mardi 18 octobre 2016

Beaumarchais et la musique dans la trilogie ( Cours à apprendre)



Beaumarchais et la musique :
In « lettre Modérée », préface du Barbier:  « toujours chéri la musique sans inconstance et même sans infidélité »
Beaumarchais= maître de harpe de mesdames filles de Louis 15, carrière de courtisan. Compositeur de nombreuses chansons populaires célèbres car Beaumarchais était connu pour ses nombreuses « affaires ».

Version originale du Barbier= opéra-comique, refusé par les comédiens italiens, Beaumarchais l’adapte pour les comédiens français : théâtre. Conserve des chansons, mode de l’opéra comique.

Réfléchit à une voie pour renouveler l’opéra dans le sillage de Gluck. Tarare = livret d’opéra 1787
Dirigea lui-même une adaptation du mariage sur la musique des Noces de Mozart en 1793

1.       Musique dans l’action des comédies : « couleur locale » et naturel
9 passages musicaux dans le Barbier et 8 dans le Mariage ( voir le livre de Philip Robinson)
Beaumarchais inventeur des paroles, orchestration d’Antoine-Laurent Baudron, premier violon de la comédie française.
Dans Barbier : Comte, Figaro, Rosine se caractérise chacun par une chanson. Le joyeux barbier compose et se permet une pique à l’adresse des librettistes : « mon dieu nos faiseurs d’opéras comiques n’y regardent pas de si près. Aujourd’hui, ce qui ne vaut pas la peine d’être dit on le chante. »

Guitare qui peint l’atmosphère espagnole: Barbier « Figaro « une guitare sur le dos attachée en bandoulière » sc6 il la confie à Almaviva pour que celui-ci ne dénote pas à Séville, l’oublie emporté par l’intrigue : "j’oublie ma guitare, moi, Je suis donc fou ! »
Clavecin de Rosine mais on ne le voit pas rangé dans le cabinet attenant, Mariage : clavecin fonction de rappel à travers le personnage de Bazile «  maître de clavecin de la Comtesse » : autoportrait professionnel : «  Homme à talent sur l’orgue du village, je montre le clavecin à madame, à chanter à ses femmes, la mandoline aux pages ; et mon emploi surtout est d’amuser votre compagnie avec ma guitare, quand il vous plaît de l’ordonner. »
Guitare utilisée par la Comtesse pour accompagner Chérubin, Suzanne aussi, Bazille pour la sortie de la scène 23 en accompagnant la séguedille de Figaro annonce aussi par Figaro de l’arrivée des « jeunes vassaux des deux sexes » porteurs de violons et de cornemuses pour la noce. » II,20 quatrième acte finalement : longue pantomime de danse, fandango accompagné de castagnettes. Bazile revient,  Figaro veut le faire « déchanter », introduit l’air du vaudeville final tout en « tenant sa guitare » musique évoque l’Espagne où Beaumarchais s’était rendu en 1764-1765
+ papier à musique, partitions cf Rosine et la partition de La Précaution Inutile, Comtesse et la romance de Chérubin, texte qui circule : monnaie d’échange contre le « ruban » que tient Suzanne .

Typologie des formes musicales :
Parole chantonnée, comme des improvisations spontanées par ex Suzanne » court ouvrir en chantant » pour accueillir son Figaro II,1
Chansons : ritournelle de Bartholo, séguedille de Figaro, romance de Chérubin, ariette de Rosine, vaudeville du Mariage ( travailler le vocabulaire.)
Vaudevilles et ariettes formes paradigmatiques de l’opéra comique : 1. Air connu simple qui court par la ville dont on cite ou modifie les paroles
2. 2ème moitié du siècle sur le modèle des arias de l’opéra italien.
Romances prisées dans les cercles pour leur sentimentalité et la simplicité des accompagnements au piano forte ; genre à la fois populaire et aristocratique ;
Séguedille : forme espagnole découverte par B. pendant son voyage en Espagne avec la danse du fandango, pièce originale car la romance sur l’air de Malbrouck est connue ;
Musique pour mimer l’orage nocturne entre l’acte III et Iv du Barbier : tempête qui crée une intensité dramatique// tempête intérieure que traversent les amants:
« Pendant l’entracte, le théâtre s’obscurcit ; on entend un bruit d’orage, et l’orchestre joue celui qui est gravé dans le recueil de la musique du barbier  »
Musique dans la pièce et dans les entractes. Présente en particulier dans les moments stratégiques de l’intrigue exposition et dénouement.
Dès la 2ème scène dans le Barbier avec la composition de Figaro cf aussi la variante du Mariage reprise  en ouverture dans la mise en scène de Rémi Barché autour de trois générations de mélomanes : Bazile, Figaro, et Chérubin qui essaient de composer un air pour les noces de ce dernier. Figaro raille le couplet écrit par le page et composé par le maître à chanter, lui oppose les airs simples des vaudevilles et des séguedilles et entonne celle que l’on retrouve à l’acte IV de l’édition définitive.
Intrigue du Mariage dénouée avant le vaudeville mais un « ballet général » vient conclure gaiement la pièce ; cf Tout finit par des chansons »

Vraisemblance et motivation des airs
Introduits dans et par le discours ex entrée du Comte faussement ivre au 2ème acte du Barbier, sa satire des médecins sur l’air de « Vive le vin » est parlée avant d’être chantée II,13
Bartolo plus tard cherche en se grattant la tête et chante en faisant claquer ses pouces et dansant comme les vieillards pour sa ritournelle II, 4et 5
Air de Lindor rendu nécessaire par le message envoyé à Rosine, ariette de cette dernière puisqu’elle prend sa leçon.
 Dans Mariage: Chérubin poussé à chanter par Suzanne et la Comtesse II, 4
Ritournelle de Bartholo amenée par sa nostalgie « de ces petits airs qu’on chantait dans sa jeunesse »
Séguedille de Figaro dramatisée par le héros expert en intrigues qui raille Bazile : tu n’as pas l’air entrain de chanter ; veux-tu que je commence ? allons gai, haut, la-mi-la pour ma fiancée » II,23
Retour de Bazille annoncé par l’huissier IV, 9
Le spectateur n’est jamais surpris d’entendre un personnage chanter puisque tout air est préparé par le discours qui l’environne.
Musique qui étoffe l’intrigue où elle s’insère. Moment de détente  ponctuant une séquence de tension. 2ème acte du Barbier 15 scènes, entrée du Comte déguisé en cavalier saoul, tout tourne autour de la transgression, tension pour faire échapper Rosine à son tuteur tyran, gradation de la tension : comique qui prévaut seulement dans les scènes de farce liées au déguisement du Comte, moments gratuits sur le plan fonctionnel de l’intrigue : détendre le public en sympathie avec les jeunes gens.
2ème acte du Mariage centré sur Chérubin : romance touchante, donc musique instaure tension : transgression
Dans le dernier acte, chant après le monologue de Figaro, Chérubin reprend l’air de sa romance comme sa signature scénique et vocale: « emblème de l’inconstance » : le fait que Chérubin veuille embrasser Suzanne pour n’avoir finalement que la joue du Compte permet à la Comtesse de relativiser son trouble et permet in fine sa réconciliation avec elle-même et son mari. Inconstance sentimentale traitée en chanson et sur le mode comique // oscillations de l’intensité du drame entre gaieté et mélancolie.
Musique qui remplit donc de réelles fonctions dramatiques.