Autres mises en scènes célèbres:
Ariane Mnouchkine : pour la saison 1981-1982,
la directrice du Théâtre du Soleil avait envisagé un
temps de monter à la suite six drames historiques de Shakespeare (Richard II, La Nuit des rois, Henri IV —
première et deuxième parties —, Peines d’amour perdues, Henri V), au rythme
d’un
tous les deux mois. Ariane Mnouchkine propose une nouvelle traduction.
Cependant, ce rêve restera inachevé : seuls Richard II, La Nuit des rois et Henri IV,
première partie, seront montés,respectivement en 1981, 1982 et 1984, dans un décor
unique (plateau clair et nu, à longues raies
noires
et grands rideaux de soie en fond de scène). Les influences
orientales
sont sensibles dans les costumes (tenues de samouraïs
pour
Richard II,
costumes persans pour La Nuit des rois) comme dans
la
mise en scène, qui s’inspire du nô et du kathakali. D’une
somptueuse
lenteur,
plus de quatre heures, La
Nuit des rois de
Mnouchkine fait
alterner
des scène guignolesques, des scènes muettes et la musique
de
Jean-Jacques Lemêtre : des percussions étonnantes et des
cordes
indiennes.
Jérôme Savary (1992, Comédie-Française,
trad. de Jean-Michel Déprats) : le décor présente une
Illyrie de théâtre, avec des voiles carguées au-dessus de la salle. Oscillant
entre burlesque et romanesque, cette mise en scène est restée en
mémoire par la beauté de ses décors modulables et
ses
musiciens, mimes, danseurs qui ont accompagné les acteurs durant tout le
spectacle.
Hélène
Vincent (1998,
Théâtre national Marseille La Criée) : une mise en scène qui se caractérise
par une grande subtilité dans la maîtrise et la composition de la lumière (les
éclairages géométriques mettent peu à peu en place les pièces du
puzzle), dans l’harmonie des couleurs seyant aux costumes, dans la
sobriété symbolique et onirique des décors. un jeu de masques permettait les
jeux de travestissement. Comme pour dire un
kaléidoscope
des désirs et des identités, Hélène Vincent a délibérément
inscrit le jeu de ses comédiens dans un registre où
l’imaginaire du spectateur doit se fondre avec la multiplicité
des volontés subjectives.
Servie
par la traduction de Jean-Michel Déprats, cette mise en scène non
dépourvue d'ambiguïté vient souligner le jeu d'ombre final avec le
bouffon et Sir Andrew. Cette dernière image reprend en effet
le motif des marionnettes déjà évoqué à la fin de la gigue finale,
quand Malvolio se joint soudainement à la fête à laquelle il n'a pas
été invité. Les scènes comiques
sont
particulièrement bien réussies. La musique joue à juste titre un rôle
important dans cette mise en scène.
Eric
Sanjou (2008,
Théâtre Sorano à Toulouse, traduction d’eric
Sanjou) : tout se joue sur un plateau blanc sur lequel tombe sans fin
des flocon de neige, nu et incliné, tel un morceau de banquise,
à la dérive sous la nuit étoilée. Comme dans un conte, le metteur en scène nous
entraîne
dans
la nuit lumineuse du théâtre. La projection sur ce plateau/écran d'une nappe de
« nuages » en perpétuel mouvement accentue encore cette impression
d'infini et de temps suspendu. Le spectacle
s'ouvre
sur l'apparition de huit personnages identiques, clones shakespeariens ; cinq
d’entre eux portent des masques. L’ensemble du spectacle s’accompagne
de musiques et d’environnement
sonore
mais également d’images en vidéo. Dans cette mise en scène, très moderne, le
rire côtoie le cauchemar pour mieux dire « le bonheur et la déchirure
d’aimer »
à suivre...