LE CHŒUR COMME MEDIATEUR DU REGARD ET CREATEUR DU
SPECTACLE
cf un nombre considérable de
termes appartenant au vocabulaire de la vision, dérivés du verbes
« voir » ou « apparaître ». Vernant note que les mêmes
termes s’appliquent à la fois à la vision ordinaire et normale, à l’apparition
surnaturelle et à toutes les formes illusoires du paraître, de l’hallucination Si
Dionysos est l’auteur et le metteur en scène de tous ces faux-semblants, le
chœur en est le médiateur, celui qui crée les conditions spectaculaires,
l’ambiance dionysiaque propices aux jeux d’illusion. Par exemple, ce sont leurs
chants qui ouvrent l’espace visible de l’orchestra
sur l’espace à la fois exotique et sauvage où s’accomplissent les rites
bachiques. Ce sont aussi leurs
performances qui, par contraste, rendent les tentatives des autres personnages
pour devenir des bacchantes, ridicules, pitoyables et tragiques.
donc ce sont leurs réactions qui
amplifient et donnent véritablement à voir la destruction du palais de
Penthée.
après le 2e stasimon, Dionysos répondait aux appels à l’aide des Bacchantes. Il
le fait par une voix off qui doit être identifiée : à la question posée
par le chœur « qui parle ? », le dieu répond : « C’est
moi, le fils de Sémélé, le fils de Zeus »(v. 581). Le chœur réclame alors
un tremblement de terre : « Séisme divin, fais trembler la terre »(v.
585) et en voit aussitôt l’accomplissement « A l’instant le palais de
Penthée s’ébranle et va tomber ! Dionysos est là. Adorez-le. (…) Voyez se
disjoindre ces frises de marbre » (v. 587-92). Sa terreur quand une flamme
apparaît ensuite sur le tombeau de Sémélé, complète ce spectacle de chaos et
suggère une violence à la fois indescriptible et insupportable à
regarder : « Tremblez et tombez à terre, Ménades ! Oui, tombez,
notre seigneur renverse ce palais ! Il est le fils de Zeus » (v.
600-04). L’apaisement vient de
l’apparition de Dionysos à la porte du palais. Cette scène n’existe donc qu’à travers les cris et les déplacements du
chœur.
rôle dramaturgique
fondamental dans sa dernière tragédie où il manipule les éléments du rituel et
du festival dionysiaques pour faire l’apologie du théâtre et de son dieu, et
pour créer un spectacle à la fois violent et envoûtant