanche 24 mai 2015

Analyse de spectacle: Docteur Camiski épisodes 3 et 4 ( Juliette)



Docteur Camiski ou l’esprit du sexe

            Nous avons assisté à la représentation théâtrale des épisodes 3 et 4 de Docteur Camiski ou l’esprit du sexe, écrit par Fabrice Melquiot et Pauline Sales, et mis en scène par Guy Pierre Couleau.
Dans cette analyse, nous nous intéresserons plus précisément à l’épisode 3 : «Ouvert au coup de foudre» ; dans lequel le Docteur Camiski, sexologue, s’occupe de l’un de ses patients, éjaculateur précoce et abstinent depuis 6 ans.
Dans un premier temps, nous verrons la scénographie choisie, puis nous nous intéresserons à la performance des acteurs.
           
            A l’arrivée du public dans la salle dans la CDE, un rideau noir était présent, cachant l’espace scénique, et le public était placé de manière habituelle, c'est-à-dire de façon frontale. Une fois le rideau levé, on peut alors observer le même espace scénique qu’aux épisodes précédents ; cet espace est défini par deux murs et un sol qui, ensemble, forment une pièce carrée, le cabinet du docteur dont les murs sont en bois assez foncé, tout comme le sol, et on ne voit pas de fenêtre, mais juste une porte par laquelle les patients entrent dans la salle. Cela donne l’impression que la pièce de théâtre va se réaliser dans une boîte, et que rien ne peut en sortir, ce qui peut représenter le secret professionnel que doit respecter le docteur Camiski en tant que psychologue, les patients peuvent tout dire, et cela ne sortira jamais de ces murs ; il y a un certain isolement.
            Cet espace scénique reste identique et immobile tout au long des épisodes, en revanche, à l’intérieur de cette pièce sont placés plusieurs objets scéniques, qui eux peuvent changer de position ou encore d’utilisation.
En effet, à l’intérieur de cette pièce sont disposés 4 fauteuils identiques et de couleur beige qui est assez neutre ; d’une table sur laquelle est disposée une petite lampe, et d’un lavabo. Les fauteuils mais également la table, sont très régulièrement déplacés, ce qui permet de créer plus au moins de proximité entre le docteur et son patient mais aussi de créer un espace scénique différent en fonction des situations. De plus ces fauteuils sont également matière à jouer, c'est-à-dire que les personnages peuvent s’assoir dessus de manières différentes, ce qui peut être révélateur d’une personnalité par exemple.
Dans certains épisodes, le changement de disposition du mobilier permet même de créer un lieu différent, c’est le cas vers la fin de l’épisode, lorsque le Docteur Camiski entre, comme à la fin de chaque épisode, dans une transe, un délire, et qu’il invente une histoire, une situation avec le patient qu’il vient de recevoir. Dans cet épisode, l’homme qui est éjaculateur précoce confie au sexologue que le soir même il a rendez-vous avec une femme, chez elle : alors lors de son délire, Camiski s’imagine accompagnant son patient chez cette femme dont l’appartement est donc modélisé en changeant la place de la table et des fauteuils dans le bureau de Camiski.
            Concernant la lumière, la pièce est le plus souvent éclairée juste par un projecteur qui diffuse une lumière jaune, neutre, mais parfois la petite lampe qui est posée sur la table est allumée en complément, et a déjà servie à faire des jeux d’ombres dans un épisode antérieur de Docteur Camiski, où celui si parlait à l’ombre de sandwich projetée sur un mur de son cabinet ; la lumière à donc une place importante dans certains des épisodes.
Dans cet épisode, comme dans les autres, il y a, à un moment de la pièce, un appel de la femme du Docteur Camiski, auquel il ne répond pas, comme à son habitude. A ce moment de la représentation, la lumière diminue très fortement, et devient tamisée, et ce jeu de lumière donne un rythme totalement différent ralenti à la pièce, en effet le temps parait être ralentit, même si la femme au téléphone parle souvent très rapidement.
            Le son occupe également une place non négligeable dans cette pièce, notamment avec ces appels de la femme du sexologue dont nous venons de parler, qui sont très fréquent et qui nous informent en parallèles de la vie de ce docteur, ces appels nous permettent d’appendre à connaitre Camiski dans un tout autre contexte, on peu même dire que ces appels humanisent cet homme, on y apprend alors ses soucis personnels, et plus les épisodes avancent, plus on se rend compte que même étant psychologue, le docteur n’est pas du tout bien dans sa vie, ni avec lui-même.
Le son permet aussi de créer des bruitages lors de la pièce, par exemple, lorsque le docteur est en plein délire, et qu’il s’imagine être chez cette jeune femme avec son patient et sa fidèle chienne, ou bout d’un moment la chienne se retrouve seule dans la pièce avec la jeune femme et au bout d’un moment  on peut entendre les jappements de la chienne et les cris de satisfaction de la jeune femme ; la compréhension de la situation se fait alors uniquement avec les sons.
Tous ces éléments scéniques que l’on peut détourner à souhait sont donc matière à jouer pour les comédiens.

            Nous allons donc maintenant nous intéresser au jeu des comédiens, à leur performance.
Comme nous l’avons vu précédemment, les fauteuils disposés dans la salle permettent aux comédiens de jouer, et notamment de dévoiler par ce jeu leur manière d’être et leurs humeurs. Par exemple, lors de ses séances, le Docteur Camiski parait toujours très calme et détendu, souvent assis calmement sur l’un des fauteuils ; alors que son patient dans cet épisode est très nerveux, on le ressent dans son jeu nerveux : il s’assoit puis se lève brusquement, enlève sa veste, la pose, puis la reprend, s’assoit tout au bord du fauteuil pour finalement se relever d’un bond et fait les cent pas dans le cabinet de son sexologue.
Les comédiens prennent le temps d’imposer de beaux moments de silence et de réflexion instauré pour le patient, par exemple, dans cet épisode, le patient est un instituteur, et à un moment, pendant l’appel de la femme de Camiski, le patient se lève et se met à coller des dessins d’enfants sur tous les murs du cabinet, avec un certaine lenteur, et dans le silence, et pendant ce temps Camiski est tout aussi silencieux et reste immobile. Ces moments de silence marquent en plus la différence entre le caractère de Camiski en présence d’un patient ou seul, car quand celui-ci est seul, au moment de son délire, il parle vite, le rythme est soutenu, il parle de plus en fort et s’impose très clairement sur la scène, tout variant entre des moments de dialogues, où il joue les rôle des différents personnages, ou des moments de paroles pour lui, ou dirigées vers le public.
            L’acteur principale réalise une réelle performance est arrivant à captiver le public même lors des longs moments de monologue, notamment grâce à des paroles crues mais pleines d’un humour plus ou moins piquant qui fait généralement beaucoup rire le public. On peut qualifier le jeu de l’acteur de très bon d’autant plus qu’il est tout aussi bon, quelque soit son interlocuteur, mais également parce que malgré le fait qu’il interprète toujours le même personnage et que chaque épisodes à plus ou moins la même structure. Cela est surement dû également au fait que chacun des patients du docteur et leur histoire sont différents et chaque épisode nous offre de nouvelles surprises.