P101-102
Ilayda : Aucune
responsabilité qui resterait à endosser. Pour nous, plus aucun domaine de
responsabilité que le responsable nous accorderait. Nous sommes obligés de vous
l’accorder : tous les hommes sont illégaux.
Chloé : C’est la vérité. Chacun
d’entre nous. Aucune assurance à laquelle nous pourrions croire, aucune
spécialité régionale que nous pourrions goûter, aucune influence qui pourrait
mener à la diversité, ben ouis, vous l’empêchez, c’est clair, aucune diversité
singulière, pas la moindre unité individuelle.
Nawel : aucune
responsabilité que nous pourrons endosser, mais vous vous en foutez, aucune
répartition des responsabilités, nous ne pouvons donc rien prendre en charge ni
rien entreprendre.
Miryam : contrairement à
vous je ne me souviens plus comment s’appelle cette dame, Europe, je crois,
non, IO ( ich, i, io, ik, oui en turc)l’homme du Sud, le méridional, moi donc,
moi seul, mais ça ne suffit pas, mon petit nom ne suffit pas.
Jade : Si vous trouvez
quelque chose, vous pouvez le garder. Nous n’avons pas le droit de le faire,
voilà la pelleteuse ! Cette table branlante, on nous l’a donnée !
elle ne nous appartient pas ! La pelleteuse s’en moque. N’évitez pas ce
conflit juste par peur, lequel ? eh bien celui-là ! Interposez vous
dans le conflit, saisissez l’occasion ! ça vaut le coup !
P103 Chloé : Lorsque vous
voyez quelqu’un en détresse, ressaisissez-vous et agissez !
Ilayda : Lorsque vous nous
voyez, saisissez-vous de nous !
Nawel : Prenez-nous,
saisissez-nous et garantissez la sécurité, une petite sécurité à votre Etat, à
vos concitoyens, à vos voisins et mettez-nous à la porte
Myriam : Enlevez-nous comme
une tache de graisse. Balayez nous, bazardez nous ! Préservez-vous de
nous. Voila. Ça, c’est bien. C’est la seule façon pour une société, dans
laquelle les droits de l’homme sont restaurés, râtelés, rassemblés en un tas
puis tassés au bulldozer, je veux dire : dans laquelle les droits sont
respectés, d’en devenir une ! Comment ?
Jade : Oui, une société bien
sûr, il faut d’abord qu’elle en devienne une. C’est bien ce que vous voulez,
non ?
Nawel : Ne faire qu’un avec
eux et avec vous-mêmes, vous ne serez donc plus obligés de fuir, ni à travers
les déserts, ni à travers les montagnes. Nous ne sommes pas une société, voilà tout,
ou juste une petite, ou pas encore une.
P104 Chloé : Nos affaires
ont déjà été jetées, nous les suivons volontiers, nous vous suivons vous aussi
sans plus tarder, nous sommes déjà partis.
Jade : Vous devez garantir
la sécurité du pays, c’est aussi ce que doit faire la police, vous voyez, vous
êtes déjà deux, assurez la sécurité et emmenez-nous loin d’ici. Peu importe
comment vous procédez, peu importe qu’il y ait ou non procès, peu importe qu’il
y ait ou non quelque chose, chassez-nous !
Ilyada :Faites-nous partir !
Peu importe comment se finira le procès, laissez-nous partir
Myriam : ou lâchez-nous dans
l’eau !
Nawel : Oui, là où nous sommes.
Chloé : Lâchez nous, ce n’est
pas bien difficile, et c’est parti !
Myriam : Pourquoi ne pas
partir ensemble pour une fois, ce serait sympa, fuyez donc avec nous !,
mais non, vous ne voulez pas, vous voulez partir, mais pas comme ça, pas si vous
ne pouvez pas vous imaginer quel endroit vous fuyez.
P111 :Ilayda : Mais
quand nous ne serons plus là, vous pourrez vous réjouir encore une fois, vous
réjouir encore et encore que nous ne soyons plus là, que vous ayez pu résoudre
sans violence ce conflit, car un autre pouvoir l’a résolu en votre nom, mais ça,
vous ne voulez pas l’admettre.
Nawel : Nous nous en
chargerions volontiers, mais ici il ya toujours, vraiment toujours, un
suppléant qui se charge de donner un coup de pied aux droits des autres, de
détruire cette table offerte et ses tasses en plastique,
Chloé : de défoncer les
chaises de camping
Nawel :offertes elles aussi,
de piétiner puis de faire disparaître nos affaires, ces rares affaires qui ne sont
pas les nôtres, c’est la pelleteuse qui s’en charge, elle vous aide bien qu’elle ne soit pas vivante : c’est
le courage civique vécu au quotidien, même si vous deviez craindre que cela ait
des inconvénients pour vous.
P112 Chloé : mais ne
craignez rien, vous n’aurez rien à craindre, surtout pas des inconvénients,
vous n’avez rien à redouter.
Jade : Entrez s’il vous
plaît et écrasez tout, ça a un effet à court terme que vous pouvez facilement
prolonger si vous nous écrasez en même temps, nous ne sommes pas aussi costauds
que cette table en plastique branlante
Myriam :
pas aussi costauds que cette garniture de jardin dont quelqu’un ne faisait plus
usage parce qu’elle était déjà trop usée. Si nous faisons tout ça, si nous tous
faisons tout, nous vivrons dans un pays sûr, mouais, en tous cas dans un pays à
l’abri de nous, ce serait déjà ça de gagner. Au nombre des possibilités de L’Etre
ensemble dans le monde nous l’avons dit, nous le répétons au cas où vous l’auriez
rat, se trouve incontestablement la représentabilité d’un Etre-là par un autre.
mais bien sûr vous ne voulez pas que nous vous représentions, nous le
comprenons,, vous ne voulez même pas que nous nous dégourdissions les jambes
devant l’église, ça ruine encore plus la belle pelouse, à chaque fois un peu
plus.
P113 : Nawel :
La pelouse nous concerne aussi, oui, cela nous concerne aussi, car nous aussi
sommes possibles, même si vous ne le croyez pas, nous aussi sommes des humains,
nous aussi sommes des autres, nous sommes peut-être les uns et les autres, nous
avons aussi des professions, non, plus maintenant, des classes, non, nous n’avons
plus de classes maintenant, comment ça ?, et l’âge, oui, l’âge, nous l’avons,
effectivement, donc les possibilités de préoccupations ajustées à tout cela, eh
bien quoi ? A vous de choisir.
P114 à suivre