Projet Illusions
Comiques avec le comédien Patrice Verdeil ( compagnie Théâtre tout terrain)
Avec le comédien Patrice Verdeil
,qui a personnellement connu Elisabeth
Mazev et Olivier Py au moment de leur mariage et qui a insisté sur le caractère
profondément sincère du texte d’Olivier Py, bien que ce dernier en atténuât la portée autobiographique- pas d’allusion à la
sexualité et aux amours homosexuelles qu’il développera dans sa pièce récente Les Parisiens-, nous avons voulu
explorer le texte Illusions Comiques
en demandant aux élèves de considérer
que la problématique qui est celle de la troupe de Moi-même, alias Py, dans la
pièce, devienne la leur en tant que troupe de terminales : le théâtre
doit-il du fait de l’engouement qu’il suscite jouer un rôle plus directement
politique dans la société en se mêlant de prendre la direction des institutions
les plus prestigieuses afin de peser davantage sur la vie de nos
concitoyens ? Quelle est pour eux la mission du théâtre ? Les jeunes acteurs, du coup, au lieu de
s’appeler du nom des acteurs de la troupe de Py, -Mazev, Fau, Girard, Balazuc-, se nommeront
de leur propre nom quand ces noms apparaissent dans le texte.
Ce que nous avons surtout
voulu faire expérimenter, c’est la
variété des registres et des codes de jeu que réclame la pièce en privilégiant
les scènes collectives : Mondovision, les saluts, les définitions du
théâtre- tout en faisant entendre l’importance de la voix du « Poète mort
trop tôt » dont les apparitions structurent la pièce et remettent Moi-même
sur les chemins en apparence plus modestes du théâtre mais qui touchent au sublime.
Patrice Verdeil a surtout insisté
auprès des élèves sur la sincérité de la parole proférée mais aussi sur
l’énergie avec laquelle elle doit être adressée. Il s’agit d’un théâtre qui
célèbre le « trop en faire » de la théâtralité sans jamais verser
dans la caricature gratuite du stand up, un « trop en faire » lié à
son exigence de transmission, à sa volonté d’infléchir le cours des choses.
Il s’agissait aussi de trouver le
plaisir d’une langue pleine de tropes et de verve, un plaisir du jeu qui fait
du texte, parfois grave, -la mort n’est jamais loin-, tout de même un texte de
comédie. Une simple malle de costumes, quelques bancs ont suffi à créer les
conditions d’une mise en jeu à la manière des jeux d’improvisation que
pratiquent les troupes de théâtre en répétition.
La longue tirade de Mazev
relatant les souvenirs de la dernière tournée avec Jean-Luc Lagarce et sa mort
a été traitée de façon chorale par l’ensemble des filles de la troupe.