Article qui décrit bien la mise en scène et la scéno pour vos traces.
Emission de radio Coup de thé^tre à la Comédie de Colmar
Interview de la metteuse en scène Chloé Dabert
Le Firmament est un drame se déroulant en 1759, en Angleterre.
Alors que tout le pays attend la comète de Halley, Sally Poppy, une jeune
domestique dont la vie n’a été que pauvreté et corvées, est condamnée
à la pendaison pour le meurtre particulièrement violent d’une fillette,
enfant d’une puissante famille de notables d’une petite ville de province.
Cette jeune femme qui rêvait d’une existence différente, a été reconnue
coupable - avec son amant.
Quand elle prétend être enceinte, un jury de douze femmes est réuni :
celles-ci sont alors exemptées de leurs tâches ménagères quotidiennes
et convoquées au tribunal pour décider si l’accusée dit la vérité ou
essaye d’échapper à sa mort en affirmant attendre un enfant, ce qui
commuerait sa peine en exil. Selon la loi, même si l’enfant n’est pas
encore né, il est considéré comme un être vivant qui ne peut être
coupable du crime de sa mère.
Ce jury populaire est composé de femmes de la ville de conditions
différentes : l’une s’inquiète de pouvoir rentrer à temps pour récolter
des poireaux, une autre de ses bouffées de chaleur, une est stérile,
une autre a eu 21 enfants, etc. Seule la sage-femme, Elizabeth Luke,
est prête à défendre l’accusée tout en savourant la rare opportunité
pour des femmes d’avoir un pouvoir décisionnaire sur les événements
dans un monde habituellement dicté par les hommes. Que faire alors
de ce « pouvoir » dont on n’a pas l’habitude ? Le prendre, s’en remettre
à d’autres, ou essayer de l’exercer selon ses critères personnels en
essayant de prendre en compte une justice globale ?
Ensemble, alors qu’une foule s’insurge et réclame une sévère
condamnation sous les fenêtres de ce tribunal à huis-clos, elles
débattent et luttent, aux prises avec leur nouvelle autorité éphémère,
sous le seul regard d’un huissier qui n’a ni le droit d’intervenir ni même de
parler, tout en laissant émerger des récits de vie.
Entre anecdotes sans filtres et débats sur la politique de colonisation
qui gagne le pays, avec humour et rage, se règlent des querelles de
village et des conflits de classes dans une langue tant archaïque que
contemporaine.