DEUXIEME
JOURNEE
Scène
Personnages Lieu Résumé
Scène I Don
Gil, le maître drapier et des cavaliers. Ils sont à Cadix,
ville
espagnole, dans la boutique d’un tailleur-drapier, débordant
d’étoffes.
On voit la vie dans cette boutique : atelier de brodeuses,
cavaliers
qui passent des commandes. Des cavaliers discutent et
s’enflamment
à l’idée de partir avec Rodrigue pour représenter
l’Espagne
dans le Nouveau Monde (Rappel = les Indes = l’Amérique,
nouvellement
découverte par les Espagnols et donc province
espagnole).
Scène II
L’Irrépressible, Dona Prouhèze et Dona Honoria, mère de
Rodrigue. Il
y a un déménagement à vue des accessoires de la scène
précédente :
on arrive dans la « Sierra Quelquechose » au milieu des
forêts de
Catalogne. Clair de lune. On voit le château de Rodrigue.
L’Irrépressible
est un personnage comique, une sorte de clown de
cirque (cf.
didascalie), qui fait le point sur l’action, dit ce qu’il est arrivé
aux
personnages et rappelle que l’on est au théâtre : il annonce dans
quel lieu on
se rend pour la scène, il donne des ordres aux machinistes,
rappelle au
public comment ça se passe au théâtre (cf. le temps
accordéon
p.129), il fait entrer les personnages sur la scène...
Rodrigue,
mal en point suite à sa blessure (bataille scène XIX première
journée),
est soigné par sa mère. Dona Prouhèze, qui s’est échappée
de
l’auberge, est arrivée il y a quelques jours environ. Elle n’a pas
réussi à
voir son amant : ils sont séparés par les épais murs du château.
Dona Honoria
a vu que Dona Prouhèze était là.
Scène III
Dona Honoria et Don Pélage. Ils sont dans une salle du
château.
Midi, une journée d’automne. Pélage vient chercher
Prouhèze :
il rappelle qu’elle est liée à lui par le sacrement du mariage
qui est un
engagement devant Dieu. Il explique pourquoi il l’a épousée
malgré leur
différence d’âge. Il a voulu la sauver en quelque sorte, lui
donner la
paix de la Sainte Vierge et de Dieu. Dona Honoria explique
pourquoi il
a eu tort : il ne peut pas décider à la place de Prouhèze et
il l’a
emprisonnée. Il demande à être conduit à la chambre de sa
femme.
Scène IV Don
Pélage et Dona Prouhèze dans une autre pièce du
château.
Elle travaille à sa tapisserie et tourne le dos à Pélage. Il lui
rappelle le
serment du mariage. Elle le sait et s’est interdit la chambre
du blessé.
Il lui annonce sa mission : elle prendra seule le
commandement
de Mogador sur la côte africaine car Don Camille
n’est pas
assez un honnête serviteur de l’Espagne (il sera d’ailleurs
sous son
commandement à elle) tandis que lui doit rester au Nord de
l’Afrique.
Elle n’est pas ravie, mais il lui en donne l’ordre.
Scène V Le
vice-roi de Naples, des seigneurs, l’archéologue et le
chapelain.
Ils sont en Italie, à Rome, assis sur une route où il y a des
vestiges
avec leurs chevaux et bagages; on voit la construction de la
basilique
Saint-Pierre. Le soir, lumière dorée. Le vice-roi et ses
compagnons
parlent de la mission de l’église catholique, de l’art
baroque et
du peintre Rubens.
Scène VI
Saint-Jacques occupe la scène en hauteur : c’est une figure
gigantesque
et parsemée de feux de Saint-Jacques. La constellation de
St-Jacques,
appelée Orion, illumine la nuit. Dans son monologue, il
raconte
qu’il est entre les deux mondes, qu’il a tiré le bateau de
Christophe
Colomb avec un fil de lumière. Il observera de là-haut le
bateau de
Prouhèze qui va aller vers l’Afrique et celui de Rodrigue qui
va vers
l’Amérique. « Un homme, une femme, tous deux me regardent
et pleurent.
» Il sera à leur côté pour l’hiver, dit-il.
Scène VII Le
roi et Don Pélage dans une salle du palais de l’Escurial en
Espagne. Le
roi décide de faire se revoir Rodrigue et Prouhèze pour les
mettre à
l’épreuve : Rodrigue ira à Mogador porter une lettre à
Prouhèze où
il est écrit qu’elle doit décider de rester en Afrique ou
non. Il a
besoin de savoir ce que Rodrigue à dans les tripes, de
connaître sa
résistance (n’oublions pas que c’est Rodrigue qui doit
représenter
le roi d’Espagne en Amérique).
Scène VIII
Don Rodrigue et le capitaine qui sont en pleine mer pas très
loin de
Mogador sur un bateau dont un mât est coupé. C’est la nuit.
Rodrigue
expose au capitaine que c’est le nom de Don Camille qui l’a
ramené de
son coma car il a su que Prouhèze est à Mogador avec lui.
Rodrigue espère
la ramener sur son bateau et dit vouloir son corps
avant de la
laisser : il est fou de rage parce qu’il est malheureux. Il sait
qu’elle
l’aime et le fuit. Le capitaine lui dit qu’elle aurait pu le rejoindre
car leurs
bateaux se sont croisés : « C’était elle ! Oui, je lui ai vu lever
le bras. Je
la regardais et elle me regardait. » C’est là que leur bateau
a reçu un
boulet qui a coupé le mât. Le capitaine évoque une épave
qu’il a
repêchée : c’est l’épave du début de la pièce (Journée I, scène
I). Le bateau
s’appelait le Santiago. Rodrigue reconnaît le nom du
bateau sur
lequel se trouvait son ami le Père Jésuite qui naviguait vers
le Brésil.
Scène IX Don
Camille et Dona Prouhèze dans la forteresse de
Mogador. Il
veut lui montrer ses installations, mais elle a déjà tout vu
en en
donnant l’ordre au lieutenant. Elle montre que c’est elle qui a le
pouvoir sur
ordre du roi ; Camille prétend qu’il a encore le pouvoir,
mais non et
souhaite partir. « J’ai besoin de vous pour l’instant. Et cela
m’amuse de
faire de vous ce que je veux », lui dit-elle. Ils regardent le
bateau de
Rodrigue au loin.
Scène X Le
vice-roi de Naples et Dona Musique. Forêt vierge en Sicile
avec grotte,
verdure et ruisseau. Clair de lune et, au loin, la mer.
« Comme ces
indications sont impossibles à réaliser, elles seront
avantageusement
remplacées par Dona Musique qui en donnera
connaissance
au public. » Le bateau sur lequel était Dona Musique a
coulé et
elle a réussi à gagner la berge tandis que les autres se sont
noyés. Elle
a rencontré le vice-roi de Naples qui existe en fait. Il parle
de ses
obligations et Musique lui demande ce qu’il entend : il évoque
une faible
musique qui est comme divine. Il écoutait déjà Musique
sans savoir
que c’était elle. Ils ont la révélation que leur amour existait
sans doute
avant qu’ils se rencontrent.
Scène XI Don
Camille et Don Rodrigue dans la forteresse de Mogador
dans une
salle étroite et voûtée. Rideaux noirs au lointain. Ferrailles
rouillées
dans un coin. Rodrigue est de dos à Camille. Il vient joindre
son ombre à
la sienne. Il vient donner la réponse de Prouhèze à
Rodrigue : «
Je reste. Partez. » La lettre lui demandait de partir avec
Rodrigue
pour qu’elle rejoigne son époux, Don Pélage. Camille lui dit
qu’il aurait
dû la prendre plutôt que de rester dans cet interdit qu’il
s’est imposé
de l’aimer concrètement. Rodrigue redit son amour infini
pour elle.
Mais il y a toujours cet interdit sacré de consommer leur
amour : « Le
bien qui désire mon âme est mêlé à ce corps interdit ? »
Camille ne
comprend pas du tout cette attitude, lui ne se pose pas ce
genre de
question vis-à-vis des femmes. Rodrigue est désespéré de
voir qu’elle
reste avec Camille et il sait que Prouhèze et lui auront une
relation : «
Elle ne vivra pas longtemps impunément toute seule sur le
bord de
votre désir. »
Scène XII
Don Gusman, Ruis Peraldo, Ozorjo, Remedios, porteurs
indiens. Ces
bandeirantes sont dans une clairière de forêt vierge en
Amérique.
Ils évoquent leurs espoirs (trouver des émeraudes) et leurs
craintes sur
leur vie dans ce Nouveau Monde.
Scène XIII
L’Ombre Double d’un homme avec une femme, debout,
projetée sur
un écran au lointain. Monologue : métaphore de la brève
rencontre de
Rodrigue et Prouhèze. Elle se plaint d’être séparée : « Et
pourquoi
m’ayant créée, m’ont-ils ainsi séparée, moi qui ne suis
qu’un ? »
Scène XIV La
lune fait un long monologue. L’ombre double a laissé la
place à
l’ombre d’une palme. La lune évoque la dimension mystique et
sacré de
l’amour entre Rodrigue et Prouhèze qui leur fait éprouver
leurs limites
et transcender l’amour terrestre. Elle fait entendre ce que
se dit
Prouhèze : « Jamais je ne pourrai plus cesser d’être sans lui et
jamais elle ne pourra plus cesser d’être sans moi. Il y a quelqu’un pour
toujours de
la part de Dieu qui lui interdit la présence de mon corps.
Parce qu’il
l’aurait trop aimé. Ah ! je veux lui donner beaucoup plus ! »
C’est un
lien d’âme. « Si je ne puis être son paradis, du moins je puis
être sa
croix ! Pour que son âme avec son corps y soit écartelée, je vaux
bien ces
deux morceaux de bois qui se traversent. Puisque je ne puis
lui donner
le ciel, du moins je puis l’arracher à la terre. Moi seule puis
lui fournir
une insuffisance à la mesure de son désir ! » A la fin, elle fait
entendre
Rodrigue : « C’est toi (Prouhèze) qui m’ouvres le paradis et
c’est toi
qui m’empêches d’y rester. » Prouhèze lui a fait goûter le
paradis par
cet amour, mais il ne peut y rester. « C’est en cette
blessure que
je te retrouve ! C’est par elle que je me nourris de toi ! »
Le manque
douloureux et intense qu’il éprouve la rend omniprésente
dans sa vie
(Merci aux collègues du Nord )