Espace scénique global
un espace scénique qui joue sur la
profondeur et dont les coulisses sont à vue ; les personnages restent présents
dans ces coulisses, fabriquant ainsi collectivement l’histoire qui nous est
racontée. Les entrées et les sorties des personnages de cet espace scénique
n’obéissent pas à une géographie des lieux, ils correspondent davantage à un
imaginaire qui évolue au fil des scènes. Deux écrans sur lesquels sont
projetées des images ou des séquences vidéo de nature variée sont utilisés lors
de certaines scènes (trois caméras peuvent filmer le plateau). On peut
souligner l’importance du piano tout au long de la pièce : il est déplacé et
devient un élément de la scénographie à part entière, tour à tour piano, bar
dans le cabaret de Chérubin, etc. nages étaient plongés dans un cauchemar
Le rôle de la video dans le spectacle
Les films de Fassbinder ont été une source d’inspiration pour la
mise en scène..
Fassbinder, Lola, une femme allemande (1981)
Fassbinder, Pionniers à Ingolstadt (1971)
L’usage de la vidéo est en partie
imprégné des films de Fassbinder, ce qui crée une ambiance particulière dans la
pièce. On retrouve tout d’abord l’idée du cadrage américain pour certaines
prises vidéo, comme sur le photogramme du film Pionniers à Ingolstadt,
dont les costumes et l’ambiance ont laissé des traces dans le spectacle. Les
couleurs et les lumières de Lola, une femme allemande ont influencé la
scénographie et les costumes ; on retrouve des tons chauds et froids à la fois,
mais très marqués dans l’usage des lumières. Il peut être utile de savoir que
l’équipe du spectacle a regardé ces films avant même de commencer le travail de
plateau.
On pourrait
distinguer trois modes d’utilisation de la vidéo dans le spectacle :
-des
prises directes des acteurs au moment où ils jouent, avec de nombreux gros
plans. Selon les scènes, ces prises apportent un point de vue différent à
l’action : elles peuvent souligner les paroles de certains personnages, amener
de l’onirisme, ou encore renvoyer à des scènes de genre, comme lors de l’interrogatoire
du Comte par les douaniers dans le deuxième tableau de l’acte I. Les
personnages peuvent aller face à la caméra comme s’il s’agissait d’un miroir
(scène du sport d’hiver où Suzanne se met de la crème), ou encore d’une fenêtre
au travers de laquelle ils regarderaient (première scène avec les visages de
Figaro et Suzanne) ;
-des
tableaux de maître qui montrent chaque fois une représentation d’enfant. Les
enfants parcourent ainsi l’imaginaire de la pièce, mais ces peintures
permettent aussi au spectateur de sortir du cadre de la pièce en rendant les
sujets abordés plus universels. Le tableau d’Andrea Mantegna intitulé La
Sainte Famille avec sainte Élisabeth et saint Jean Baptiste enfant apparaît
à plusieurs moments sur l’écran, parfois de façon floue, comme dans un rêve ;
-ce
que Christophe Rauck appelle des « cartes postales », elles peuvent mettre en
route une séquence de projection donnant à voir un paysage, une situation.
Elles posent ainsi un cadre à l’action. On peut citer, à titre d’exemple, la
scène du sport d’hiver avec le téléphérique qui apparaît en fond.
La vidéaste écrit dans ses notes préparatoires : « d’une manière
générale voir l’esthétique avec quelque chose qui soit un peu vaporeux, que
cela ne soit pas net, dans ce qui a déjà été évoqué. Voir l’arrivée de
la couleur. Garder en tête cet aspect du conte. »
éléments concrets de la représentation qui permettent de créer un
univers onirique, vaporeux, irréel.
La présence d’une nuit
d’hiver sur l’écran rend l’atmosphère de certaines scènes vaporeuse.
L’utilisation de l’eau, comme un rideau de pluie, ou encore la neige qui tombe
en toile de fond crée une esthétique onirique, presque poétique, ce qui est
renforcé par le travail des lumières.