Beaumarchais et la
musique :
In « lettre Modérée », préface du Barbier:
« toujours chéri la musique sans inconstance et même sans
infidélité »
Beaumarchais= maître de harpe de mesdames filles de Louis
15, carrière de courtisan. Compositeur de nombreuses chansons populaires
célèbres car Beaumarchais était connu pour ses nombreuses
« affaires ».
Version originale du Barbier= opéra-comique, refusé par les
comédiens italiens, Beaumarchais l’adapte pour les comédiens français :
théâtre. Conserve des chansons, mode de l’opéra comique.
Réfléchit à une voie pour renouveler l’opéra dans le sillage
de Gluck. Tarare = livret d’opéra 1787
Dirigea lui-même une adaptation du mariage sur la musique
des Noces de Mozart en 1793
1. Musique dans l’action des comédies :
« couleur locale » et naturel
9 passages musicaux dans le
Barbier et 8 dans le Mariage ( voir le livre de Philip Robinson)
Beaumarchais inventeur des paroles,
orchestration d’Antoine-Laurent Baudron, premier violon de la comédie française.
Dans Barbier : Comte, Figaro,
Rosine se caractérise chacun par une chanson. Le joyeux barbier compose et se
permet une pique à l’adresse des librettistes : « mon dieu nos faiseurs
d’opéras comiques n’y regardent pas de si près. Aujourd’hui, ce qui ne vaut pas
la peine d’être dit on le chante. »
Guitare qui peint l’atmosphère espagnole: Barbier « Figaro
« une guitare sur le dos attachée en bandoulière » sc6 il la confie à
Almaviva pour que celui-ci ne dénote pas à Séville, l’oublie emporté par
l’intrigue : "j’oublie ma guitare, moi, Je suis donc fou ! »
Clavecin de Rosine mais on ne le voit pas rangé dans le cabinet
attenant, Mariage : clavecin fonction de rappel à travers le personnage de
Bazile « maître de clavecin de la Comtesse » : autoportrait
professionnel : « Homme à talent sur l’orgue du village, je montre
le clavecin à madame, à chanter à ses femmes, la mandoline aux pages ; et
mon emploi surtout est d’amuser votre compagnie avec ma guitare, quand il vous
plaît de l’ordonner. »
Guitare utilisée par la Comtesse
pour accompagner Chérubin, Suzanne aussi, Bazille pour la sortie de la scène 23
en accompagnant la séguedille de Figaro annonce aussi par Figaro de l’arrivée
des « jeunes vassaux des deux sexes » porteurs de violons et de
cornemuses pour la noce. » II,20 quatrième acte finalement : longue
pantomime de danse, fandango accompagné de castagnettes. Bazile revient, Figaro veut le faire « déchanter »,
introduit l’air du vaudeville final tout en « tenant sa guitare »
musique évoque l’Espagne où Beaumarchais s’était rendu en 1764-1765
+ papier à musique, partitions cf
Rosine et la partition de La Précaution Inutile, Comtesse et la romance de
Chérubin, texte qui circule : monnaie d’échange contre le
« ruban » que tient Suzanne .
Typologie des formes musicales :
Parole chantonnée, comme des improvisations spontanées par ex
Suzanne » court ouvrir en chantant » pour accueillir son Figaro II,1
Chansons : ritournelle de Bartholo, séguedille de Figaro, romance
de Chérubin, ariette de Rosine, vaudeville du Mariage ( travailler le
vocabulaire.)
Vaudevilles et ariettes formes
paradigmatiques de l’opéra comique : 1. Air connu simple qui court par la
ville dont on cite ou modifie les paroles
2. 2ème moitié du
siècle sur le modèle des arias de l’opéra italien.
Romances prisées dans les cercles
pour leur sentimentalité et la simplicité des accompagnements au piano
forte ; genre à la fois populaire et aristocratique ;
Séguedille : forme espagnole
découverte par B. pendant son voyage en Espagne avec la danse du fandango,
pièce originale car la romance sur l’air de Malbrouck est connue ;
Musique pour mimer l’orage
nocturne entre l’acte III et Iv du Barbier : tempête qui crée une
intensité dramatique// tempête intérieure que traversent les amants:
« Pendant l’entracte, le
théâtre s’obscurcit ; on entend un bruit d’orage, et l’orchestre joue
celui qui est gravé dans le recueil de la musique du barbier »
Musique
dans la pièce et dans les entractes. Présente en particulier dans les moments
stratégiques de l’intrigue exposition et dénouement.
Dès la 2ème scène dans le Barbier
avec la composition de Figaro cf aussi la variante du Mariage reprise en ouverture dans la mise en scène de Rémi
Barché autour de trois générations de mélomanes : Bazile, Figaro, et Chérubin qui essaient de composer un air pour les noces de ce dernier. Figaro
raille le couplet écrit par le page et composé par le maître à chanter, lui
oppose les airs simples des vaudevilles et des séguedilles et entonne celle que
l’on retrouve à l’acte IV de l’édition définitive.
Intrigue du Mariage dénouée avant
le vaudeville mais un « ballet général » vient conclure gaiement la
pièce ; cf Tout finit par des chansons »
Vraisemblance et motivation des airs
Introduits dans et par le discours ex entrée du Comte
faussement ivre au 2ème acte du Barbier, sa satire des médecins sur l’air de
« Vive le vin » est parlée avant d’être chantée II,13
Bartolo plus tard cherche en se
grattant la tête et chante en faisant claquer ses pouces et dansant comme les
vieillards pour sa ritournelle II, 4et 5
Air de Lindor rendu nécessaire
par le message envoyé à Rosine, ariette de cette dernière puisqu’elle prend sa
leçon.
Dans Mariage: Chérubin poussé à chanter par
Suzanne et la Comtesse II, 4
Ritournelle de Bartholo amenée
par sa nostalgie « de ces petits airs qu’on chantait dans sa
jeunesse »
Séguedille de Figaro dramatisée
par le héros expert en intrigues qui raille Bazile : tu n’as pas l’air
entrain de chanter ; veux-tu que je commence ? allons gai, haut,
la-mi-la pour ma fiancée » II,23
Retour de Bazille annoncé par
l’huissier IV, 9
Le spectateur n’est jamais surpris d’entendre un personnage chanter
puisque tout air est préparé par le discours qui l’environne.
Musique qui étoffe l’intrigue où
elle s’insère. Moment de détente
ponctuant une séquence de tension. 2ème acte du Barbier 15
scènes, entrée du Comte déguisé en cavalier saoul, tout tourne autour de la
transgression, tension pour faire échapper Rosine à son tuteur tyran, gradation
de la tension : comique qui prévaut seulement dans les scènes de farce liées
au déguisement du Comte, moments gratuits sur le plan fonctionnel de
l’intrigue : détendre le public en sympathie avec les jeunes gens.
2ème acte du Mariage
centré sur Chérubin : romance touchante, donc musique instaure
tension : transgression
Dans le dernier acte, chant après
le monologue de Figaro, Chérubin reprend l’air de sa romance comme sa signature
scénique et vocale: « emblème de l’inconstance » : le fait que
Chérubin veuille embrasser Suzanne pour n’avoir finalement que la joue du
Compte permet à la Comtesse de relativiser son trouble et permet in fine sa
réconciliation avec elle-même et son mari. Inconstance sentimentale traitée en
chanson et sur le mode comique // oscillations de l’intensité du drame entre
gaieté et mélancolie.
Musique qui remplit donc de
réelles fonctions dramatiques.