J'aurai peu de temps pour vous y préparer. Ce texte de Samuel Beckett qui est aujourd'hui quasiment un classique a créé un scandale à sa création.Le mieux serait de lire la pièce que vous pouvez emprunter au CDI
Entretien avec laurent Fréchuret : court mais très éclairant.
Un entretien un peu plus long encore plus passionnant
Dossier fourni par la CDE
En attendant Godot de Samuel Beckett
Cette pièce de théâtre en deux actes de
Samuel Beckett est parue en 1952 aux Editions de Minuit et a été
créée le 5 janvier 1953 au théâtre de Babylone à Paris, dans une
mise en scène de Roger Blin.
C’est la première pièce de Beckett
écrite directement en français. Elle met en scène deux couples
de personnages — les clochards Estragon et Vladimir, les maître
et esclave Pozzo et Lucky — et répète le même scénario sur deux
actes.
L’action se déroule le soir sur une route de campagne. Le seul élément de décor est un arbre dénudé.
Résumé de En attendant Godot
Acte 1
Estragon , un vagabond est assis par terre et se débat avec une chaussure trop étroite.
Survient, Vladimir, un autre
clochard . Il est très heureux de retrouver Estragon qu’il a
quitté la veille. Les deux hommes se mettent à parler de chose et
d’autre. Estragon est obnubilé par sa chaussure qui lui fait un mal
horrible. Vladimir, lui, médite sur le suicide, la culpabilité, la
repentance. Ils attendent tous deux la venue improbable de
Godot. Ils ne savent pas vraiment qui il est , mais espèrent
qu’il apportera une réponse à toutes leurs attentes.
Celui-ci n’arrivant pas, Vladimir et
Estragon se mettent à parler, comme pour occuper le temps, comme
pour combler le vide et le silence qui surviendraient si la
parole n’était pas présente. Ils se disputent, se réconcilient et
parlent aussi du suicide.
Au lieu de Godot, deux nouveaux
personnages apparaissent : Pozzo et Lucky, le second étant,
comme un chien, tenu en laisse par le premier. Pozzo fouette
Lucky et l’injurie. Il semble représenter le pouvoir et
l’autorité. Lucky, lui, parait être son esclave. Pour distraire
Vladimir et Estragon, Pozzo demande à Lucky de danser et de penser à
voix haute. Puis ils s’en vont laissant seuls Vladimir et
Estragon.
Un jeune garçon apparaît et annonce à
Vladimir et Estragon que Godot ne viendra pas ce soir, mais
peut-être demain.
Acte 2
Le second acte ressemble étrangement au
premier. L’action se déroule le lendemain au même endroit , à la
même heure. Quelques changements sont pourtant perceptibles.
L’arbre compte maintenant quelques
feuilles. Les deux clochards Vladimir et Estragon imitent
Pozzo et Lucky. Puis ces deux derniers réapparaissent . Le
premier est devenu aveugle et le second est frappé de mutisme.
Le jeune garçon effectue une nouvelle visite. Il affirme pourtant
n’être pas venu la veille. Il informe les deux clochards que
Godot reporte à nouveau son rendez-vous. Vladimir et Estragon
songent à se pendre, mais la ceinture d’Estragon n’est pas assez
solide.
Les dernières répliques de la pièce
sont les mêmes que celles de la fin du premier acte : Vladimir
demande : « Alors, on y va ? » et Estragon de lui répondre : « Allons-y ! »
Quelques citations de En Attendant Godot
Je suis comme ça. Ou j'oublie tout de suite ou je n'oublie jamais.
Voilà l'homme tout entier, s'en prenant à sa chaussure alors que c'est son pied le coupable.
Alors fous-moi la paix avec tes paysages ! Parle-moi du sous-sol !
En attendant, essayons de converser sans nous exalter, puisque nous sommes incapables de nous taire.
Nous naissons tous fous. Quelques uns le demeurent.
Roger Blin qui le premier, en 1953, a créé En Attendant Godot évoque cette pièce :
Je venais de monter la Sonate des spectres
de Strindberg à la Gaîté-Montparnasse dont j’étais alors devenu à
la fois le Gérant et le Directeur (il y a de cela bien plus de
dix ans !), quand j’ai fait la connaissance de Samuel Beckett. Il
était venu assister à mon spectacle, et comme il l’avait trouvé
valable, il était revenu à la Gaîté. Ce qui lui avait plu aussi
c’était que la salle était presque vide. Quelques jours après
notre rencontre, il m’envoya le manuscrit de sa pièce, En
attendant Godot que je lus, sans découvrir aussitôt le fond de l’œuvre.
C’est plus tard que je m’en suis rendu compte: cela allait très
loin !
Ce qui m’avait passionné, à première
lecture, c’était la qualité du dialogue: il n’y avait pas un mot
" littéraire a, ni même une image et c’était profondément
Iyrique. Ces phrases parlées, très courtes, exprimaient un
mélange de parodie et de gravité, qui déchiraient. J’étais
sensible, en particulier, à la pudeur de Beckett devant l’émotion
de ses personnages (toute échappée de sensiblerie était stoppée net
par une grossièreté ou par un jeu de mots). Le comique de ses
personnages était un comique de cirque. L’ensemble de l’œuvre me
donnait l’impression de l’infini, en ce sens que la pièce aurait pu
se prolonger durant quatre ou cinq actes. Seul élément de
progression: les personnages s’enfoncent toujours un peu plus à
chaque acte. J’ai essayé alors d’exprimer tout cela dans la mise
en scène (surtout la pudeur des personnages à la fin devant leur
émotion: de là, un jeu assez sec). J’ai refusé aussi le
parti-pris des AngloSaxons qui permet beaucoup trop à mon avis
une interprétation évangélique favorisant l’exégèse chrétienne.
Après la lecture de cette pièce. à
l’époque, j’ai proposé à mes associés de la monter à la
Gaîté-Montparnasse. Ils n’ont pas voulu en entendre parler. Ce
qui a été regrettable pour notre théâtre: Beckett nous aurait
sauvé momentanément de la faillite. Quand je me suis adressé,
ensuite, à d’autres théâtres, on m’a ri au nez ! Cela a duré ainsi
pendant trois ans ! Un jour, finalement, Georges Neveux, membre de la
commission d’Aide à la Première Pièce, s’est emballé pour Godot;
on m’a distribué une petite somme choisie parmi l’échantillonnage
réparti régulièrement entre les drames historiques, les pièces
religieuses et une pseudo Avant-Garde. Grâce à cette aumône, j’ai
monté En attendant Godot au Théâtre de Babylone (aujourd’hui
disparu), chez Jean-Marie Serreau. L’accueil de la presse fut
formidable. Mais personne, je tiens à le dire, n’a fait fortune
avec cette pièce !
Le spectacle a eu une centaine de
représentations, puis, la pièce a été reprise plusieurs fois à
Paris, j’ai présenté Godot à Zurich, en Hollande, en Allemagne.
Le public, les gens simples, surtout, en Allemagne, étaient
bouleversés. Pour comprendre et ressentir Beckett, on ne doit
jamais avoir de préjugés à la base: le rationalisme ou la
politique empêchent de communiquer avec cette œuvre.
extrait de http://www.alalettre.com/beckett-oeuvres-godot.php