Interview de Clément Vercelletto : Compositeur
1) Depuis quand travailles-tu avec Matthieu et sur ce projet ?
C’est ma cinquième collaboration avec Matthieu. J’aime écouter les voix, savoir si des comédiens sont chanteurs, musiciens, dès les premières lectures, et entendre le texte.Je compose au fur et à mesure des répétitions. Je fais des tests, on discute, on ajuste avec Matthieu. Puis je retravaille seul. C’est une boucle, des allers-retours entre le studio d’enregistrement et le plateau.Je travaille beaucoup moins en amont qu’un scénographe.
2) De combien d’instruments joues-tu ?
Je fais des percussions, du saxophone soprano, de la clarinette et beaucoup d’électronique. Je compose avec le clavier quand j’en ai besoin. Je peux faire des rythmiques sur un morceau. J’aime détourner les instruments.
3) Travailles-tu à partir de musique existante, des bruitages ?
Oui les deux !!Les bruitages :Matthieu m’a demandé d’apporter des bruitages. C’est un cas d’école au théâtre, car ça peut paraître scolaire dans le sens de recréer une réalité qui n’existe pas. On l’a beaucoup vu. C’est dur de s’en emparer.J’ai fait le choix d’utiliser des bandes de vinyles. J’ai une collection de vinyles et j’achète les vinyles d bruitage. Personne ne les achète. C’était les bandes sons de l’époque. Ce sont des vieux vinyles, pas en bon état, avec des bruits, des craquements qui se rajoutent. C’est une manière de dénoncer qu’il s’agit de bruitage et de l’assumer. Tout le monde sait qu’il n’y a pas d’oiseaux sur scène...Les musiques existantes :Il y a toujours avec Matthieu un jeu avec les musiques existantes. L’un ou l’autre les apportent. Il y a de la réappropriation, des versions remixées.J’ai fait une version de la chanson du film de Lynch In Heaven, everything is fine. J’ai realisé une reprise e tj’ai tout réinventé (la grille d’accords, rajouter une batterie, la comédienne Alicia fait la voix). On a plein de manière de travailler à partir de sons existants.
4) Tu as enregistré les voix des jeunes chanteurs de l’Opéra studio, comment vas-tu les utiliser dans la pièce ?
C’est une intuition de Matthieu de travailler avec l’Opéra studio.J’ai enregistré une partition de Bach : Komm süßer Tod, une partition que j’avais faite en chorale amateure.Chaque pupitre garde sa partition en terme de hauteur de voix mais on est libre rythmiquement. L’enjeu est de détourner des partitions. Ces voix sont utilisées dans le spectacle comme des éléments d’étrangeté,évocatrices de l’ordre du spirituel.Je vais égrainer ce chant lyrique et donner à l’entendre tout au long de la pièce.
5) Les ambiances musicales de la pièce sont importantes : pour les fêtes, as-tu choisi une ambiance particulière ? La musique évolue-t-elle au cours de la pièce ?
On n’a pas un type de musique pour toutes les fêtes, mais des déclinaisons. J’ai travaillé sur des musiques très électroniques, mais on ne les a pas encore testées !! La musique c’est l’idée d’une grammaire et d’une dramaturgie.
6) Qu’écoutent selon toi les quarantenaires branchés en soirée ? T’en es-tu inspiré ?
On s’est posé la question avec Matthieu. Ces gens ont des goûts proches des nôtres mais pas tant que ça.Qu’est-ce qu’ils écoutent et qu’est-ce qu’on donne à entendre ?On a une enceinte sur le plateau : c’est leur musique. La nôtre est plus aventureuse. Je vais jouer de contrastes !!De mon côté, j’écoute des choses très différentes, pop ou même commerciales.Pour le moment, je cherche la musique du spectacle qu’ils pourraient écouter et pour pouvoir dénoncer des choses qui sont écrites dans la pièce.Par exemple : du jazz en bruit de fond. C’est admis comme une musique que l’on n’écoute pas et mo ij’adore ça. Ça me dérange !!
7) Y a-t-il une musique qui soit un leimotiv de la pièce, revient sans cesse, se déstructure ?
Peut-être qu’on aura trouvé une chanson qui revient et qui s’entête. Il y en aura certainement une à suivre....
Clément Vercelletto, décembre 2019.
La chanson qui revient pendant les fêtes: 24OOO Baci: Adriano Celentano