Début…. »Elle a raison. Notre joie elle-même, notre
joie de poète, c’est d’être mortel. P19 (Lola : moi-même, Mademoiselle
Mazev : Elise, Monsieur Baluzac :Hugo, Monsieur fau : Marie G,
Monsieur Girard : Emma, poète mort trop tôt : Marie Schilz.)
P22 Travailles-tu pour la gloire ?…p27 Elle pleure d’émotion. ( Les mêmes)
P27 Entre la mère du poète …P29 oui la défense. (Mère du
poète : Léa, Monsieur Fau : Léo et Mélanie, Moi-même :
Charlotte, monsieur Girad : Alexandre.)
P29 Tu crois qu’avec toutes ces responsabilités, tu pourras
encore faire du théâtre ? …P31 la sobriété c’est l’herpès de l’art. ( les
mêmes + Balazuc : Hugo, mademoiselle Mazev : Léa)
P31 Marchand de mode …p33 Venez on inaugure la statue. P33 (
marchand de mode : Hugo, Moi-même :Lola, mademoiselle Mazev :
Mélanie, Monsieur Girard-le maire de Paris : Emma)
P34…P38 Tombeau de Lagarce (découpage fait en cours et que
je n’ai pas noté : Marie G à partir de P 38 : Et penser
que d’autres après nous…fin)
P46 Tante Geneviève : Bonjour Professeur…P49 la tragédie
et le drame Lyrique ( Mélanie avec éventuellement des coupures )
P54 Maman : pendant ce temps,
en mondiovision satellisée, le poète s’adresse à l’humanité…P58 porte dérobée.
( Maman : Elise, Moi-même :Lola, un spectateur : Charlotte,un
autre : MarieG, un spectateur de gauche : Alex, un révolté :
Hugo, un théâtreux : Léo, un autre : Marie G, un analysé : Emma,
un directeur de théâtre : Mélanie, une mère de quatre enfants : Léa,
un philosophe : Marie Schilz) A SAVOIR POUR LE VENDREDI DE LA RENTREE
P58 Tante Geneviève…P61 Je frémis, je rougis, je pâlis (
tante Geneviève : Léo, Monsieur Girard : Emma
P65 Maman…P67 Oh c’est poilant !( maman : Elise,,
la femme qui voulait un enfant : Mélanie, le ministre de la culture Alex)
Procès p73 Le juge …Plutôt mourir ! ( Le juge :
Tous, moi-même :Lola, maman : Elise)
Les saluts P89 saluons une dernière fois…p93 J’avais
empoigné le pompier de service. »40 répliques à numéroter et à se répartir : Hugo : 1-23-33 Léo :
2-4-15-34 Mélanie :3- 5- 16-35 Emma :6-12-25-36, Alex :7-18-26-37,
Léa :8-19-27-38, Charlotte : 9- 20-28-35,Marie G : 10-21-29-40, Elise : 11-22-30,Marie
S : 13-24-31, Lola : 14-16-32, A SAVOIR POUR LA RENTREE
P94 Entrent la concierge, le chien, moi-même…Ce concept a la
dent dure P96 (la concierge ! Elise, le chien Concept : Léa, moi-même :
Charlotte)
P96 Poète mort trop tôt…P99 j’étais si laid ( Poète mort
trop tôt : marie S, Moi-même : Lola, l’adolescent : Hugo)
P103 Mes amis… P105 fallait le dire plus tôt ( Moi-même :
Charlotte, Mazev : mélanie, Girad : emma, Fau : Léo, Balazuc :
Hugo)
P106 Tante Geneviève arrache des mains de moi-même le cahier
bleu …définitions du théâtre pour les papilottes. ( Tante Geneviève :
Marie G Moi-même : Lola, définitions : deux de Py et une à vous.)
- Il y avait plus de prise en charge et c’est très bien
- Il faut resserrer entre les couplets pour gagner un peu de temps mais surtout cela dynamisera la scène.
- Se balancer de gauche à droite sur les ohé des refrains
Scène 2 : Prospéro/Miranda
- Très bien le temps pris au début de la scène
- Il faudra revoir la disparition du manteau (cela on pourra prendre un temps en salle)
- En général, il faut revoir les tuilages (en salle aussi)
- Ce qui est très positif, c’est les différences entre chacun et leur façon de jouer et d’avoir pris les choses en main.
- Les colères peuvent être retenus ce qui leur donnera plus de force.
- L’endormissement peut-être encore plus lent, surtout que toutes les Miranda en sont affectées.
À tenter :
En tuilage, la réplique de Prospéro page 111 :
« Tu fus un ange… « , dites en anglais par quelqu’un qui se sent de la
dire (et de l’apprendre), qui aurait un bon accent (of course) ( Qui se propose?)
Scène 3 : Prospéro/Ariel
- Il faut emplir la scène pour le premier Ariel (Emma),
c’est mieux mais on peut encore y aller quitte à durer et en faire de
trop, il sera plus facile d’en enlever que d’en rajouter ;o) :o)
- La « chorégraphies" des Ariel prend toute son ampleur si
tout le monde est investis (juste une remarque qui n’a peut-être pas
lieu d’être mais il faut s’en rappeler)
- La magie a moins bien marchée avec Zoé et Elisa, mais
c’est normal, il faut que les choses se mettent en place. La gestuelle
fonctionne entre Prospero et Ariel et je n’ai pas d’inquiétude.
- Il faudra revoir quels sont les moments de magie entre Snorri et Elisa (toujours à la salle)
Scène 4 : Prospéro/Caliban
Pas grand chose à dire, il faut garder le corps torturé de Caliban et le reste se fera tout seul ;o) :o)
Scène 5 : Caliban : "Sois sans crainte »
Je la verrai au théâtre et me laisserai surprendre ;o) :o)
En général, on suit bien le texte. Penser à parler fort et
à articuler. Il faut y croire pour que cela marche et vous amuser de ce
que vous faites. Toutes les scènes doivent avoir la même vergue que la
chanson et la première scène ;o) :o)
Des progrès pour chacun. Ne vous jugez pas, les autres se
chargeront de la faire mais ce n’est pas grave ;o) :o) Ce qui serait
grave, serait de baisser les bras quand on touche à quelque chose qui
est déjà très beau et poétique.
Bruno
« Le
feu prit un jour dans les coulisses d'un théâtre. Le bouffon vint en
avertir le public. On crut à un mot plaisant et l'on applaudit ; il
répéta, les applaudissements redoublèrent. C'est ainsi, je pense, que le
monde périra dans l’allégresse générale des gens spirituels persuadés
qu’il s’agit d’une plaisanterie. » Soren Kierkegaard
«Une
pièce de théâtre, une comédie, une tragédie, un drame cela doit être
une sorte de personne ; cela doit penser, cela doit agir, cela doit
vivre. » Victor Hugo
“Rien de plus futile, de plus faux, de plus vain, rien de plus nécessaire que le théâtre.” Louis Jouvet
1)Discussion sur Huis-Clos que tout le monde n'avait pas encore vu : théâtre
traditionnel. Beaucoup de personnes un peu déçues. On peut cependant beaucoup
apprendre du jeu des comédiens, de leur répartition sur l’espace scénique.Nous en reparlerons davantage en théorie jeudi prochain. Intéressant pour la découverte de la philosophie de sartre en complément de la lecture de L'Existentialisme est un humanisme en classe de philo. faire une analyse du jeu pour le carnet de bord.
2)Discussion sur Illusions comiques : Choix
étrange selon Christine: comment s'emparer d'une matière si propre à Olivier Py? Elèves qui doivent jouer MichelFau qui joue tante Geneviève? Autre pièce d’Olivier Py : La Servante (lumière
qui reste allumée au théâtre quand tout est éteint), un des premiers succès que Mme Huckel a vu au festival d'Avignon. grande impression. Tous les groupes de Terminales de France se demandent comment aborder cette "matière".
-Olivier Py est l'un des premiers à avoir fait des
pièces très longues et est l'actuel directeur du festival d’Avignon , un artiste
très engagé dans la société.
-Illusions Comiques est très drôle par
moments: voir le personnage de Tante geneviève joué par Michel Fau qui suscite le rire par son jeu. Le titre est inspiré par Illusion Comique de Corneille, une pièce baroque, concept que Py utilise pour sa pièce, et le contenu
est inspiré par L’impromptu de Versailles de Molière: discussion entre les acteurs de la troupe de Molière à propos d'une commande royale qu'ils doivent honorer. Théâtre dans le théâtre et aussi pièce sur le théâtre, dont le théâtre et son rôle dans la société sont le thème principal de la pièce.
- Avis du groupe sur la pièce :
Mélanie : Très intéressant.Il ya des phrases qu'elle aime bien, qu'elle aretenues comme des aphorismes. CF les 100 définitions pour les papillotes de tante Geneviève. Une partie retenue. Léa : Etrange
qu’Olivier Py se soit mis lui-même dans la pièce.Narcissisme? Tension entre le lyrisme sur le
théâtre et des phrases choc. Théâtre aux antipodes de "la communication".
Lola : Pas du tout un texte comique.Même certaine tristesse: la Mort en scène, le jeune poète mort trop tôt. Se
moque de la société dans laquelle on est, pas de comique « léger ».
Rappel : Comique veut d’abord dire théâtral. Il y a différentes formes de
comédie, ce n’est pas toujours drôle. La comédie n'est pas la farce.Olivier Py n’avait pas comme seul but de faire
rire, même s'il a bien écrit une comédie, une pièce plus drôle que ses autres pièces. (Le rire peut être la politesse du désespoir!) Philipe Girard joue le tragédien.Illusions Comiques a été écrit à la mémoire de Jean-Luc Lagarce, auteur et metteur en scène de la même génération que Py qui est mort du sida avant d'avoir connu la célébrité, sa notoriété a été posthume. Pour Py
le théâtre permet aux absents d’apparaître. Il y a quelque chose de
profondément tragique. Question alors : Mais qu’est ce qui est drôle dans la
pièce ?
Léo : Beaucoup de personnages. Le fait
de changer de personnages alors que c’est le même acteur donne un aspect
comique. cf la phrase "je fais..." dite par les comédiens avant qu'ils jouent leurs rôles, pas de didascalies écrites, théâtralité exhibée.
Elise : S’attend à un texte poignant,
qui nous touche pour nous faire réagir.
Charlotte : S’attend à quelque chose
de très drôle.
Hugo : Très intéressant mais
compliqué.
Alex : Beaucoup de choses.Crainte d'un ennui comme pour Les Faux Monnayeurs, mais lecture qui l'a intrigué. Structure
cependant assez claire: ascension puis décadence et chute de "moi-même", séparation d'avec les copains acteurs puis retrouvailles. Un peu de mal à se projeter.
Marie : A la fois intéressant et ennuyant à la lecture.
3)Exercice pour entrer dans la matière :
Tante Geneviève tient une confiserie et demande à « Moi-Même » de rédiger les blagues des papillotes alors qu'il n'a plus après sa déchéance d'autres fonctions, pas capable d'écrire des blagues mais propose 100 définitions du théâtre. Nous devions proposer 5 définitions du
théâtre. Une personnelle et 4 autres en passant par un personnage. Très beau
moment. ( Tout le monde doit conserver ses définitions. Voir en écrire d'autres.)
4)Discussion sur l’épreuve orale : Au moment
de l’oral on doit jouer une des scènes choisies dans les trois projets. Cette
partie est sur 12 points. Les 8 autres points sont un entretien sur la scène
jouée mais aussi sur le carnet de bord, sur les analyses de spectacle ainsi que
sur le sujet d’approfondissement.3 semaines avant l’examen nous devons envoyer
un porte folio comprenant 3 analyses de spectacle, des extraits du carnet de
bord, l’approfondissement et une feuille de synthèse sur chaque projet.
L’approfondissement
peut se faire sous deux formes : Une forme universitaire ou un objet
artistique.
5)Discussion sur les différents approfondissements
du groupe :
Marie : Une maquette sur Figaro placée
dans les années folles
Alexandre : De la poésie sur Illusions
comiques sous l’angle de la réécriture. Ce qui pourrait être intéressant c’est
de réécrire Illusions comiques avec le titre "le poète et la mort."
Hugo : N’était pas trop au courant de
l’approfondissement. Une idée serait de faire un roman photo ou un défilé de
mode sur le thème du Mariage de Figaro.
Charlotte : Idée d’un costume sur
Figaro
Elise : Une bande-annonce sur les
Bacchantes. Peut-être à partir denotre
projet.
Léo : Un album pour enfants sur les
Bacchantes.
Lola : Peut-être la création d’une
chorégraphie sur les Bacchantes ou un sondage sur les définitions du théâtre
dans la rue : Un micro-trottoir.
Mélanie : Lien avec la musique sur les
Bacchantes. Une comédie musicale sur une partie de l’œuvre.
Léa : Une partition sur les Bacchantes
ou Figaro ou alors une chorégraphie.
6)Pour finir le groupe a joué le monologue de
Figaro pour l’avoir à l’esprit. Deux, trois choses à modifier mais la structure
est en place
7)Pour la semaine prochaine : Avoir lu
Illusions Comiques, se souvenir du monologue qui sera montré à Patrice comme
échauffement et choisir 3 définitions du théâtre dans Illusions Comiques et les
apprendre.
Agathe Alexis a évoqué pendant l'entretien jeudi soir qu'elle s'était inspirée du film Stalker de Tarkovski pour l'atmosphère de Huis clos: la lumière verdâtre, la fumée, le son...
Des écrivains rencontrés à Istanbul s'expriment sur
Asli. Les soutiens à la romancière turque incarcérée se multiplient. Une
lecture a lieu le 12 décembre à Paris.
Sur la route de l'aéroport qui mène au centre-ville d'Istanbul, on passe
devant le quartier de Bakirköy. Là, dans la prison des femmes du même nom, est
enfermée, depuis la nuit du 16 août, la romancière Asli Erdogan.
On découvre un peu plus tard sa photo au-dessus du stand de son éditeur, à
la foire du livre d'Istanbul qui bat son plein à la mi-novembre. Comme dans les
librairies de la ville, ses livres y sont en vente. Voilà l'arbitraire de sa
situation, et de celle de tant d'autres détenus dans les prisons turques aujourd'hui.
Jusqu'à quand ? Faudra-t-il attendre qu'Asli ne survive pas à ce traitement
? Ou qu'elle en ressorte handicapée, si l'on continue à ne pas lui fournir les
soins médicaux que sa santé très fragile nécessite ? Jusqu'à quand le
président Erdogan, homonyme de l'écrivaine, fera-t-il la sourde et dédaigneuse
oreille aux manifestations de soutien qui s'accélèrent partout en Europe, pour demander la
libération de celle qui endosse peu à peu la figure de martyre de son
régime ?
Il faut lire la dernière interview transmise par son avocate au Corriere
della Serra et la dernière lettre de prison d'Asli Edorgan, datée du 2
décembre, parue dans le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung
trois jours plus tard, pour approcher la réalité quotidienne. L'écrivaine y
décrit ses conditions de vie, les détenues qui arrivent, jeunes filles arrêtées
lors de manifestations, et parle de sa codétenue, la linguiste et traductrice
Necmiye Alpay, qui a fêté son 70e anniversaire en prison, et pour laquelle le
procureur a exigé la détention à vie. « Comme pour moi », précise
Asli Erdogan, dont le procès aura lieu le 29 décembre. Et bien sûr, elle cite
aussi tous ceux qui subissent avec elle cette accusation de « propagande
en faveur d'une organisation terroriste », parce qu'ils étaient
conseillers au comité consultatif engagé du journal pour la condition des
Kurdes, Özgür Gündem, fermé mi-août sur ordre des autorités.
Sa mère sera à la maison de la Poésie le 12 décembre
À quoi rime cet acharnement ? Une visite du député CHP (parti
kémaliste), résumée dans le quotidien turc Hürriyet du 5 décembre, donne
des détails sur le durcissement des conditions de détention des journalistes et
des intellectuels. Les familles ne peuvent venir qu'une fois tous les deux
mois. En ce qui concerne le téléphone, l'autorisation est désormais de 10
minutes tous les 15 jours au lieu de 10 minutes par semaine. Sans parler
des conditions sanitaires... Mais rien n'y fait. Pas plus que les
manifestations, que ce soit en Turquie,
comme ce concert de « veille pour les libertés » donné le 5 décembre
devant la prison, ou en Europe (elles sont recensées sur la
page dédiéeFree Aslı Erdoğan).
« Lisons partout les textes d'Asli Erdogan à voix haute, partageons
leur beauté face à un État devenu assassin. Jusqu'à la libération d'Aslı
Erdoğan ! » Cet appel lancé par deux écrivains, Tieri Briet et Ricardo Montserrat, a déclenché
toute une série d'initiatives.
Celle de la comédienne Sophie Bourel, sensibilisée dès le mois d'août, est à
l'origine de la soirée phare de la maison de la Poésie, le lundi 12 décembre.
Elle accueille Mine Aydoslu, la mère d'Asli Erdogan, qui avait déjà été
chercher en Suèdele prix Tucholsky, attribué par le PEN Club, à sa fille
incarcérée. Autour d'elle, Françoise Nyssen, présidente d'Actes Sud, Timour Muhidine son
éditeur, Pierre Astier, son agent littéraire, Yiğit Bener, écrivain, traducteur
et interprète turc, Emmanuelle Collas, directrice des éditions Galaade et Selin
Altiparmak, comédienne, évoqueront la situation des écrivains. Des extraits de
l'œuvre d'Asli Erdogan seront lus, dont, en avant-première, des chroniques
parues dans Özgür Gündem, extraites du recueil de ces textes, Même le
silence n'est plus à toi qu'Actes Sud publiera le 4 janvier. On y projettera
aussi un court-métrage d'Eren Topcu : Chroniques du fascisme,
aujourd'hui.
« Son arrestation est le signe de ce qui allait arriver » (Yigit
Bener, écrivain)
À Istanbul, mi-novembre, nous avons rencontré celui qui s'exprimera sur
cette scène lundi soir, Yigit Bener, l'auteur du Revenant (Actes Sud), un roman
remarquablement éclairant sur la Turquie contemporaine, et dont le prochain
livre paraîtra aux éditions de la MEET, en attendant un autre roman à venir
chez Galaade. Nous lui avons demandé de quoi Asli Erdogan est le symbole.
« Son arrestation était le signe de ce qui allait arriver, alors qu'on
était en train de parler de reconstruire un système démocratique tous
ensemble », décode Bener. « Sauf que le pouvoir était en train de
purger tous ceux qui étaient dits gulénistes (la secte de Fethullah Gulen accusée
d'avoir fomenté le coup d'État du 15 juillet dernier, NDLR), qui ne sont certes
ni des démocrates ni des anges. Personne ne s'est opposé alors à l'éviction de
généraux putschistes, de magistrats pourris. Mais que dire des renvois de
milliers d'enseignants pour leur supposée appartenance à un mouvement dont les
dirigeants auraient fait un coup d'État ? Ça devenait problématique, mais
personne n'a osé protester. Or, quand Asli a été arrêtée, il devenait clair
qu'on visait directement une personne qui n'avait rien à voir avec le mouvement
guléniste : le prétexte de son arrestation nous signalait ce qui se
passerait par la suite, puisqu'il semblait normal d'arrêter des gens pour leur
simple sympathie ou convergence à une organisation hier légale, mais
aujourd'hui cataloguée comme terroriste-putschiste (les gulénistes), alors on
pouvait appliquer la même logique pour le PKK, également catalogué comme
organisation terroriste : tous ceux qui, de près ou de loin, auraient
collaboré avec la branche légale du mouvement kurde (que le gouvernement
assimile désormais dans sa totalité au PKK) sont donc susceptibles d'être
arrêtés sous l'inculpation de terrorisme. »
Pire qu'après le coup d'État de 1980
Asli Erdogan a collaboré au journal Özgür Gündem, accusé d'être lié
au PKK. Dans sa lettre envoyée de prison le 2 décembre, elle souligne que,
selon la législation des médias, les membres du conseil consultatif du journal
(c'était son cas) ne sont pas responsables du contenu rédactionnel. Ajoutant
que… de « tels détails n'intéressent plus personne en Turquie ». Elle
cite aussi les noms de ceux qui sont aujourd'hui emprisonnés comme elle,
arrêtés dans des conditions « kafkaïennes », soumis à
« l'arbitraire, le harcèlement et la privation de droits ». Une
situation bien pire qu'après le coup d'État de 1980, précise-t-elle.
«C'est méconnaître Asli que de pouvoir croire une seule seconde à un appel à
la violence de sa part », poursuit Yigit Bener. « Malgré cela, elle a
été arrêtée et là, on a perdu une première bataille parce qu'il n'y a pas eu
dans l'immédiat, en dehors des manifestations des écrivains, assez de réactions
massives à cette dérive autoritaire. Notamment du parti kémaliste, CHP, qui
aurait pu réagir plus fort, en s'associant avec le Parti du mouvement kurde
(HDP). Rien n'est arrivé, un boulevard s'ouvrait pour le pouvoir : dans la
foulée, d'autres intellectuels ont été arrêtés, puis le quotidien laïque Cumhuriyet a été touché, puis les
maires du HDP ont été destitués et arrêtés, et enfin les députés et dirigeants
du HDP. Le tribunal a réclamé le maximum pour Asli, la perpétuité, et si la
peine de mort avait été rétablie, comme le souhaite Erdogan (après avoir
lui-même légalisé son abolition, NDLR), on aurait donc demandé sa mort »,
souligne l'écrivain.
Une situation folle
À Istanbul, chacun parle de situation folle, inimaginable, plus grave que ce
que la Turquie a jusque-là connu, et pourtant l'histoire n'a jamais épargné les
écrivains opposants au pouvoir… Son ami l'écrivain et dramaturge Murathan Mungan, rencontré dans sa maison d'édition Metis à
Istanbul et dont Galaade publiera la traduction du premier roman en janvier, confie
: « Je suis très malheureux, cela fait bientôt cent jours. Asli Erdogan
est une amie à moi. Elle et Necmiye Alpay sont deux personnes qui demandent
simplement la paix. Elles sont toutes deux connues et donc mises en avant par
leur popularité à titre de symboles. Mais il y a beaucoup d'autres journalistes
et écrivains en prison pour des raisons semblables. Le but ? Faire peur
aux Turcs qui ne sont pas Kurdes, auxquels on dit : Regardez, si vous vous
en mêlez, cette vague d'emprisonnements s'amplifiera. C'est du moins ce que
je ressens personnellement. »
Que faire ? « Ces outrances poussent justement les gens à réagir
et à se fédérer petit à petit », constate Yigit Bener. Pour sa part, la
romancière Oya Baydar, qui vient de recevoir le prix France Turquie 2016 pour
son livre Et ne reste que des cendres(Phébus), le dédie à tous ceux qui
sont en prison. Son mari, journaliste à Cumhuriyet y est resté six jours
avant d'être libéré pour raisons de santé, ainsi que deux autres confrères, sur
les treize incarcérés. Collaborateur lui aussi du journal Cumhuriyet,
depuis 20 ans,le poète Ataol Behramoglu, qui en a vu d'autres, rappelle en
forme d'adage universel : « Un écrivain est en prison, tout le pays est en
prison. »
À LIRE aussi
Lectures du Batiment de pierre d'Asli Erdogan : le 10
décembre à 17 heures, au théâtre de la Bastille à Paris par Clotilde Hesme ; le
11 décembre à 16 heures, à la librairie Maupetit à Marseille. Le 12 décembre à
18 heures, à l'espace LCause à Brest. Parmi les prochaines lectures : 12 décembre
à 17 heures, à La Machine à Musique à Bordeaux. À 19 heures, à La Manufacture
des tabacs à Nantes (le collectif Free Aslı Erdoğan donnera des lectures en
français mais aussi en turc de ses textes). Le 12 décembre 2016 à 20 heures, à la maison de la Poésie à Paris.
"L’impromptu trouve son origine dans la commedia
dell’arte, sous le nom de commedia all’improviso : il se développe
autour des notions de soudaineté et de rapidité, de
spontanéité et d’improvisation, voire de
répétition théâtrale.
L’impromptu tel que Molière en définit pour la
première fois le genre désigne donc une fausse répétition, feinte ou
fictive mais néanmoins écrite, fixée sur la scène et sur le
papier, en présence et sous l’autorité de l’auteur
ou du chef de la troupe, au cours de laquelle les acteurs expriment
leurs doutes en même temps que leurs convictions sur
quelques grands ou menus sujets d’esthétique
théâtrale, d’art du jeu ou de la représentation, voire, dans certains
cas plus contemporains, d’idéologie ou de politique
culturelle.
La scène qui suit ouvre L’Impromptu de
Versailles et présente la troupe de Molière en train de travailler : il
y est question de la polémique suscitée par
L’Ecole des femmes, et met en scène les comédiens
de la troupe de Molière.
(...) MADEMOISELLE BÉJART : Mais puisqu’on vous a
commandé de travailler sur le sujet de la critique qu’on a faite contre
vous, que n’avez-vous fait cette comédie des
comédiens, dont vous nous avez parlé il y a
longtemps? C’était une affaire toute trouvée et qui venait fort bien à
la chose, et d’autant mieux, qu’ayant entrepris de vous
peindre, ils vous ouvraient l’occasion de les
peindre aussi, et que cela aurait pu s’appeler leur portrait, à bien
plus juste titre que tout ce qu’ils ont fait ne peut être
appelé le vôtre. Car vouloir contrefaire un
comédien dans un rôle comique, ce n’est pas le peindre lui-même, c’est
peindre d’après lui les personnages qu’il représente, et se
servir des mêmes traits et des mêmes couleurs
qu’il est obligé d’employer aux différents tableaux des caractères
ridicules qu’il imite d’après nature ; mais
contrefaire un comédien dans des rôles sérieux,
c’est le peindre par des défauts qui sont entièrement de lui, puisque
ces sortes de personnages ne veulent ni les gestes, ni les
tons de voix ridicules dans lesquels on le
reconnaît.
MOLIÈRE : Il est vrai ; mais j’ai mes raisons pour
ne le pas faire, et je n’ai pas cru, entre nous, que la chose en valût
la peine ; et puis il fallait
plus de temps pour exécuter cette idée. Comme
leurs jours de comédies sont les mêmes que les nôtres, à peine ai-je été
les voir que trois ou quatre fois depuis que nous sommes à
Paris ; je n’ai attrapé de leur manière de réciter
que ce qui m’a d’abord sauté aux yeux, et j’aurais eu besoin de les
étudier davantage pour faire des portraits bien
ressemblants.
MADEMOISELLE DU PARC : Pour moi, j’en ai reconnu quelques-uns dans votre bouche.
MADEMOISELLE DE BRIE : Je n’ai jamais ouï parler de cela.
MOLIÈRE : C’est une idée qui m’avait passé une
fois par la tête, et que j’ai laissée là comme une bagatelle, une
badinerie, qui peut-être n’aurait point fait rire.
MADEMOISELLE DE BRIE : Dites-la-moi un peu, puisque vous l’avez dite aux autres.
MOLIÈRE : Nous n’avons pas le temps maintenant.
MADEMOISELLE DE BRIE : Seulement deux mots.
MOLIÈRE : J’avais songé une comédie où il y aurait
eu un poète, que j’aurais représenté moi même, qui serait venu pour
offrir une pièce à une troupe de comédiens
nouvellement arrivés de la campagne. “Avez-vous,
aurait-il dit, des acteurs et des actrices qui soient capables de bien
faire valoir un ouvrage, car ma pièce est une pièce. -
Eh ! Monsieur, auraient répondu les comédiens,
nous avons des hommes et des femmes qui ont été trouvés raisonnables
partout où nous avons passé. - Et qui fait les rois
parmi vous ? - Voilà un acteur qui s’en démêle
parfois. - Qui ? ce jeune homme bien fait ? Vous moquez-vous ? Il faut
un roi qui soit gros et gras comme
quatre, un roi, morbleu! qui soit entripaillé
comme il faut, un roi d’une vaste circonférence, et qui puisse remplir
un trône de la belle manière. La belle chose qu’un roi d’une
taille galante ! Voilà déjà un grand défaut ; mais
que je l’entende un peu réciter une douzaine de vers.” (...)
Molière, extrait de L’Impromptu de Versailles Il convient en outre de rattacher la
tradition ludique, humoristique et polémique des impromptus à une
thématique plus large et plus vaste : celle du théâtre dans
le théâtre, de la mise en abyme de la scène, de
l’enchâssement des fictions ou encore du méta- théâtre (c’est-à-dire le
discours ou le commentaire sur le théâtre, au coeur même
du texte théâtral).
On peut se référer dès lors à la longue tradition qui utilise ce procédé :
Aristophane, Les Grenouilles
Shakespeare, Hamlet et Le Songe d’une nuit d’été
Corneille, L’Illusion comique
Marivaux, Les Acteurs de bonne foi
Pirandello, Six personnages en quête d’auteur et Ce soir on improvise
Le titre de la pièce de Py est un clin d'oeil à l'oeuvre de Corneille même si peu de choses rappellent l'intrigue: le conflit entre le père et le fils peut-être. Olivier Py souligne lui l'importance du caractère baroque de sa pièce. voir entretien: pièces enchâssées les unes dans les autres, théâtre dans le théâtre, chaque élément renvoie à la totalité. L'illusion Comique de Corneille est la pièce baroque par excellence.
Pour en savoir plus sur Jean-Luc Lagarce, aller là
Dans Illusions comiques, il est question de la pièce Nous, les héros:
Ecrite en 1993
Lorsqu'ils sortent de scène, dans la coulisse, les
acteurs de la troupe commencent leur vie, recommencent leur vie, leur
vraie vie. Ils sont à nouveau eux-mêmes, c'est ce qu'ils
veulent croire.
Comme chaque soir, toutes ces dernières années, cela
ne s'est pas très bien passé. Ils sont fatigués, épuisés, déçus de la
vie qu'ils mènent et peut-être devraient-ils renoncer ou
partir vers de plus grandes villes pour tenter, à
nouveau, sans les autres, une nouvelle aventure. Carrière solitaire.
Mais nous fêtons un événement important, cette soirée
est une soirée particulière. La fille aînée des patrons de la troupe se
fiancera, dans les coulisses, avec le jeune premier de
la fin de l'acte un. Elle l'épousera, ils seront chefs
du théâtre, ils joueront le répertoire de la compagnie, contre tous les
aléas de l'existence, les hôtels mal chauffés, le
petit personnel agressif des salles des fêtes de
province et l'indifférence narquoise du public et des enfants imbéciles.
Demain, nous fuirons, mais ce soir encore, nous faisons semblant puisque nous ne savons rien faire d'autre.