Deuxième
partie du programme : On purge bébé de Feydeau sous la direction de Delphine Crubézy comédienne,
metteur en scène et professeur à l’université de Strasbourg.
Jouer Feydeau,
notamment Un Fil à la Patte, avec un
groupe de sept personnes n’est pas choses facile. Au départ, l’idée avait germé
de travailler sur des duos, mais finalement Delphine Crubezy a proposé
d’expérimenter la théâtralité de Feydeau sur une seule scène traitée de façon
chorale en faisant « se tuiler »
les comédiens, la scène VII de On
purge Bébé, afin d’arracher Feydeau aux préjugés, aux idées toutes faites
qui tantôt le considèrent comme un théâtre léger et grossier, tantôt le
rapprochent d’un réalisme brocardant la société bourgeoise presqu’au premier
degré, alors que pour l’acteur il est d’abord une formidable machine à jouer
nécessitant une folle énergie, un sens du rythme précis jusqu’à la chorégraphie
des déplacements et gestes, une forme d’excès qui pousse la théâtralité à bout,
tout en requérant une crédulité absolue dans ce que vit le personnage.
Delphine a proposé un
dispositif s’approchant d’un ring de boxe (inspiré un peu de la pratique du
groupe TG Stan), chaque personnage de On
purge Bébé dans la scène VII ayant quelque chose à défendre et s’engageant
dans un combat pour obtenir gain de cause. Les deux comédiens masculins
alternent les partitions de Chouilloux et Follavoine, quatre filles se
partagent les répliques de Julie et une autre jeune fille joue le rôle de Toto.
Quand les comédiens ne sont pas à l’intérieur du ring entrain de jouer leurs
personnages, ils restent en jeu sur des chaises à l’extérieur, mobilisés et
soutenant leur avatar avec énergie comme des sortes de coach. Le dispositif
interroge sur ce
qu'on partage du parcours d’un personnage et pose comme difficulté les deux
types d'adresse qu’il requiert : adresse au public pour l’associer au
combat mené, adresse au personnage avec qui l’on dialogue et avec qui il faut
rester connecté. Il faut aussi pouvoir, lors des différentes entrées du
« tuilage », capter l’état et l’énergie dans lesquels se trouvent les
personnages qui quittent le ring, notamment pour les quatre Julie. Une fois que
« le dessin » de la scène est maîtrisé, il s’agit ensuite pour
l’acteur de trouver les nuances de son jeu à l’intérieur de celui-ci , de
l’agrandir , de le théâtraliser à outrance avec une sorte de jubilation du jeu
perceptible par le public.
Nous
recommandons au jury s’il souhaite interroger un candidat sur le projet Feydeau
de prendre le temps de regarder les 15 minutes que dure cette « petite
forme » afin de se faire une idée du travail mis en œuvre même si les 7
élèves y sont en jeu à égalité.
Le propos était aussi
de s’interroger sur la formation de l’acteur, sur le processus qui mène de la
technique du jeu à une autonomie de l’acteur. Comment il élabore un parcours
personnel, trouve à quel endroit le texte parle, pas seulement pour déterminer le ton juste mais l’endroit de nécessité pour
aller au plateau.