jeudi 5 janvier 2023

Citations du Soulier lues le 5 janvier

 

Citations dans le Soulier :

1.Écoutez bien, ne toussez pas et essayez de comprendre un peu. C’est ce que vous ne comprendrez pas qui est le plus beau, c’est ce qui est le plus long qui est le plus intéressant et c’est ce que vous ne trouverez pas amusant qui
est le plus drôle.  ( L’Annoncier)

 

2.Tout a expiré autour de moi, tout a été consommé sur cet étroit autel qu’encombrent les corps de mes sœurs l’une sur l’autre, la vendange sans doute ne pouvait se faire sans désordre,    Mais tout, après un peu de mouvement, est rentré dans la grande paix paternelle.( Le Jésuite, frère de Rodrigue)

 

3. Apprenez-lui que Vous n’êtes pas le seul à pouvoir être absent !

Liez-le par le poids de cet autre être sans lui si beau qui l’appelle à travers l’intervalle !

Faites de lui un homme blessé parce qu’une fois en cette vie il a vu la figure d’un ange ! Remplissez ces amants d’un tel désir qu’il implique à l’exclusion de leur présence dans le hasard journalier

L’intégrité primitive et leur essence même telle que Dieu les a conçus autrefois dans un rapport inextinguible !

Et ce qu’il essayera de dire misérablement sur la terre, je suis là pour le traduire dans le Ciel. ( Le Jésuite)

 

4. On n’aime pas un juge.

Mais moi, j’ai appris tout de suite qu’il n’y avait pas de plus grande charité que de tuer les êtres malfaisants.

Que de journées j’ai passées ici, n’ayant pour compagnie du matin jusqu’au soir que mon vieux jardinier,

Ces orangers que j’arrosais moi-même et cette petite chèvre qui n’avait pas peur de moi ! ( Don Pélage)

 

5. D’autres à la femme qu’ils aiment montrent des perles, des châteaux, que sais-je ? des forêts, cent fermes, une flotte sur la mer, des mines, un royaume,

Une vie paisible et honorée, une coupe de vin à boire ensemble.

Mais moi, ce n’est rien de tout cela que je vous propose, attends ! je sais que je vais toucher la fibre la plus secrète de ton cœur,

Mais une chose si précieuse que pour l’atteindre avec moi rien ne coûte, et vous vous ennuierez de vos biens, famille, patrie, de votre nom et de votre honneur même !

Oui, que faisons-nous ici, partons, Merveille ! ( Don Camille)

 

6. DOÑA PROUHÈZE

Qu’ai-je à moi qui ne lui appartienne ?

Je lui donnerais le monde entier si je le pouvais !

 

 

 

 

 

 

 

7.Alors, pendant qu’il est encore temps, tenant mon cœur dans une main et mon soulier dans l’autre,

Je me remets à vous !

Vierge mère, je vous donne mon soulier ! Vierge mère, gardez dans votre main mon malheureux petit pied !

 Je vous préviens que tout à l’heure je ne vous verrai plus et que je vais tout mettre en œuvre contre vous !

Mais quand j’essayerai de m’élancer vers le mal, que ce soit avec un pied boiteux ! la barrière que vous avez mise,

Quand je voudrai la franchir, que ce soit avec une aile rognée !

J’ai fini ce que je pouvais faire, et vous, gardez mon pauvre petit soulier,

Gardez-le contre votre cœur, ô grande Maman effrayante ! ( Prouhèze)

 

8. Ah ! que le ciel me pardonne ! mais quand parfois comme aujourd’hui, des bords de cet estuaire, je vois le soleil m’inviter d’un long tapis déroulé à ces régions qui me sont éternellement disjointes,

 L’Espagne, cette épouse dont je porte l’anneau, m’est peu à côté de cette esclave sombre, de cette femelle au flanc de cuivre qu’on enchaîne pour moi là-bas dans les régions de
la nuit !

Grâce à toi, fils de la Colombe, mon Royaume est devenu semblable au cœur de l’homme :

Alors qu’une part ici accompagne sa présence corporelle, l’autre a trouvé sa demeure outre la mer ;

Il a mouillé ses ancres pour toujours en cette part du monde qu’éclairent d’autres étoiles. ( Le Roi d’Espagne)

 

9. L’homme en qui je me reconnais et qui est fait pour me représenter n’est pas un sage et un juste, qu’on me donne un homme jaloux et avide!

Qu’ai-je à faire d’un homme raisonnable et juste, est-ce pour lui que je m’arracherai cette Amérique et ces Indes prodigieuses dans le soleil couchant, s’il ne l’aime de cet amour injuste et jaloux ?

Est-ce dans la raison et la justice qu’il épousera cette terre sauvage et cruelle, et qu’il la prendra toute glissante entre ses bras, pleine de refus et de poison ?

Je dis que c’est dans la patience et la passion et la bataille et la foi pure ! car quel homme sensé ne préférerait ce qu’il connaît à ce qu’il ne connaît pas et le champ de son père à cette pépinière chaotique ? ( Le Roi d’Espagne)

 

10. Qu’est-ce que cette femme que vous aimez ? Au dehors
cette bouche peinte comme avec un pinceau, ces yeux plus beaux que s’ils étaient des boules de verre, ces membres exactement cousus et ajustés ?

Mais au dedans c’est le chagrin des démons ; le ver, le feu, le vampire attaché à votre substance ! La matière de l’homme qui lui est entièrement soutirée et il ne reste plus qu’une forme brisée et détendue comme un corpuscule de cricri, horreur ! ( Le Chinois)

 

10. Rodrigue

Ce ne sont point ses yeux, c’est elle-même tout entière qui est une étoile pour moi !

Jadis sur la mer des Caraïbes, quand à la première heure du matin je sortais de ma caisse étouffante pour prendre la veille,

Et qu’une seconde on me montrait cet astre réginal, cette splendide étoile toute seule au bandeau du ciel transparent,

Ah ! c’était le même saisissement au cœur une seconde, la même joie immense et folle !

 

DON RODRIGUE

11.Et crois-tu donc que ce soit son corps seul qui soit capable d’allumer dans le mien un tel désir ? Ce que j’aime, ce n’est point ce qui en elle est capable de se dissoudre et de m’échapper et d’être absent, et de cesser une fois de m’aimer, c’est ce qui est la cause d’elle-même, c’est cela qui produit la vie sous mes baisers et non la mort!

Si je lui apprends qu’elle n’est pas née pour mourir, si je lui demande son immortalité, cette étoile sans le savoir au fond d’elle-même qu’elle est,

Ah ! comment pourrait-elle me refuser ?

Ce n’est point ce qu’il y a en elle de trouble et de mêlé et d’incertain que je lui demande, ce qu’il y a d’inerte et de neutre et de périssable, C’est l’être tout nu, la vie pure,

C’est cet amour aussi fort que moi sous mon désir comme une grande flamme crue, comme un rire dans ma face !

 

12. Rodrigue :

Car je sais que c’est seulement dans le vide absolu de toute chose que je la rencontrerai.

Est-ce parce que je suis beau ou noble ou vertueux que je voudrais qu’elle m’aime ? ou pour rien autre chose que ce besoin désespéré que j’ai de son âme ?

Ou quand je pense à elle, est-ce que je désire rien d’elle autre que tout à coup vers moi ce mouvement sacré de son cœur ? est-ce que tout d’elle alors ne disparaît pas, oui, même ces yeux si beaux !

 

13.Le Sergent

 

Crois-tu donc que je vais l’endommager ? ce serait comme un pâtissier qui consommerait ses flans.

Je m’évapore à ses pieds dans le respect et
l’attendrissement !

Je souffle dessus pour enlever la poussière ! J’y jette un peu d’eau avec le bout des doigts ! Je l’époussète chaque matin avec un petit plumeau fait de duvet de colibri !

 

14.Musique :

Ce cœur qui m’attendait, ah ! quelle joie pour moi de le remplir !

Et si parfois le matin le chant d’un seul oiseau suffit à éteindre en nous les feux de la vengeance et de la jalousie,

Que sera-ce de mon âme dans mon corps, mon âme à ces cordes ineffables unie en un concert que nul autre que lui n’a respiré ?

Il lui suffit de se taire pour que je chante !

Où il est je ne cesse d’être avec lui. C’est moi pendant qu’il travaille, le murmure de cette pieuse fontaine !

C’est moi le paisible tumulte du grand port dans la lumière de midi,

 C’est moi mille villages de toutes parts dans les fruits qui n’ont plus rien à redouter du brigand et de l’exacteur,

C’est moi, petite, oui, cette joie stupide sur son vilain visage,

 La justice dans son cœur, ce réjouissement sur sa face !

 

 

 

 

 

15.

LA NÉGRESSE

Doña Merveille est dans cette forteresse et Don Balthazar la défend et Don Pélage revient demain ou après-demain
et il enlève Doña Merveille en Afrique et Don Rodrigue ne la reverra plus, tu tu tu ! Il ne la reverra pas, tralala!

 

 

16.L’ANGE GARDIEN

Regardez-la qui se démène au milieu des épines et des lianes entremêlées, glissant, rampant, se rattrapant, des ongles et des genoux essayant de gravir cette pente abrupte ! et ce qu’il y a dans ce cœur désespéré !

Qui prétend que les Anges ne peuvent pas pleurer ?

Est-ce que je ne suis pas une créature comme elle ? est-ce que les créatures de Dieu ne sont rattachées par aucun lien ?

 Ce qu’ils appellent la souffrance, est-ce que cela se passe dans un monde à part et de tout le reste exclu ! est-ce qu’elle échappe à notre vision ?est-ce qu’elle est une chose agréable à contenir pour cet être qui embrasse son objet ?

 

17.L’ANGE GARDIEN

 

Écoutez avec quelle horrible facilité elle parle de déposer cette âme qui ne lui appartient pas et qu’il a coûté tant de peine à faire et à racheter.

 

 

Je ne parle pas pour moi, mais pourquoi faut-il toujours que je sois mêlé aux affaires d’amour des autres quand personne jamais ne s’intéresserait aux miennes ?

Supposons qu’on vous ait chargé de garder quelqu’un, oui, disons un grand criminel.

Et celui qu’elle aime, elle apprend qu’il se meurt et qu’il demande à la voir,

Est-ce que cela vous amuserait d’entendre ses larmes et ses supplications ? à quoi cela sert-il ? Est-ce que c’est honnête de me tourmenter ainsi? comme si j’étais libre moi-même de ne pas faire ce qui est écrit et que l’on m’a commandé ! ( Don Balthazar)

 

18. DON BALTHAZAR

En attendant regarde cette table qu’on a recouverte pour nous des plus beaux fruits de la terre et des flots,

Le doux et le salé, ces coquillages bleus comme la nuit, cette belle truite rose sous sa peau d’argent comme une nymphe comestible, cette langouste écarlate,

Ce rayon de miel, ces grappes translucides, ces figues trop sucrées qui s’entr’ouvrent, ces pêches comme des globes de nectar...(Balthazar)