vendredi 19 mai 2017

Corrigé du sujet sur Dionysos(3)

Pistes de corrections:

Analyse dramaturgique du personnage:




Représentation de D = défi de la mise en scène des Bacchantes : comment incarner une divinité complexe ? Comment représenter le divin ? L’irreprésentable ? Dionysos, dieu du théâtre, présent dans le lieu à son autel, là =personnage qui a un corps, quel sorte de corps ? un dieu est omniscient et omnipotent, a le don d’ubiquité, comment le montrer ? Question de son apparence qu’il évoque lui-même dans le prologue : a pris une forme d’homme pour aborder la ville de Thèbes et réaliser son projet de vengeance contre la famille qui ne le reconnaît pas.ne se révèle finalement dieu que par la voix dans le 3ème épisode ou par l’épiphanie ( apparition) finale. Dans le prologue : manifestation au public de sa double nature.
Caractère paradoxal, indécis, inconstant, insaisissable : jouer et grave, rebelle et apparemment docile quand il est l’adepte étranger, violent et doux, virile et féminin.
« le dieu qui a trouvé le chemin de l’inattendu »
Personnage théâtral : travestissement, double langage, ironie permanente, manipule les autres, les met en scène dans un projet spectaculaire qui donnera lieu à un spectacle de théâtre de la cruauté.
Personnage de vengeur, désir de rétablir la justice qu’il incarne : cf « le dieu nous a écrasés en toute justice » V1249
Animalité : peut se transformer en taureau, en serpent, lien privilégié avec la nature et la sauvagerie, « chasseur habile » v1189, lien avec l’humide, le liquide, le vin.

Analyse des documents : suggestions, mais tout est possible si on argumente.

Doc1 Odilon Redon

Un dieu bienveillant, une présence fantastique, douce et puissante cf » le dieu le plus terrible, et la suprême douceur des hommes ! » v861
Esprit gardien des eaux : fonction possible d’un dieu, mythologie païenne, don d’ubiquité, rapport aux éléments, proportions gigantesques de la tête qui plane : omniprésence et omnipotence. Dieu cérébral, savant et spirituel, dieu qui voit tout et peut tout dire : bouche et œil de taille imposante
Mais sans corps donc impalpable, insaisissable, un dieu qui ne s’incarne pas vraiment
Force du dieu capable de s’élever et de planer sur les eaux : forme de menace par sa position, sa taille, sa posture oblique, certaine monstruosité dans les traits, en m^me temps terme de gardien, l’expression plutôt triste : bienveillance. Ambivalence du dieu.
Eléments mêlés d’enfance et de vieillesse dans l’expression : sans âge.

Doc.2 Photo de Galliano par Richard Avedon

Un dieu mi homme mi animal, un Dionysos naturel et sauvage, sexy.
« En tout cas, là, tu es taureau »V922
-animal cf cornes sur le front de l’artiste, nudité du personnage caractère sauvage, sensualité, dieu star de rock attirante, allure inquiétante aussi, presque diabolique, regard intense souligné par le maquillage et la coiffure désordonnée, puissance de séduction. Galliano acteur qui se met en scène : cornes figurées par la main comme un masque mimé, corps, posture théâtralisée. Exerce une fascination. Dieu sexuel, regard hypnotique, attitude provocatrice, tentatrice pour les femmes comme pour les hommes. Dégage une certaine violence.

Doc.3 Bill Viola
Une force de la nature, un dieu invisible, puissant, protéiforme
«  En même temps qu’il proférait ces mots, il plantait/ la lumière formidable d’un feu qui montait au ciel et descendait à la terre » V1082)
Photogramme d’une vidéo : l’ascension du personnage se fait dans le même sens que l’eau dont la chute naturelle est donc montée à l’envers : l’eau remonte vers « sa source ». procédé surnaturel : utiliser la vidéo pour représenter l’irreprésentable ?
Personnage en ascension : capable de s’élever, de remonter une eau à contre courant. Chute d’eau qui peut être le dieu, dieu absent mais qui se manifeste par sa maîtrise d’un élément naturel purificateur. Dieu souvent associé au liquide dans la pièce, à l’humide, au vin. Volonté de maitriser la nature.
Chaos : sonore, bruit de la cataracte, visuel, éclatement des gouttes, mais paradoxalement aussi harmonie : couleur, lignes, sorte d’équilibre de la composition. Vertu rafraichissante de l’eau. Notion de dieu présent dans la nature que l’on ne perçoit que par ses manifestations, pas forcément incarné. Lumière claire et diffuse qui nimbe toute la scène.

Doc 4 Ulric Collette
Un dieu quotidien et magicien à la fois, ludique et inquiétant
« Montre-toi taureau ou serpent à plusieurs têtes,/ ou lion flamboyant à voir./ va ! bacchos, le visage rieur » v 1017

 Dieu paradoxal : quotidien :cadre dans lequel est pris l’image : objets, meubles, habits ; le fantastique peut surgir du quotidien. Tension entre le normal et l’extraordinaire. Un dieu jeune et moderne. Le toujours jeune ?
Capacité e se rendre invisible, son corps disparaît lorsqu’il retire ses vêtements, contorsions étranges : insaisissable, capacité à se métamorphoser en animal cf taureau suspendu au mur cf mise en scène d’André Wilms et le masque de taureau
Incarnation par le vêtement.
 dieu artiste danseur et magicien, qui crée des illusions. Regard dense et dissimulé à la fois : défi et provocation. Apparition/disparition, jeu de cache-cache cf lorsque le dieu emmène Penthée sur le Cithéron.


Pour le projet personnel : se situer par rapport aux mises en scènes qui ont fait date.
Prologue
Traitement chez Gruber : apporté allongé sur un brancard, l’acteur Michael Konig apparait comme un sujet névrosé, qui bégaie, répète plusieurs fois « je » sans arriver à formuler son identité, jeu en ruptures, absences, éclairs, il se centre sur un objet transitionnel, une chaussure à talon qui devient un  érotique substitut maternel : lecture psychanalytique du rapport à la mère perdue qui éclaire le projet de vengeance.
Parfois son visage se nimbe de froideur altière, reflets dorés du maquillage= impassibilité lointaine des statues classiques de dieux. Phrases prononcées en grec=distance, musique d’Apollon Musagète de Stravinsky, mouvements des chevaux quand chute l’acteur = mystère.

Langhoff : transition entre homme et animal, Sémélé est aussi le pivot dramatique du prologue : c’est en heurtant l’étrange meuble qui lui tient lieu d’autel que Menas Hatzessavas ôte son masque, a honte de sa nudité en apercevant le public et s’empresse d’aller chercher les habits suspendus aux cordes à linge, à mesure que le comédien s’habille la posture se redresse et le discours se fait plus adressé jusqu’à s’énoncer, à l’avant-scène, face public pour revendiquer son statut de dieu et sa vengeance.

Mouvement vers la verticalité  aussi pour ZT Hollandia : l’acteur commence prostré en position fœtale, alors que de la fumée s’échappe d’une grille avant scène ( image du feu de la tombr de Sémélé, change progressivement de posture et passe de celle de victime à une sorte d’agressivité vindicative qui sera dominante dans son jeu. Mais D ne semble pas flotter entre deux identités, peu de signes de divinité, couronne de lierre, c’est tout. Prédicateur charlatan
.
Pas de duplicité du dieu non plus chez Omar Porras, mais c’est plutôt l’homme qui est absent : construction d’une figure mythique, sorte d’hermaphrodite fantastique en ombres pendant le prologue.
Dionysus 69 : William Finley se présente lui-même, puis annonce sa divinité, une fois passé par le « Birth Ritual » il se présentera comme Dionysos renaissant : Dionysous once again.

Traitement dans la confrontation avec Penthée : un personnage se construit dans son rapport aux autres personnages, notamment dans un agon.

Performance group : opposition William Finley/ Bill Shephard : lutte dans laquelle Shephard tente de résister à l’impact de Finley sur le public et à l’extase qui se répand sous son influence. Finley lui cherche à le soumettre à sa volonté, c’est-à-dire au pouvoir de son désir. Opposition physique : Penthée ceinture et retourne Dionysos, mais Finley peut parler de lui alors que Shephard n’est autorisé qu’à prononcer les mots d’Euripide. Finley fait rire le public, le prend avec lui, Shephard est exclu.
4ème épisode : lutte prend un tour sexuel : travestissement remplace par une demande de faire l’amour avec lui : reconnaissance de la toute puissance du désir dionysiaque. Les deux comédiens  s’embrassent et leur rapport prend pour un moment un tour fusionnel. Dimension homosexuelle dans l’attirance-répulsion de Penthée pour Dionysos.
Trois caractéristiques de leur relation : -la dissymétrie : puissance du dieu supérieure à celle du roi humain
-L’antagonisme ( théorique aussi bien que physique)
-La gémellité ( se ressemblent au fond des sortes de jumeaux)
Ex : Chez Omar Porras : mouvement de symétrie inverse : Penthée et Dionysos échangent leurs caractéristiques sexuelles et physiques : séquence du travestissement Anne-cécile Moser porte la même coiffure qu’Omar Porras et des éléments de son costume initial.
Langhoff, même gémellité physique même si surtout affrontement : même s cheveux longs, maquillage en forme de demi-masque, ressemblance qui apparaît lors de leurs face-à-faces, fin du « ème épisode Nikos Karathanos( Penthée) s’assied à une petite toilette côté cour, devant un miroir au-dessus duquel se tient un instant Dionysos ;