Assister à un spectacle de Gisèle Vienne est une expérience à la fois déroutante et stimulante
pour le spectateur. Déroutante parce que l’écriture artistique ne ressemble à aucune autre.
Gisèle Vienne s’attache à explorer des formes inédites, brisant les repères conventionnels, les
malmenant, tout en développant un langage scénique nouveau. Elle interroge la représentation,
mais aussi les représentations du monde. Stimulante, parce qu’elle installe le spectateur
dans un état d’inconfort réjouissant, qui l’incite à s’absorber dans le spectacle non pas selon
une posture rationnelle, mais comme une expérience sensible qui bouleverse perceptions et
émotions.
Gisèle Vienne occupe une place singulière dans le paysage de la création contemporaine. Son parcours
la conduit, après une formation à la philosophie, vers une activité de plasticienne qui s’enrichira d’un
cursus à l’École nationale supérieure des arts de la marionnette de Charleville-Mézières.
Gisèle Vienne se définit aujourd’hui aussi bien chorégraphe, plasticienne, marionnettiste que metteure
en scène. C’est une artiste hybride, qui développe un langage inédit, au croisement de ces différents
domaines.
Dans un certain nombre de spectacles de Gisèle Vienne, les poupées anthropomorphes et de taille réelle
sont mêlées aux interprètes en chair et en os. Cela installe un trouble pour le spectateur qui interroge
la perception et la représentation.
Pour l’essentiel, il s’agit d’enfants et d’adolescents. Leur facture est très réaliste ; elles sont vêtues
comme des enfants réels.
L’une des influences revendiquées par l’artiste est Morton Bartlett, photographe américain qui s’adonnait
dans son temps libre à la fabrication de poupées réalistes. Il les vêtait puis les prenait en photo.
Souvent, une même poupée réapparaît sur plusieurs clichés dans des vêtements et une situation différente.
L’oeuvre de Bartlett n’a été découverte qu’après sa mort. Pour l’essentiel, il s’agit d’enfants et d’adolescents. Leur facture est très réaliste ; elles sont vêtues comme des enfants réels.
https://www.artnet.com/artists/morton-bartlett/
Par la fixité de l’image, elles ressemblent à des statues, mais le réalisme minutieux de leur apparence leur confère une sorte de vie intérieure.
Gisèle Vienne explore aussi dans tous ses spectacles une autre facette du travail de représentation : la mise en scène des corps, des apparences, la qualité de l’incarnation et de la désincarnation, de l’animé et de l’inanimé, de la présence et de l’absence.
Certains interprètes cumulent à la fois incarnation et désincarnation, créant un trouble de la perception pour celui qui regarde.
La dimension chorégraphique est une constante du geste artistique de Gisèle Vienne. Le moindre mouvement, le moindre déplacement, de même que la fixité des corps, est pensé avec minutie.
La partition chorégraphique caractéristique du travail de Gisèle Vienne est indissociable de la partition
musicale et sonore.