En suivant Prouhèze
projet des Terminales de spécialité théâtre du lycée Camille See à partir du Soulier de Satin de Paul Claudel, œuvre au programme national de la spécialité théâtre en 2021/2022.
Partenaire artistique, le metteur en scène Serge Lipzsyc
Avec Prune Babeau, Laura Habib Jiwan, Marcelline Hatton, Julia, Kolarek, Marylou Maenner, Pauline Muller, Basile Mundel, Louna Schmitt, Emma Servo, Romane Sidaine, Salomé Stoeckle, Elise Villemin.
Travailler l’œuvre testamentaire de Claudel avec des lycéens de Terminale est une véritable gageure. Dans la mise en scène d’Antoine Vitez, les quatre journées de la pièce ont duré plus de 11h. Œuvre monde qui se passe au Siècle d’Or espagnol et nous fait voyager d’Europe en Afrique, sans oublier les Amériques ni même l’Asie, le Soulier raconte aussi la version apaisée du drame intime de l’auteur, ses amours tumultueuses avec Rosalie Vetch, femme mariée et mère de quatre enfants, rencontrée sur un bateau, qui amenait le diplomate en Chine, après le refus qui lui avait été fait de devenir religieux. De cette femme, qui disparaîtra brutalement de sa vie pendant de longues années, il aura une fille Louise dont il ignorera longtemps l’existence. Dans le Soulier, Rosalie aura les traits tour à tour de Prouhèze, Musique, Dona Isabel, L’Actrice et lui-même se dessinera à la fois dans Don Rodrigue et son rival, Camille, le cousin de Prouhèze.
Dans notre projet qui se limitera à des extraits des deux premières journées, nous suivrons surtout le destin de Prouhèze, qui follement amoureuse de Don Rodrigue qu’elle a soigné dans la forteresse de Ceuta, gouvernée par son mari Don Pélage, avant le début de la pièce, est prête à tout pour le retrouver même si elle se sait pécheresse et si finalement elle renoncera à lui au nom d’un amour plus grand, celui de Dieu dans Le Soulier, mais qui est surtout l’inextinguible, un absolu, au-delà de la condition charnelle des amants.
Nous avons aussi exploré la théâtralité extrêmement originale de Claudel pour son époque, foisonnante, mêlant les registres, pratiquant des effets de distanciation avec l’introduction de personnages méta-théâtraux qui invitent à une mise en scène foraine. Nous avons choisi de jouer la préface de Claudel qui donne la clé de ce théâtre novateur et joyeux où tout repose sur le jeu des acteurs et sur leur souffle pneumatique.
Comme dit L’Annoncier : « C’est ce que vous ne comprendrez pas qui est le plus beau, c’est ce qui est le plus long qui est le plus intéressant et c’est ce que vous ne trouverez pas amusant qui est le plus drôle »
Christine Huckel-Ottenwelter, professeur de lettres et de théâtre.