Les théâtres sont fermés, les tournées annulées, la profession est très inquiète.
Pour la première fois mardi 26 mai, en respectant les distances sanitaires, des artistes ont décidé de proposer leur création dans la rue à Besançon, Bayonne, Crest:
Enterrer les morts et réveiller les vivants"
Ce 26 mai 2020, aux quatre coins de la France (Franche-Comte, Drôme, Ile de France, Nouvelle Aquitaine...) des artistes vont se déployer en douceur dans l'espace public pour un "Acte Poétique National."
Pour ensemble, le même jour, poser un acte fort : Penser ensemble l'art et la culture, avec tous les travailleur.ses de ce secteur.
A #Besançon, place de la Révolution
Happening enterrer les morts , réparer les vivants
Vue d'en haut (5mn)
Photos
C'est quelque chose comme cela que nous pourrions faire dans la cour du lycée, si nous reprenons quelques heures de théâtre avant la fin de l'année à partir d'extraits des pièces travaillées, de journal du confinement, de textes sur les moments de liberté, d'improvisations; A votre imagination.
Un blog pour les élèves des options théâtre du Lycée Camille Sée à Colmar
vendredi 12 juin 2020
Moment de liberté: proposition de Myriam Mita
Ceci est mon moment de liberté
J’ai essayé d’écrire
sur le moment où je me sentais le plus libre. Réellement. Plusieurs fois. J’ai
cherché au fond de moi même, je me suis rappelée de moments doux, joyeux, et
cela m’a fait du bien, vraiment. Mais c’est à ce moment là que j’ai compris que
j’aurais beau chercher, tenter de rédiger en me pliant aux consignes, je n’y
arriverais pas. Parce que chacun a une vision personnelle de ce qu’est la
liberté et que la mienne n’est pas celles des autres, tout comme celles des
autres n’est pas la mienne. J’ai beau essayer de choisir la facilité, de me
faire violence, je ne peux pas me mentir à moi-même en connaissance de cause,
pas alors que mon opinion est tellement à l'opposé. Alors tant pis, je prends
le risque, d’aucun dirait la liberté, de dire ce que je pense et si ça dérange,
tant mieux, j’écris pour ça.
On a peur qu'on nous
prive de notre sainte liberté, on a peur d'être espionné, mais il faut se
rendre à l'évidence, arrêter de se croire unique important, l'hypocrisie a
assez duré, nous avons tous été formés dans le même moule, on nous a donné les
mêmes tares, les mêmes défauts. Les mêmes objectifs. On pourra dire ce qu'on
veut, que le cadre change, que l'éducation n'est pas la même; que la religion
diffère, je répondrais que l'être humain reste un être humain.
On nous a donné
comme unique but, seul objectif le bonheur. Où est le droit au choix, la
liberté ? On estime que c'est ce qu'il y a de mieux mais personne n'arrive à
définir le bonheur, il est indétectable qui y a t-il de bien de courir après un
objectif inatteignable ?
Selon moi, la
liberté n'est pas un moment, ce n'est pas une émotion, c'est un pouvoir, un
choix. Il implique des sacrifices. On a beau nous dire qu'on est libre, quelle
que soit la prison, elle existe, elle revêt différents noms, prend différentes
formes, mais elle est toujours là, oppressante, elle va de paire avec notre
humanité. La plus connue de ces prisons, la plus puissante, se nomme Société.
Même seul, allongé en forêt, en rêvant : nous ne sommes pas libres. Nos
pensées, nos doutes nous en empêchent. La liberté n'est pas humaine, pas
rationnelle, elle n'est pas accessible à tout le monde. On pourra dire ce que
l'on veut, la liberté, c'est un risque dont il faut savoir assumer les
conséquences. C'est un pouvoir dont le prix est lourd et peu de gens peuvent se
vanter de pouvoir le payer.
J'ai voulu parler de
moments où je me sentais bien en confondant le bien-être avec la liberté mais
ce n'est pas la même chose, le bien-être ne prend pas de risque, ne demande pas
de sacrifice, la liberté, ce n'est pas ça, la liberté c'est d'avoir le pouvoir
de choisir, entre la vie et la mort, la peine et la joie. Ce n'est pas quelque
chose de définissable, pas quelque chose de stable, c'est personnel, c'est commun.
Je pourrais écrire une thèse dessus et je suis sûre que des gens beaucoup plus
qualifiés que moi l'ont déjà fait. Je ne peux pas décrire un moment où j'étais
le plus libre, je peux décrire le moment où j'ai pris le droit de faire des
choix, non pas entre trois possibilités comme pour les spécialités de cette
année mais entre toutes les possibilités que l'univers nous offre et que nous
refusons de voir.
Le
seul moment où je peux pleinement prendre ces choix, m’échapper de cette
prison, c'est lorsque les mots s'échappent de la pression des règles du monde,
quand l'imaginaire prend ses droits, quand tout redevient possible. Quand aux
frontières entre le rêve fou et le monde réel, on choisit le rêve fou. On va
peut être me prendre pour une folle mais je n'en ai cure. La folie est un choix
que je fais, un choix qui me rend libre quand j'accepte de prendre le risque et
de faire les sacrifices qu’il requiert
Proposition de mise en scène du Marteau et la Faucille
A partir du travail de groupe qui m'a été envoyé:
Scénographie :
En fond de la salle ( En
général la salle désigne l’espace du public : il faut parler de scène, de
plateau et dire « aux lointains » pour parler du fond de scène)
il y a un fond noir avec des lignes verticales rouges pour rappeler les
barreaux de prison ( Le texte dit pourtant qu’il n’y a
pas de barreaux, de fil de fer barbelé. Attention à d’abord construire l’espace
à partir de ce que dit le texte avant de s’en éloigner. Le metteur en scène
peut le faire mais il faut qu’il soit conscient du fait qu’il ne prend pas le
texte à la lettre.) ainsi que le communisme très présent dans la
nouvelle. ( A prouver. Où vous voyez-vous des allusions
au communisme ?)
La scène n'est pas rectangulaire, elle possède
une avancée sur l'avant ( Soyez plus précis)
comme un podium, le pont pour la fin et le passage pour aller au foot.
Sur ce fond noir et rouge il y a une grande télé
plutôt ancienne assez grosse. (Concrètement comment
est-elle représentée ?)
Sur cette télé, on verra l'émission des filles du
narrateur mais aussi des scènes de jeu de foot pour rappeler le terrain de
foot.
Au centre du plateau il
y a deux rangées de chaises tournées vers le public. (Pourquoi ?)
On prévoit aussi des lits verticaux qu'on viendra
placer pour le moment où il y a aura les scènes dans les dortoirs. Pendant ces
passages, moments où les personnages racontent leur passé, on pourra prévoir de
passer des images reconstruisant celui-ci.
Pour représenter le parloir on change
l'organisation des chaises et on les mets en face les unes des autres à
distance et de manière à ce qu'on voit que c'est un parloir.
*souvenirs sur la télé / passages sur sa femme et
ses souvenirs pendant que le narrateur raconte.
●
Jerold Bradwey (surnom Jerry), a
changé l’orthographe de son prénom : narrateur de l’histoire. Instable, trouve
que sa vie d’avant n’avait pas beaucoup de sens. Il ne se souvient même pas de
pourquoi il a fait ce qui la mené dans ces lieux. Débat avec lui-même la valeur
de l’argent.
●
Norman Bloch : Voisin de box de
Jerold. Plus vieux que lui, a plus d’expérience et d’ego. La prison ne lui
déplaît pas, il se sent libre de ses pulsions personnelles, il est en paix.
●
Feliks Zuber : Le plus âgés des
détenus. Condamnation de sept cent vingt ans de réclusion. Il avait commis
tellement de crimes qu’il nécessitait de le garder dans un environnement
beaucoup plus strict, il ne reverra plus ce qu’il y a en dehors de la prison.
Il possède des lunettes teintées, un survêtement violet, et des cheveux noirs
qui sont comparés à la mort. Ce personnage, pourtant décrit comme souriant et
vivant, est directement associé à la mort.
●
Kate et Laurie (12 et 10 ans) : Les
filles de Jerold et de la «mère» (nom inconnu). Elles présentent les nouvelles
à la télé sur une chaîne pour enfant. Très appréciées des détenus.
●
La mère de Kate et Laurie : Assez
froide, peut-être en conflit avec Jerold. Elle est aussi intelligente,
sournoise, tranchante. Soupçonnée d’écrire les textes de Kate et Laurie à la
télé. Décrite comme le «cerveau de l’histoire».
●
5 autres détenus
●
3 femmes pour le parloir : Une d’entre
elles est la supposée ex-femme de Jerold.
Costumes :
-Détenus : Dans
la nouvelle c’est écrit que chaque détenu porte un survêtement dont la couleur
indique son délit. On peut garder ça pour l’ironie dont Jerold parle et le fait
que les détenus portent des couleurs vives peut contraster avec le fond foncé.
-Les gens en dehors de la prison :
uniforme identique, car ils vivent tous pour la même chose, l’argent.
-Femme au parloir (supposée ex-femme)
: une tunique mais toute en blanc, chaussure, vêtements
etc…
-Laurie et Kate
habillées comme des femmes, ce qui appuiera le fait que leurs paroles ne sont
pas adaptées à leur âge. Tailleurs pantalon ternes (bruns ce serait bien), pour
la gravité de leur émission mais avec des couettes ou une coiffure d’enfant.
Il
faudrait décrire un plus le dispositif de jeu, les différentes séquences de la
pièce : passage dialogués, passages narrés, projections etc. Vous ne dites
pas assez quel est le propos de la pièce et donc l’on ne perçoit pas assez vos
partis-pris de mise en scène.
Certains
camarades présents à la visio conférence ont imaginé un spectacle déambulatoire
dans un bâtiment désaffecté.
jeudi 11 juin 2020
Mon plus grand moment de liberté: contribution de Jade ( terminale)
Mon plus grand moment de liberté
La liberté
est pour moi un concept auquel j’aspire tout au long de ma vie. J’associe ce
sentiment avec celui de profond bonheur et d’insouciance et pourtant je pense
pouvoir dire honnêtement ne l’avoir que très peu ressenti au cours de ma vie. Et
pourtant, pour une fois l’avoir connue , je cherche désespérément à retrouver
cette sensation. Mon plus grand moment de liberté était un soir d’été durant
mon séjour dans ma vieille maison de vacances en Bretagne. Située sur la côte
en bord de mer, le vent était plus violent qu’à son habitude et le fait de
rester enfermée à l’intérieur rendait l’atmosphère lugubre et austère. J’ai
profité de cet instant de solitude pour sortir me promener sur les dunes comme
à mon habitude. La tranquillité, l’ambiance et la fraîcheur du soir me font
privilégier ce moment de la journée. Petit à petit, je suis descendue sur la
plage pour sentir le sable humide et m’allonger. La mer était agitée et faisait
émerger de belles vagues qui roulaient jusqu’à mes pieds. Je trouvais habituellement
l’eau froide mais la fraîche température du soir créait un faible contraste
entre les deux et elle me paraissait ainsi plus chaude. Prise par un élan de
témérité, je décidais de m’avancer de plus en plus et très vite j’ai été ensevelie
par les rouleaux de vagues. Une fois seule et totalement immergée au cœur de
cette masse d’eau, j’ai pu ressentir une profonde sérénité qui contrastait avec
l’agitation de la mer. Je me suis sentie à la fois invisible face à elle,
malgré la puissance, je remontais toujours à la surface et paradoxalement
j’avais cette sensation d’harmonie, de protection comme si elle m’enveloppait
et me protégeait. Je ne pensais alors à rien si ce n’est à ce profond sentiment
de liberté, à ce plaisir de se retrouver avec soi, de lâcher prise et au fait
que rien ni personne ne pouvait interférer avec ce moment de bonheur et de
solitude. Il s’agit d’un moment auquel je pense souvent mais il ne m’est jamais
venu à l’idée de l’écrire. En le faisant, je ressens à nouveau ce plaisir.
Celui de se concentrer sur les mots que j’écris en faisant abstraction de ce
qui m’entoure. J’ai ainsi compris que cette liberté peut se trouver dans les
moments les plus inattendus. Parfois, il s’agit pour moi simplement de
lâcher prise, d’oser et de profiter des cadeaux que la vie peut nous donner.
mardi 9 juin 2020
Premières: Habiter la Cerisaie
« Habiter La Cerisaie, de Tchekhov » : voici le thème sur
lequel les étudiants de CPGE du Lycée Lamartine ont travaillé avec leur
professeure Valérie Judde et la metteuse en scène Catherine Umbdenstock
en partenariat avec La Commune – CDN d’Aubervilliers.
Un premier exercice « Solo » a été réalisé au plateau : il s’agissait de présenter sous une forme très libre, un des personnages de la pièce et son rapport à l’espace de la Cerisaie. De là a découlé une distribution et un découpage de séquences, qui ont été mises en lecture, puis en espace au fur et à mesure des séances. À défaut d’une présentation publique de l’ensemble de leur travail, rendue impossible par le confinement, les étudiants ont réalisé un 2ème solo filmé, pour approfondir leur construction du personnage choisi.
Telle était la consigne de cet exercice hors-norme : « Placez votre personnage, seul, dans une situation qui aurait eu lieu avant le début de la pièce, ou après la fin de la pièce La Cerisaie. En gardant toujours l’accent sur le rapport de votre personnage à son espace : que faisait-il avant le retour à la Cerisaie (Acte I), ou après l’abattage des cerisiers (Acte IV) ? »
« Écrire un monologue, c’est expérimenter à la fois un chemin et une technique de l’inspiration, c’est comme entrer dans un jardin et décrire ce que nous voyons » Krystian Lupa
Voici les petits films réalisés par les élèves:
Habiter la Cerisaie
C'est à quelque chose comme cema que nous aurions pu arriver si vous vous étiez filmés en disant le journal de confinement de votre personnage sur quelques jours. c'est d'ailleurs encore possible de le réaliser.
Un premier exercice « Solo » a été réalisé au plateau : il s’agissait de présenter sous une forme très libre, un des personnages de la pièce et son rapport à l’espace de la Cerisaie. De là a découlé une distribution et un découpage de séquences, qui ont été mises en lecture, puis en espace au fur et à mesure des séances. À défaut d’une présentation publique de l’ensemble de leur travail, rendue impossible par le confinement, les étudiants ont réalisé un 2ème solo filmé, pour approfondir leur construction du personnage choisi.
Telle était la consigne de cet exercice hors-norme : « Placez votre personnage, seul, dans une situation qui aurait eu lieu avant le début de la pièce, ou après la fin de la pièce La Cerisaie. En gardant toujours l’accent sur le rapport de votre personnage à son espace : que faisait-il avant le retour à la Cerisaie (Acte I), ou après l’abattage des cerisiers (Acte IV) ? »
« Écrire un monologue, c’est expérimenter à la fois un chemin et une technique de l’inspiration, c’est comme entrer dans un jardin et décrire ce que nous voyons » Krystian Lupa
Voici les petits films réalisés par les élèves:
Habiter la Cerisaie
C'est à quelque chose comme cema que nous aurions pu arriver si vous vous étiez filmés en disant le journal de confinement de votre personnage sur quelques jours. c'est d'ailleurs encore possible de le réaliser.
dimanche 7 juin 2020
Cinq moments forts de l'histoire du théâtre
Sur Bosse ton bac avec Bowie créé pendant le confinement, un collègue tient une chronique sur cinq moments forts du théâtre
le théâtre grec, le théâtre élizabethain, le théâtre classique français, le théâtre de l’absurde et le théâtre « distancié » de Brecht.
le théâtre grec, le théâtre élizabethain, le théâtre classique français, le théâtre de l’absurde et le théâtre « distancié » de Brecht.
samedi 6 juin 2020
Premières: prochains cours
Pour ceux qui viendront au lycée: lundi 8 juin 12h45 à 15h15 salle 107
Pour tout le monde en visio conférence: lundi 8 juin16h
Pour tout le monde en visio conférence: lundi 8 juin16h
Des nouvelles du Gourbi Bleu la compagnie de Sandrine Pires
Je vous recommande de lire le dialogue entre Sandrine et Agathe, la présidente de l'association du Gourbi Bleu qui dit comment ces deux femmes ont ressenti lle confinement et la crise du Covid:
Des nouvelles du Gourbi Bleu
Vous aurez aussi des nouvelles de la tournée du Triptyque et d'un projet que sandrine met en route.
Des nouvelles du Gourbi Bleu
Vous aurez aussi des nouvelles de la tournée du Triptyque et d'un projet que sandrine met en route.
vendredi 5 juin 2020
Je ne suis pas votre nègre : documentaire sur James Baldwin
Plus que jamais d'actualité: james baldwin.
Disponible jusqu'au 12 juin sur Arte le très beau documentaire de Raoul Peck sur Baldwin:
Je ne suis pas votre nègre (87mn) (2015)
Disponible jusqu'au 12 juin sur Arte le très beau documentaire de Raoul Peck sur Baldwin:
Je ne suis pas votre nègre (87mn) (2015)
À
partir des textes de l'écrivain noir américain James Baldwin
(1924-1987), le cinéaste Raoul Peck revisite les années sanglantes de
lutte pour les droits civiques, à travers notamment les assassinats de
Martin Luther King Jr., Medgar Evers et Malcolm X. Un éblouissant
réquisitoire sur la question raciale.
En
juin 1979, l’auteur noir américain James Baldwin écrit à son agent
littéraire pour lui raconter le livre qu'il prépare : le récit des vies
et des assassinats de ses amis Martin Luther King Jr., Medgar Evers,
membre de la National Association for the Advancement of Colored People
(NAACP), et Malcolm X. En l'espace de cinq années, leur mort a
traumatisé une génération. En 1987, l'écrivain disparaît avant d'avoir
achevé son projet. Il laisse un manuscrit de trente pages, Notes for Remember this House, que son exécuteur testamentaire confiera plus tard à Raoul Peck (L'école du pouvoir, Lumumba).
Colère froide
Avec pour seule voix la prose fiévreuse et combative de Baldwin, le cinéaste revisite les années sanglantes de lutte pour les droits civiques, les trois assassinats précités, et se penche sur la recrudescence actuelle de la violence envers les Noirs américains, ce qui confère une troublante actualité aux propos de l'écrivain. James Baldwin ne se contente pas de dénoncer les violences et les discriminations à l'égard des Noirs, la terreur dans laquelle lui et ses semblables vivent. Il s'attaque à ce qui, dans la culture américaine, et le cinéma hollywoodien en particulier, s'obstine à fausser la réalité : l'innocence factice, l'héroïsme côté blanc, la souffrance, la faiblesse côté noir, sans oublier les hypocrites scènes de réconciliations raciales. "Les Blancs doivent chercher à comprendre pourquoi la figure du nègre leur était nécessaire", assène-t-il lors d'une allocution télévisée. À ce commentaire, à mi-chemin entre colère froide et implacable réquisitoire, dit par JoeyStarr (Samuel L. Jackson assurant, lui, la version anglaise), répond, dans une alchimie impeccable, un fascinant flot d'images (reportages, archives, extraits de films, photos) qui nous propulse au cœur de l'identité américaine, voire occidentale, de ses cruautés et de ses faux-semblants. En plus de rendre hommage à un écrivain majeur, ce documentaire, primé à maintes reprises, offre un voyage saisissant au cœur d'une société américaine au bord de l'implosion. L'un des plus beaux films de Raoul Peck qui, à l'instar de Baldwin, porte sur son sujet un regard sensible et engagé.
Colère froide
Avec pour seule voix la prose fiévreuse et combative de Baldwin, le cinéaste revisite les années sanglantes de lutte pour les droits civiques, les trois assassinats précités, et se penche sur la recrudescence actuelle de la violence envers les Noirs américains, ce qui confère une troublante actualité aux propos de l'écrivain. James Baldwin ne se contente pas de dénoncer les violences et les discriminations à l'égard des Noirs, la terreur dans laquelle lui et ses semblables vivent. Il s'attaque à ce qui, dans la culture américaine, et le cinéma hollywoodien en particulier, s'obstine à fausser la réalité : l'innocence factice, l'héroïsme côté blanc, la souffrance, la faiblesse côté noir, sans oublier les hypocrites scènes de réconciliations raciales. "Les Blancs doivent chercher à comprendre pourquoi la figure du nègre leur était nécessaire", assène-t-il lors d'une allocution télévisée. À ce commentaire, à mi-chemin entre colère froide et implacable réquisitoire, dit par JoeyStarr (Samuel L. Jackson assurant, lui, la version anglaise), répond, dans une alchimie impeccable, un fascinant flot d'images (reportages, archives, extraits de films, photos) qui nous propulse au cœur de l'identité américaine, voire occidentale, de ses cruautés et de ses faux-semblants. En plus de rendre hommage à un écrivain majeur, ce documentaire, primé à maintes reprises, offre un voyage saisissant au cœur d'une société américaine au bord de l'implosion. L'un des plus beaux films de Raoul Peck qui, à l'instar de Baldwin, porte sur son sujet un regard sensible et engagé.
mercredi 3 juin 2020
Notes sur la Cerisaie de Peter Brook pour lespremières ( analyse) 2
la «naturalité» des acteurs
Bien évidemment, dans un
théâtre qui refuse d'éblouir par les fastes du décor et des éclairages,
l'acteur devient le pivot essentiel du spectacle. On peut dire que Brook a
développé un nouvel art de l'acteur, mais il est particulièrement difficile de
le définir parce que, comme toute l'esthétique brookienne, il se refuse à tout
système.
Il est sûr que le naturel a été le but visé par les deux
derniers spectacles (ce qui ne fut pas le cas de tous les précédents: là
encore, Brook ne veut pas s'enfermer dans une forme fixe et rigide).
De ce
point de vue, la proximité acteurs-spectateurs exclut tout maquillage excessif
(les hommes n'en ont pas, les femmes en ont selon la nécessité naturelle de
leur rôle), toute tricherie sur les accessoires et les costumes. Ceux-ci ne
ressemblent jamais à des costumes de théâtre. Ils ont toujours l'air d'avoir
été déjà portés (quand ils ne paraissent pas carrément sortir d'un marché aux
puces Le costume de Lopakhine dans la Cerisaie est incroyablement froissé: il
témoigne du fait que le personnage vient de dormir tout habillé, comme il le
dit lui-même.
bref, un naturel qui est le fruit du long travail de
préparation qui a précédé, et non exactement de répétition, car Brook fait très
peu répéter la même chose, afin d'éviter aux comédiens de se figer trop vite
dans des effets.
Jusqu'au dernier moment, la mise en scène n'est pas fixée: il
ne cesse de la faire bouger, de demander aux acteurs d'essayer d'autres gestes,
d'autres intentions, de modifier les déplacements et les positions. Et cette
mobilité entraîne les acteurs à une invention sans cesse renouvelée, à une
attention toujours soutenue, car le partenaire doit pouvoir trouver
immédiatement une réponse adéquate à la nouvelle proposition. De là
proviennent, pendant la représentation, cette concentration du jeu, des
regards, cette communication profonde entre tous les acteurs en scène, cette
intensité de la présence qui sont très particulières aux comédiens de Brook et
qui donnent l'impression qu'ils habitent leur personnage (il faut voir Maurice
Bénichou dans le rôle secondaire de Yacha: le regard, ironique ou veule, selon
à qui il s'adresse, la manière de fumer le cigare suffisent à faire exister
fortement ce personnage de valet snob). La souplesse des mouvements et des
gestes fait croire à la spontanéité des acteurs. On n'a pas le sentiment que
ceux-ci sont fixés d'avance.
Dans la Cerisaie, en particulier, il y a un tel
bouillonnement d'actions, les personnages sont souvent si agités, se levant,
s'asseyant, courant dans tous les sens qu'il ne semble pas qu'un ordre
préalable ait présidé à toute cette confusion et qu'on croit voir le
surgissement même de la vie. C'est alors que la mise en scène devient
transparente au public. Il est vrai que Brook n'impose pas les gestes: s'il en
suggère, c'est au même titre que n'importe quel comédien
Il y a, d'une façon générale, de la part de Brook, une
très grande méfiance pour les formes fixes.
Déjà, dans l'Espace vide, il
écrivait: «Le théâtre est un art auto-destructeur. Il est écrit sur le sable
(...). Une mise en scène est établie et doit être reproduite — mais, du jour où
elle est fixée, quelque chose d'invisible commence à mourir.
II
n'est pas de ces metteurs en scène qui estiment leur travail achevé à la
première représentation publique. Longtemps après, le travail continue sur le
spec-tacle et des modifications peuvent y être apportées.
Il lui paraît aussi quasi impossible
d'appliquer à une pièce une forme préétablie (comme Ariane Mnouchkine décidant
de monter RichardIII en s'inspirant du théâtre nô). Parler à travers un langage
emprunté ne peut que bloquer la création, il faut que la forme jaillisse du travail
concret et collectif sur le texte. Et l'on voit que, malgré des préférences.
Brook ne s'enferme pas dans des principes rigides: si sa prédilection va aux
pleins feux, il ne se refuse pas à user d'effets d'éclairage dans les deux
derniers spectacles; alors que dans Ubu, l'usage de l'objet était surtout
métaphorique, il est ici traité de manière réaliste (ce qui ne l'empêche pas de
se charger de multiples connotations symboliques, au second degré); si, en
général, Brook préfère des costumes hétérogènes parce que ce caractère,
réunissant le présent et le passé, le proche et le lointain, universalise les
personnages tout en les rapprochant de nous, il peut, comme dans Carmen pour
Escamillo ou pour les personnages de la Cerisaie, choisir l'exacte reproduction
historique, quand cela lui paraît nécessaire. Cette flexibilité esthétique doit
aussi, par l'impression d'adéquation entre la pièce et son expression scénique,
contribuer à rendre cette dernière évidente.
l
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