Scénographie
naturaliste de Stanislavski à Peter Stein:
Mise en scène originelle 1904 : théâtre d’art de
Konstantin Stanislavski : pas mal de documents à ce propos :
souvenirs de Stanislavski lui-même, correspondance avec Tchekhov, cahier de
régie. Beaucoup de discussions sur les décors. Décorateur : Simov ;
tellement de détails jusqu’à imaginer la présence d’une souricière dans un coin
du mur.
« Premier acte :
« Le décor était disposé suivant une diagonale brisée
qui plaçait la cerisaie en fleur, visible par trois grandes fenêtres arrondies
dans la partie centrale du fond du décor. Coté cour, le long du mur oblique
étaient placés une petite table, un fauteuil et le grand poêle en faïence
chargé de braises. Plus au fond une porte donnait accès à un balcon vitré, tout
à fait invisible du public mais néanmoins meublé d’une grande malle. Devant les
fenêtres arrondies, étaient disposées des petites tables de diverses formes,
des chaises, des fauteuils et plus loin sur la même ligne des pièces de
mobilier d’enfants. Côté jardin deux portes encadrant une armoire bibliothèque
donnaient accès à la chambre d’Ania et à une autre pièce elle aussi meublée
d’un lit et d’une table invisible au public. Les rideaux aux fenêtres, les
appliques lumineuses les cadres sur l s murs, les coussins sur les fauteuils
rien ne manquait à cet aménagement intérieur que venait illuminer la blancheur
des cerisiers en fleurs de plus en plus présents au fur et à mesure que le jour
se levait durant l’acte. »
Transcription minutieuse des indications du texte, rajoute
encore des détails réalistes, donne vie à des espaces invisibles du public.
Illusion mimétique poussée à l’extrême.
Mais cerisaie a aussi une dimension poétique évidente :
présence en fond de scène d’arbres en fleurs, visibles dans le cadre des
fenêtres et dont la blancheur envahit peu à peu tout le plateau permet de créer
une image dont la beauté plastique est un effet de l’art et plus seulement du
réel .
Retrouver les photos dans l'annexe de ce dossier
Retrouver les photos dans l'annexe de ce dossier
Peter Stein en 1989 à Berlin rend hommage à
Stanislavski : reprend ses indications. Reprise du décor mais plus élaboré
techniquement que celui de 1904 : espace réel, apparemment non
symbolique,, objets, plancher en bois, murs, tout participe à un effet de réel
+ travail sur la lumière : noir complet au début, puis faible lueur de la
bougie tenue par Douniacha avant qu’elle ne tire les rideaux pour faire entrer
la lumière de l’aurore.
Faire croire à une illusion de temps et d’espace
réels : naturalisme.
« Peter Stein , le seul montre la cerisaie. Varia tire
le rideau qui la dissimule pour la découvrir dans toute son envoûtante
splendeur, sensuelle et grandiose. Alors le théâtre plonge dans la littéralité
extrême et, parce qu’il accepte le concret poussé jusqu’aux ultimes limites, il
parvient mieux que jamais à produire de l’imaginaire. Ici, le naturalisme ne
prend pas le dessus et la cerisaie qui se montre avec un pareil éclat devient
l’ultime, suprême expérience fantomale. En la voyant, comment reprocher aux
maîtres, prisonniers de ses pouvoirs, de ne pas être à même d’envisager sa
suppression, comment détruire la beauté du monde ? » Georges Banu,
Notre théâtre La Cerisaie.
Approfondir: Qui est Stanislavski? La méthode Stanislavski
Emission de radio: Admirer Tchekhov, invité Peter Stein avec des extraits de La Cerisaie
Approfondir: Qui est Stanislavski? La méthode Stanislavski
Emission de radio: Admirer Tchekhov, invité Peter Stein avec des extraits de La Cerisaie