mardi 20 décembre 2016

Découpage projet illusions Comiques



Découpage Illusions Comiques
Début…. »Elle a raison. Notre joie elle-même, notre joie de poète, c’est d’être mortel. P19 (Lola : moi-même, Mademoiselle Mazev : Elise, Monsieur Baluzac :Hugo, Monsieur fau : Marie G, Monsieur Girard : Emma, poète mort trop tôt : Marie Schilz.)

P22 Travailles-tu pour la gloire ?  …p27 Elle pleure d’émotion. ( Les mêmes)

P27 Entre la mère du poète …P29 oui la défense. (Mère du poète : Léa, Monsieur Fau : Léo et Mélanie, Moi-même : Charlotte, monsieur Girad : Alexandre.)

P29 Tu crois qu’avec toutes ces responsabilités, tu pourras encore faire du théâtre ? …P31 la sobriété c’est l’herpès de l’art. ( les mêmes + Balazuc : Hugo, mademoiselle Mazev : Léa)

P31 Marchand de mode …p33 Venez on inaugure la statue. P33 ( marchand de mode : Hugo, Moi-même :Lola, mademoiselle Mazev : Mélanie, Monsieur Girard-le maire de Paris : Emma)

P34…P38 Tombeau de Lagarce (découpage fait en cours et que je n’ai pas noté : Marie G  à partir de P 38 : Et penser que d’autres après nous…fin) 

P46 Tante Geneviève : Bonjour Professeur…P49 la tragédie et le drame Lyrique ( Mélanie avec éventuellement des coupures )

P54 Maman : pendant ce temps, en mondiovision satellisée, le poète s’adresse à l’humanité…P58 porte dérobée. ( Maman : Elise, Moi-même :Lola, un spectateur : Charlotte,un autre : MarieG, un spectateur de gauche : Alex, un révolté : Hugo, un théâtreux : Léo, un autre : Marie G, un analysé : Emma, un directeur de théâtre : Mélanie, une mère de quatre enfants : Léa, un philosophe : Marie Schilz) A SAVOIR POUR LE VENDREDI DE LA RENTREE

P58 Tante Geneviève…P61 Je frémis, je rougis, je pâlis ( tante Geneviève : Léo, Monsieur Girard : Emma
P65 Maman…P67 Oh c’est poilant !( maman : Elise,, la femme qui voulait un enfant : Mélanie, le ministre de la culture Alex)

Procès p73 Le juge …Plutôt mourir ! ( Le juge : Tous, moi-même :Lola, maman : Elise)

 Les saluts P89 saluons une dernière fois…p93 J’avais empoigné le pompier de service. »  40 répliques à numéroter et à se répartir : Hugo : 1-23-33 Léo : 2-4-15-34 Mélanie :3- 5- 16-35 Emma :6-12-25-36, Alex :7-18-26-37, Léa :8-19-27-38, Charlotte : 9- 20-28-35,  Marie G : 10-21-29-40, Elise : 11-22-30,Marie S : 13-24-31, Lola : 14-16-32, A SAVOIR POUR LA RENTREE

P94 Entrent la concierge, le chien, moi-même…Ce concept a la dent dure P96 (la concierge ! Elise, le chien Concept : Léa, moi-même : Charlotte)

P96 Poète mort trop tôt…P99 j’étais si laid ( Poète mort trop tôt : marie S, Moi-même : Lola, l’adolescent : Hugo)

P103 Mes amis… P105 fallait le dire plus tôt ( Moi-même : Charlotte, Mazev : mélanie, Girad : emma, Fau : Léo, Balazuc : Hugo)

P106 Tante Geneviève arrache des mains de moi-même le cahier bleu …définitions du théâtre pour les papilottes. ( Tante Geneviève : Marie G Moi-même : Lola, définitions : deux de Py et une à vous.)

samedi 17 décembre 2016

mercredi 14 décembre 2016

Notes de Bruno sur lefilage du Chantier tempête

Bon filage lundi. Quelques petites observations : 
Scène 1 : Naufrage
- Nettement mieux au filage 
- Il y avait plus de prise en charge et c’est très bien
- Il faut resserrer entre les couplets pour gagner un peu de temps mais surtout cela dynamisera la scène. 
- Se balancer de gauche à droite sur les ohé des refrains

Scène 2 : Prospéro/Miranda
- Très bien le temps pris au début de la scène
- Il faudra revoir la disparition du manteau (cela on pourra prendre un temps en salle)
- En général, il faut revoir les tuilages (en salle aussi)
- Ce qui est très positif, c’est les différences entre chacun et leur façon de jouer et d’avoir pris les choses en main. 
- Les colères peuvent être retenus ce qui leur donnera plus de force.
- L’endormissement peut-être encore plus lent, surtout que toutes les Miranda en sont affectées.

À tenter : 
En tuilage, la réplique de Prospéro page 111 : « Tu fus un ange… « , dites en anglais par quelqu’un qui se sent de la dire (et de l’apprendre), qui aurait un bon accent (of course) ( Qui se propose?)

Scène 3 : Prospéro/Ariel
- Il faut emplir la scène pour le premier Ariel (Emma), c’est mieux mais on peut encore y aller quitte à durer et en faire de trop, il sera plus facile d’en enlever que d’en rajouter ;o) :o)
- La « chorégraphies" des Ariel prend toute son ampleur si tout le monde est investis (juste une remarque qui n’a peut-être pas lieu d’être mais il faut s’en rappeler)
- La magie a moins bien marchée avec Zoé et Elisa, mais c’est normal, il faut que les choses se mettent en place. La gestuelle fonctionne entre Prospero et Ariel et je n’ai pas d’inquiétude.
- Il faudra revoir quels sont les moments de magie entre Snorri et Elisa (toujours à la salle)

Scène 4 : Prospéro/Caliban
Pas grand chose à dire, il faut garder le corps torturé de Caliban et le reste se fera tout seul ;o) :o)

Scène 5 : Caliban : "Sois sans crainte »
Je la verrai au théâtre et me laisserai surprendre ;o) :o)

En général, on suit bien le texte. Penser à parler fort et à articuler. Il faut y croire pour que cela marche et vous amuser de ce que vous faites. Toutes les scènes doivent avoir la même vergue que la chanson et la première scène ;o) :o)
Des progrès pour chacun. Ne vous jugez pas, les autres se chargeront de la faire mais ce n’est pas grave ;o) :o) Ce qui serait grave, serait de baisser les bras quand on touche à quelque chose qui est déjà très beau et poétique.


Bruno


« Le feu prit un jour dans les coulisses d'un théâtre. Le bouffon vint en avertir le public. On crut à un mot plaisant et l'on applaudit ; il répéta, les applaudissements redoublèrent. C'est ainsi, je pense, que le monde périra dans l’allégresse générale des gens spirituels persuadés qu’il s’agit d’une plaisanterie. » Soren Kierkegaard

«Une pièce de théâtre, une comédie, une tragédie, un drame cela doit être une sorte de personne ; cela doit penser, cela doit agir, cela doit vivre. » Victor Hugo


“Rien de plus futile, de plus faux, de plus vain, rien de plus nécessaire que le théâtre.” Louis Jouvet

Conférence d'Olivier Py au centre Pompidou

Olivier Py en miss Knife: chanteuse de cabaret.
conférence d'Olivier Py

dimanche 11 décembre 2016

Compte rendu de la séance du 9 décembre Terminales spé( Emma)



Compte-rendu du 09/12/2016 :
Points importants de la séance :
1)      Discussion sur Huis-Clos que tout le monde n'avait pas encore vu : théâtre traditionnel. Beaucoup de personnes un peu déçues. On peut cependant beaucoup apprendre du jeu des comédiens, de leur répartition sur l’espace scénique.Nous en reparlerons davantage en théorie jeudi prochain. Intéressant pour la découverte de la philosophie de sartre en complément de la lecture de L'Existentialisme est un humanisme en classe de philo. faire une analyse du jeu pour le carnet de bord.
2)      Discussion sur Illusions comiques : Choix étrange selon Christine: comment s'emparer d'une matière si propre à Olivier Py? Elèves qui doivent jouer  MichelFau qui joue tante Geneviève?  Autre pièce d’Olivier Py : La Servante (lumière qui reste allumée au théâtre quand tout est éteint), un des premiers succès que Mme Huckel a vu au festival d'Avignon. grande impression. Tous les groupes de Terminales de France se demandent comment aborder cette "matière".
-Olivier Py est l'un des  premiers à avoir fait des pièces très longues et est l'actuel directeur du festival d’Avignon , un artiste très engagé dans la société.
-Illusions Comiques est très drôle par moments: voir le personnage de Tante geneviève joué par Michel Fau qui suscite le rire par son jeu. Le titre est inspiré par Illusion Comique de Corneille, une pièce baroque, concept que Py utilise pour sa pièce, et le contenu est inspiré par L’impromptu de Versailles de Molière: discussion entre les acteurs de la troupe de Molière à propos d'une commande royale qu'ils doivent honorer. Théâtre dans le théâtre et aussi pièce sur le théâtre, dont le théâtre et son rôle dans la société sont le thème principal de la pièce.
- Avis du groupe sur la pièce : Mélanie : Très intéressant.Il ya des phrases qu'elle aime bien, qu'elle aretenues comme des aphorismes. CF les 100 définitions pour les papillotes de tante Geneviève. Une partie retenue. Léa : Etrange qu’Olivier Py se soit mis lui-même dans la pièce.Narcissisme? Tension entre le lyrisme sur le théâtre et des phrases choc. Théâtre aux antipodes de "la communication".
Lola : Pas du tout un texte comique.Même certaine tristesse: la Mort en scène, le jeune poète mort trop tôt. Se moque de la société dans laquelle on est, pas de comique « léger ».
 Rappel : Comique veut d’abord dire théâtral. Il y a différentes formes de comédie, ce n’est pas toujours drôle.  La comédie n'est pas la farce.Olivier Py n’avait pas comme seul but de faire rire, même s'il a bien écrit une comédie, une pièce plus drôle que ses autres pièces. (Le rire peut être la politesse du désespoir!) Philipe Girard joue le tragédien.  Illusions Comiques a été écrit à la mémoire de Jean-Luc Lagarce, auteur et metteur en scène de la même génération que Py qui est mort du sida avant d'avoir connu la célébrité, sa notoriété a été posthume. Pour Py le théâtre permet aux absents d’apparaître. Il y a quelque chose de profondément tragique. Question alors : Mais qu’est ce qui est drôle dans la pièce ?
Léo : Beaucoup de personnages. Le fait de changer de personnages alors que c’est le même acteur donne un aspect comique.  cf la phrase "je fais..." dite par les comédiens avant qu'ils jouent leurs rôles, pas de didascalies écrites, théâtralité exhibée.            
Elise : S’attend à un texte poignant, qui nous touche pour nous faire réagir.
Charlotte : S’attend à quelque chose de très drôle.
Hugo : Très intéressant mais compliqué.
Alex : Beaucoup de choses.Crainte d'un ennui comme pour Les Faux Monnayeurs, mais lecture qui l'a intrigué. Structure cependant assez claire: ascension puis décadence et chute de "moi-même", séparation d'avec les copains acteurs puis retrouvailles. Un peu de mal à se projeter.
Marie : A la fois intéressant et  ennuyant à la lecture.

3)      Exercice pour entrer dans la matière : Tante Geneviève tient une confiserie et demande à « Moi-Même » de rédiger les blagues des papillotes alors qu'il n'a plus après sa déchéance d'autres fonctions, pas capable d'écrire des blagues mais propose 100 définitions du théâtre. Nous devions proposer 5 définitions du théâtre. Une personnelle et 4 autres en passant par un personnage. Très beau moment. ( Tout le monde doit conserver ses définitions. Voir en écrire d'autres.)

4)      Discussion sur l’épreuve orale : Au moment de l’oral on doit jouer une des scènes choisies dans les trois projets. Cette partie est sur 12 points. Les 8 autres points sont un entretien sur la scène jouée mais aussi sur le carnet de bord, sur les analyses de spectacle ainsi que sur le sujet d’approfondissement.   3 semaines avant l’examen nous devons envoyer un porte folio comprenant 3 analyses de spectacle, des extraits du carnet de bord, l’approfondissement et une feuille de synthèse sur chaque projet. 
L’approfondissement peut se faire sous deux formes : Une forme universitaire ou un objet artistique.
5)      Discussion sur les différents approfondissements du groupe :
Marie : Une maquette sur Figaro placée dans les années folles
Alexandre : De la poésie sur Illusions comiques sous l’angle de la réécriture. Ce qui pourrait être intéressant c’est de réécrire Illusions comiques avec le titre "le poète et la mort."
Hugo : N’était pas trop au courant de l’approfondissement. Une idée serait de faire un roman photo ou un défilé de mode sur le thème du Mariage de Figaro.
Charlotte : Idée d’un costume sur Figaro
Elise : Une bande-annonce sur les Bacchantes. Peut-être à partir de  notre projet.
Léo : Un album pour enfants sur les Bacchantes.
Lola : Peut-être la création d’une chorégraphie sur les Bacchantes ou un sondage sur les définitions du théâtre dans la rue : Un micro-trottoir.
Mélanie : Lien avec la musique sur les Bacchantes. Une comédie musicale sur une partie de l’œuvre.
Léa : Une partition sur les Bacchantes ou Figaro ou alors une chorégraphie.

6)      Pour finir le groupe a joué le monologue de Figaro pour l’avoir à l’esprit. Deux, trois choses à modifier mais la structure est en place
7)      Pour la semaine prochaine : Avoir lu Illusions Comiques, se souvenir du monologue qui sera montré à Patrice comme échauffement et choisir 3 définitions du théâtre dans Illusions Comiques et les apprendre.

samedi 10 décembre 2016

Que peut le théâtre face au chaos du monde? réponse Ariane Mnouchkine

Sur France Inter dans l'Air Bleu de laure Adler, réponse d'Ariane Mnouchkine

Stalker d'Andrei tarkovsky

Agathe Alexis a évoqué pendant l'entretien jeudi soir qu'elle s'était inspirée du film Stalker de Tarkovski pour l'atmosphère de Huis clos: la lumière verdâtre, la fumée, le son...

extraits du film
scène de rêve

Article sur le film

Huis Clos extraits de captations

mise en scène Agathe Alexis: celle que vous avez vue

Huis Clos - Sartre - Cnie MDC (c) 2016

HUIS CLOS/No Exit by Sartre at The Wired Arts Festival

un film de 1954

Des nouvelles d'Asli ERdogan



De quoi Asli Erdogan est-elle le symbole ?

Des écrivains rencontrés à Istanbul s'expriment sur Asli. Les soutiens à la romancière turque incarcérée se multiplient. Une lecture a lieu le 12 décembre à Paris.


Sur la route de l'aéroport qui mène au centre-ville d'Istanbul, on passe devant le quartier de Bakirköy. Là, dans la prison des femmes du même nom, est enfermée, depuis la nuit du 16 août, la romancière Asli Erdogan. On découvre un peu plus tard sa photo au-dessus du stand de son éditeur, à la foire du livre d'Istanbul qui bat son plein à la mi-novembre. Comme dans les librairies de la ville, ses livres y sont en vente. Voilà l'arbitraire de sa situation, et de celle de tant d'autres détenus dans les prisons turques aujourd'hui.
Jusqu'à quand ? Faudra-t-il attendre qu'Asli ne survive pas à ce traitement ? Ou qu'elle en ressorte handicapée, si l'on continue à ne pas lui fournir les soins médicaux que sa santé très fragile nécessite ? Jusqu'à quand le président Erdogan, homonyme de l'écrivaine, fera-t-il la sourde et dédaigneuse oreille aux manifestations de soutien qui s'accélèrent partout en Europe, pour demander la libération de celle qui endosse peu à peu la figure de martyre de son régime ?
Il faut lire la dernière interview transmise par son avocate au Corriere della Serra et la dernière lettre de prison d'Asli Edorgan, datée du 2 décembre, parue dans le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung trois jours plus tard, pour approcher la réalité quotidienne. L'écrivaine y décrit ses conditions de vie, les détenues qui arrivent, jeunes filles arrêtées lors de manifestations, et parle de sa codétenue, la linguiste et traductrice Necmiye Alpay, qui a fêté son 70e anniversaire en prison, et pour laquelle le procureur a exigé la détention à vie. « Comme pour moi », précise Asli Erdogan, dont le procès aura lieu le 29 décembre. Et bien sûr, elle cite aussi tous ceux qui subissent avec elle cette accusation de « propagande en faveur d'une organisation terroriste », parce qu'ils étaient conseillers au comité consultatif engagé du journal pour la condition des Kurdes, Özgür Gündem, fermé mi-août sur ordre des autorités.

Sa mère sera à la maison de la Poésie le 12 décembre

À quoi rime cet acharnement ? Une visite du député CHP (parti kémaliste), résumée dans le quotidien turc Hürriyet du 5 décembre, donne des détails sur le durcissement des conditions de détention des journalistes et des intellectuels. Les familles ne peuvent venir qu'une fois tous les deux mois. En ce qui concerne le téléphone, l'autorisation est désormais de 10 minutes tous les 15 jours au lieu de 10 minutes par semaine. Sans parler des conditions sanitaires... Mais rien n'y fait. Pas plus que les manifestations, que ce soit en Turquie, comme ce concert de « veille pour les libertés » donné le 5 décembre devant la prison, ou en Europe (elles sont recensées sur la page dédiéeFree Aslı Erdoğ an).
« Lisons partout les textes d'Asli Erdogan à voix haute, partageons leur beauté face à un État devenu assassin. Jusqu'à la libération d'Aslı Erdoğan ! » Cet appel lancé par deux écrivains, Tieri Briet et Ricardo Montserrat, a déclenché toute une série d'initiatives.
Celle de la comédienne Sophie Bourel, sensibilisée dès le mois d'août, est à l'origine de la soirée phare de la maison de la Poésie, le lundi 12 décembre. Elle accueille Mine Aydoslu, la mère d'Asli Erdogan, qui avait déjà été chercher en Suède le prix Tucholsky, attribué par le PEN Club, à sa fille incarcérée. Autour d'elle, Françoise Nyssen, présidente d'Actes Sud, Timour Muhidine son éditeur, Pierre Astier, son agent littéraire, Yiğit Bener, écrivain, traducteur et interprète turc, Emmanuelle Collas, directrice des éditions Galaade et Selin Altiparmak, comédienne, évoqueront la situation des écrivains. Des extraits de l'œuvre d'Asli Erdogan seront lus, dont, en avant-première, des chroniques parues dans Özgür Gündem, extraites du recueil de ces textes, Même le silence n'est plus à toi qu'Actes Sud publiera le 4 janvier. On y projettera aussi un court-métrage d'Eren Topcu : Chroniques du fascisme, aujourd'hui.

« Son arrestation est le signe de ce qui allait arriver » (Yigit Bener, écrivain)


À Istanbul, mi-novembre, nous avons rencontré celui qui s'exprimera sur cette scène lundi soir, Yigit Bener, l'auteur du Revenant (Actes Sud), un roman remarquablement éclairant sur la Turquie contemporaine, et dont le prochain livre paraîtra aux éditions de la MEET, en attendant un autre roman à venir chez Galaade. Nous lui avons demandé de quoi Asli Erdogan est le symbole.
« Son arrestation était le signe de ce qui allait arriver, alors qu'on était en train de parler de reconstruire un système démocratique tous ensemble », décode Bener. « Sauf que le pouvoir était en train de purger tous ceux qui étaient dits gulénistes (la secte de Fethullah Gulen accusée d'avoir fomenté le coup d'État du 15 juillet dernier, NDLR), qui ne sont certes ni des démocrates ni des anges. Personne ne s'est opposé alors à l'éviction de généraux putschistes, de magistrats pourris. Mais que dire des renvois de milliers d'enseignants pour leur supposée appartenance à un mouvement dont les dirigeants auraient fait un coup d'État ? Ça devenait problématique, mais personne n'a osé protester. Or, quand Asli a été arrêtée, il devenait clair qu'on visait directement une personne qui n'avait rien à voir avec le mouvement guléniste : le prétexte de son arrestation nous signalait ce qui se passerait par la suite, puisqu'il semblait normal d'arrêter des gens pour leur simple sympathie ou convergence à une organisation hier légale, mais aujourd'hui cataloguée comme terroriste-putschiste (les gulénistes), alors on pouvait appliquer la même logique pour le PKK, également catalogué comme organisation terroriste : tous ceux qui, de près ou de loin, auraient collaboré avec la branche légale du mouvement kurde (que le gouvernement assimile désormais dans sa totalité au PKK) sont donc susceptibles d'être arrêtés sous l'inculpation de terrorisme. »

Pire qu'après le coup d'État de 1980

Asli Erdogan a collaboré au journal Özgür Gündem, accusé d'être lié au PKK. Dans sa lettre envoyée de prison le 2 décembre, elle souligne que, selon la législation des médias, les membres du conseil consultatif du journal (c'était son cas) ne sont pas responsables du contenu rédactionnel. Ajoutant que… de « tels détails n'intéressent plus personne en Turquie ». Elle cite aussi les noms de ceux qui sont aujourd'hui emprisonnés comme elle, arrêtés dans des conditions « kafkaïennes », soumis à « l'arbitraire, le harcèlement et la privation de droits ». Une situation bien pire qu'après le coup d'État de 1980, précise-t-elle.
«C'est méconnaître Asli que de pouvoir croire une seule seconde à un appel à la violence de sa part », poursuit Yigit Bener. « Malgré cela, elle a été arrêtée et là, on a perdu une première bataille parce qu'il n'y a pas eu dans l'immédiat, en dehors des manifestations des écrivains, assez de réactions massives à cette dérive autoritaire. Notamment du parti kémaliste, CHP, qui aurait pu réagir plus fort, en s'associant avec le Parti du mouvement kurde (HDP). Rien n'est arrivé, un boulevard s'ouvrait pour le pouvoir : dans la foulée, d'autres intellectuels ont été arrêtés, puis le quotidien laïque Cumhuriyet a été touché, puis les maires du HDP ont été destitués et arrêtés, et enfin les députés et dirigeants du HDP. Le tribunal a réclamé le maximum pour Asli, la perpétuité, et si la peine de mort avait été rétablie, comme le souhaite Erdogan (après avoir lui-même légalisé son abolition, NDLR), on aurait donc demandé sa mort », souligne l'écrivain.

Une situation folle

À Istanbul, chacun parle de situation folle, inimaginable, plus grave que ce que la Turquie a jusque-là connu, et pourtant l'histoire n'a jamais épargné les écrivains opposants au pouvoir… Son ami l'écrivain et dramaturge Murathan Mungan, rencontré dans sa maison d'édition Metis à Istanbul et dont Galaade publiera la traduction du premier roman en janvier, confie : « Je suis très malheureux, cela fait bientôt cent jours. Asli Erdogan est une amie à moi. Elle et Necmiye Alpay sont deux personnes qui demandent simplement la paix. Elles sont toutes deux connues et donc mises en avant par leur popularité à titre de symboles. Mais il y a beaucoup d'autres journalistes et écrivains en prison pour des raisons semblables. Le but ? Faire peur aux Turcs qui ne sont pas Kurdes, auxquels on dit : Regardez, si vous vous en mêlez, cette vague d'emprisonnements s'amplifiera. C'est du moins ce que je ressens personnellement. »
Que faire ? « Ces outrances poussent justement les gens à réagir et à se fédérer petit à petit », constate Yigit Bener. Pour sa part, la romancière Oya Baydar, qui vient de recevoir le prix France Turquie 2016 pour son livre Et ne reste que des cendres(Phébus), le dédie à tous ceux qui sont en prison. Son mari, journaliste à Cumhuriyet y est resté six jours avant d'être libéré pour raisons de santé, ainsi que deux autres confrères, sur les treize incarcérés. Collaborateur lui aussi du journal Cumhuriyet, depuis 20 ans,le poète Ataol Behramoglu, qui en a vu d'autres, rappelle en forme d'adage universel : « Un écrivain est en prison, tout le pays est en prison. »
À LIRE aussi
Lectures du Batiment de pierre d'Asli Erdogan : le 10 décembre à 17 heures, au théâtre de la Bastille à Paris par Clotilde Hesme ; le 11 décembre à 16 heures, à la librairie Maupetit à Marseille. Le 12 décembre à 18 heures, à l'espace LCause à Brest. Parmi les prochaines lectures : 12 décembre à 17 heures, à La Machine à Musique à Bordeaux. À 19 heures, à La Manufacture des tabacs à Nantes (le collectif Free Aslı Erdoğan donnera des lectures en français mais aussi en turc de ses textes). Le 12 décembre 2016 à 20 heures, à la maison de la Poésie à Paris.

L'Impromptu de Versailles de Molière

La pièce de Py emprunte  son schéma à l'Impromptu de Versailles de Molière.

Lire la pièce


"L’impromptu trouve son origine dans la commedia dell’arte, sous le nom de commedia all’improviso : il se développe autour des notions de soudaineté et de rapidité, de spontanéité et d’improvisation, voire  de répétition théâtrale.
L’impromptu tel que Molière en définit pour la première fois le genre désigne donc une fausse répétition, feinte ou fictive mais néanmoins écrite, fixée sur la scène et sur le papier, en présence et sous l’autorité de l’auteur ou du chef de la troupe, au cours de laquelle les acteurs expriment leurs doutes en même temps que leurs convictions sur quelques grands ou menus sujets d’esthétique théâtrale, d’art du jeu ou de la représentation, voire, dans certains cas plus contemporains, d’idéologie ou de politique culturelle.

La scène qui suit ouvre L’Impromptu de Versailles et présente la troupe de Molière en train de travailler : il y est question de la polémique suscitée par L’Ecole des femmes, et met en scène les comédiens de la troupe de Molière.

(...) MADEMOISELLE BÉJART : Mais puisqu’on vous a commandé de travailler sur le sujet de la critique qu’on a faite contre vous, que n’avez-vous fait cette comédie des comédiens, dont vous nous avez parlé il y a longtemps? C’était une affaire toute trouvée et qui venait fort bien à la chose, et d’autant mieux, qu’ayant entrepris de vous peindre, ils vous ouvraient l’occasion de les peindre aussi, et que cela aurait pu s’appeler leur portrait, à bien plus juste titre que tout ce qu’ils ont fait ne peut être appelé le vôtre. Car vouloir contrefaire un comédien dans un rôle comique, ce n’est pas le peindre lui-même, c’est peindre d’après lui les personnages qu’il représente, et se servir des mêmes traits et des mêmes couleurs qu’il est obligé d’employer aux différents tableaux des caractères ridicules qu’il imite d’après nature ; mais contrefaire un comédien dans des rôles sérieux, c’est le peindre par des défauts qui sont entièrement de lui, puisque ces sortes de personnages ne veulent ni les gestes, ni les tons de voix ridicules dans lesquels on le reconnaît.

MOLIÈRE : Il est vrai ; mais j’ai mes raisons pour ne le pas faire, et je n’ai pas cru, entre nous, que la chose en valût la peine ; et puis il fallait plus de temps pour exécuter cette idée. Comme leurs jours de comédies sont les mêmes que les nôtres, à peine ai-je été les voir que trois ou quatre fois depuis que nous sommes à Paris ; je n’ai attrapé de leur manière de réciter que ce qui m’a d’abord sauté aux yeux, et j’aurais eu besoin de les étudier davantage pour faire des portraits bien ressemblants.

MADEMOISELLE DU PARC : Pour moi, j’en ai reconnu quelques-uns dans votre bouche.

MADEMOISELLE DE BRIE : Je n’ai jamais ouï parler de cela.

MOLIÈRE : C’est une idée qui m’avait passé une fois par la tête, et que j’ai laissée là comme une bagatelle, une badinerie, qui peut-être n’aurait point fait rire.

MADEMOISELLE DE BRIE : Dites-la-moi un peu, puisque vous l’avez dite aux autres.

MOLIÈRE : Nous n’avons pas le temps maintenant.

MADEMOISELLE DE BRIE : Seulement deux mots.

MOLIÈRE : J’avais songé une comédie où il y aurait eu un poète, que j’aurais représenté moi même, qui serait venu pour offrir une pièce à une troupe de comédiens nouvellement arrivés de la campagne. “Avez-vous, aurait-il dit, des acteurs et des actrices qui soient capables de bien faire valoir un ouvrage, car ma pièce est une pièce. - Eh ! Monsieur, auraient répondu les comédiens, nous avons des hommes et des femmes qui ont été trouvés raisonnables partout où nous avons passé. - Et qui fait les rois parmi vous ? - Voilà un acteur qui s’en démêle parfois. - Qui ? ce jeune homme bien fait ? Vous moquez-vous ? Il faut un roi qui soit gros et gras comme quatre, un roi, morbleu! qui soit entripaillé comme il faut, un roi d’une vaste circonférence, et qui puisse remplir un trône de la belle manière. La belle chose qu’un roi d’une taille galante ! Voilà déjà un grand défaut ; mais que je l’entende un peu réciter une douzaine de vers.” (...)
Molière, extrait de L’Impromptu de Versailles
 
Il convient en outre de rattacher la tradition ludique, humoristique et polémique des impromptus à une thématique plus large et plus vaste : celle du théâtre dans le théâtre, de la mise en abyme de la scène, de l’enchâssement des fictions ou encore du méta- théâtre (c’est-à-dire le discours ou le commentaire sur le théâtre, au coeur même du texte théâtral).
 
On peut se référer dès lors à la longue tradition qui utilise ce procédé :


Aristophane, Les Grenouilles
Shakespeare, Hamlet et Le Songe d’une nuit d’été
Corneille, L’Illusion comique
Marivaux, Les Acteurs de bonne foi
Pirandello, Six personnages en quête d’auteur et Ce soir on improvise

L'illusion Comique de Pierre Corneille

Lire le texte

Mise en scène de frédéric Fisbach: dossier

Les mises en scènes marquantes sur leblog les théâtreux

Le titre de la pièce de Py est un clin d'oeil à l'oeuvre de Corneille même si peu de choses rappellent l'intrigue: le conflit entre le père et le fils peut-être. Olivier Py souligne lui l'importance du caractère baroque de sa pièce. voir entretien: pièces enchâssées les unes dans les autres, théâtre dans le théâtre, chaque élément renvoie à la totalité. L'illusion Comique de Corneille est la pièce baroque par excellence.




Illusions Comiques d'Olivier Py: dédiée à Jean-Luc Lagarce

Pour en savoir plus sur Jean-Luc Lagarce, aller

Dans Illusions comiques, il est question de la pièce Nous, les héros: 
 
Ecrite en 1993 
Lorsqu'ils sortent de scène, dans la coulisse, les acteurs de la troupe commencent leur vie, recommencent leur vie, leur vraie vie. Ils sont à nouveau eux-mêmes, c'est ce qu'ils veulent croire.
Comme chaque soir, toutes ces dernières années, cela ne s'est pas très bien passé. Ils sont fatigués, épuisés, déçus de la vie qu'ils mènent et peut-être devraient-ils renoncer ou partir vers de plus grandes villes pour tenter, à nouveau, sans les autres, une nouvelle aventure. Carrière solitaire.
Mais nous fêtons un événement important, cette soirée est une soirée particulière. La fille aînée des patrons de la troupe se fiancera, dans les coulisses, avec le jeune premier de la fin de l'acte un. Elle l'épousera, ils seront chefs du théâtre, ils joueront le répertoire de la compagnie, contre tous les aléas de l'existence, les hôtels mal chauffés, le petit personnel agressif des salles des fêtes de province et l'indifférence narquoise du public et des enfants imbéciles.
Demain, nous fuirons, mais ce soir encore, nous faisons semblant puisque nous ne savons rien faire d'autre.

les différentes mises en scènes de cette pièce