samedi 8 octobre 2022

Approfondir La Nuit des Rois ( V)

Autres mises en scènes célèbres: 

Ariane Mnouchkine : pour la saison 1981-1982, la directrice du Théâtre du Soleil avait envisagé un temps de monter à la suite six drames historiques de Shakespeare (Richard II, La Nuit des rois, Henri IV — première et deuxième parties —, Peines d’amour perdues, Henri V), au rythme
d’un tous les deux mois. Ariane Mnouchkine propose une nouvelle traduction. Cependant, ce rêve restera inachevé : seuls Richard II, La Nuit des rois et Henri IV, première partie, seront montés,respectivement en 1981, 1982 et 1984, dans un décor unique (plateau clair et nu, à longues raies
noires et grands rideaux de soie en fond de scène). Les influences
orientales sont sensibles dans les costumes (tenues de samouraïs
pour Richard II, costumes persans pour La Nuit des rois) comme dans
la mise en scène, qui s’inspire du nô et du kathakali. D’une somptueuse
lenteur, plus de quatre heures, La Nuit des rois de Mnouchkine fait
alterner des scène guignolesques, des scènes muettes et la musique
de Jean-Jacques Lemêtre : des percussions étonnantes et des
cordes indiennes.

Jérôme Savary (1992, Comédie-Française, trad. de Jean-Michel Déprats) : le décor présente une Illyrie de théâtre, avec des voiles carguées au-dessus de la salle. Oscillant entre burlesque et romanesque, cette mise en scène est restée en mémoire par la beauté de ses décors modulables et
ses musiciens, mimes, danseurs qui ont accompagné les acteurs durant tout le spectacle.
Hélène Vincent (1998, Théâtre national Marseille La Criée) : une mise en scène qui se caractérise par une grande subtilité dans la maîtrise et la composition de la lumière (les éclairages géométriques mettent peu à peu en place les pièces du puzzle), dans l’harmonie des couleurs seyant aux costumes, dans la sobriété symbolique et onirique des décors. un jeu de masques permettait les jeux de travestissement. Comme pour dire un
kaléidoscope des désirs et des identités, Hélène Vincent a délibérément inscrit le jeu de ses comédiens dans un registre où l’imaginaire du spectateur doit se fondre avec la multiplicité des volontés subjectives.
Servie par la traduction de Jean-Michel Déprats, cette mise en scène non dépourvue d'ambiguïté vient souligner le jeu d'ombre final avec le bouffon et Sir Andrew. Cette dernière image reprend en effet le motif des marionnettes déjà évoqué à la fin de la gigue finale, quand Malvolio se joint soudainement à la fête à laquelle il n'a pas été invité. Les scènes comiques
sont particulièrement bien réussies. La musique joue à juste titre un rôle important dans cette mise en scène.


Eric Sanjou (2008, Théâtre Sorano à Toulouse, traduction d’eric Sanjou) : tout se joue sur un plateau blanc sur lequel tombe sans fin des flocon de neige, nu et incliné, tel un morceau de banquise, à la dérive sous la nuit étoilée. Comme dans un conte, le metteur en scène nous entraîne
dans la nuit lumineuse du théâtre. La projection sur ce plateau/écran d'une nappe de « nuages » en perpétuel mouvement accentue encore cette impression d'infini et de temps suspendu. Le spectacle
s'ouvre sur l'apparition de huit personnages identiques, clones shakespeariens ; cinq d’entre eux portent des masques. L’ensemble du spectacle s’accompagne de musiques et d’environnement
sonore mais également d’images en vidéo. Dans cette mise en scène, très moderne, le rire côtoie le cauchemar pour mieux dire « le bonheur et la déchirure d’aimer » 

à suivre...