jeudi 30 novembre 2017

HIDA:Egon Schiele

Dossier Monde des arts

A propos du film sur Egon Schiele sur france inter

Présentation par M.Fischer et Guillaume Clayssen des pièces d'Eschyle mises en scène par Olivier PY

Théâtr'Ô phil
Autour de "Prométhée / Les Suppliantes" d'Eschyle

Avec Francis Fischer, lectures par Guillaume Clayssen
Au Pôle Média-Culture Edmond Gerrer, Colmar
Ma 05.12. à 18h30 — Entrée libre


A ne manquer sous aucun prétexte aussi bien pour le théâtre que pour la philo. Je suis sûre que ce sera passionnant et éclairant.
 

mardi 28 novembre 2017

mardi 21 novembre 2017

Terminales critère d'évaluation de la pratique au plateau

Vendredi, dernière séance avec Sandrine, nous évaluerons le travail au plateau.
voici les critères retenus.

1.Attitude face au travail et investissement 5/5:
- Ecoute de l'autre sur le plateau, même quand je ne joue pas. Soutien pour aider à l'amélioration de la qualité de jeu du groupe
-Capacité à prendre en compte les remarques de l'intervenant et du professeur.
-Capacité à être force de proposition sur le plateau
-capacité à s'interroger sur les propositions faites: pertinence dramaturgique, scénique, par rapport aux partis pris de la metteuse en scène.

2. Mémorisation 5/5
-Apprentissage complet du texte, capacité à le jouer et pas seulement à le "réciter"
-Mémorisation aussi de la structure des scènes et travail personnel pour la développer d'une séance à l'autre.

3.Corps et voix: 10/10
- Recherche de l'accord entre corps et voix
- Capacité à entrer dans le code jeu demandé: "bête de scène", "montrer la parole"
-Capacité à être au présent
- Précision des déplacements, ancrage au plateau
- expressivité du visage
-Qualité de la voix: puissance, audibilité, maîtrise du timbre ( pas se perdre dans les aigus, chercher ses graves)
- Expressivité de la voix.

Document 4 ( sujet de première)

Document 4: Sophie Marceau dans le film La Boum



Document 3 ( Sujet de Première)

Document 3 : jeunes femmes cousant de Millet

Document 2 ( Sujet pour les 1ère)

Document 2:  Pierre Aguste Renoir, jeune fille au chat


Première: initiation au sujet de type1

Nous travaillerons le sujet ensmeble jeudi 23 novembre

Vous êtes metteur en scène et vous travaillez en vue d'une mise en scène de L'Ecole des Femmes de Molière.Votre assistant vous fournit quatre documents pour vous aider à construire le personnage d'Agnès.Après avoir analyse les pistes dramaturgiques et scéniques que suggèrent chaque document, vous définirez votre visions personnelle de ce personnage en matière de distribution, de costume, de caractéristique de la voix, de code de jeu en fonction des partis pris de votre mise en scène.

Document 1 Pisanello: Portrait d'une jeune princesse ( XVème siècle)




samedi 18 novembre 2017

Un Riche Trois Pauvres de Calaferte

Vous trouverez sur le site de la compagnie Dorliss et Compagnie le texte de la pièce et un dossier qui éclaire le travail, même si entre les intentions et le résultat final le projet a beaucoup évolué, notamment pour les costumes et la scénographie.Beaucoup de photos de répétitions.

Site de la Compagnie Dorliss et Cie

Terminales: séance du vendredi 17 novembre



Séance du vendredi 17 novembre
Echauffement :
Dynamique , en cercle avec Sandrine : mise en action du corps et de la voix, on se déverrouille, on est dans la mer et il y a de plus en plus de courant. Frottement des mains, ouverture du regard toujours, toujours accompagné les gestes de son. Mastication : faire travailler l’organe de la parole, la bouche. Ne pas avoir peur de faire des grimaces.
Etirements accompagnés d chants. Faire les choses à fond, engagement de tout le corps, sur articulation. S’appuyer sur l’énergie de tous. Groupe très engagé.
Sandrine associe son échauffement au concept de théâtre total chez Py : acteur total qui est engagé des doigts de pieds jusqu’aux bouts des cheveux. Corps qui parle, l’acteur qui parle avec tout son corps Parole créatrice Cf Girard: je montre la parole
Aller avec tout son corps dans le texte. Expérimenter comment le texte traverse le corps
Outrance, excès baroque mais porteur de joie.

Exercice du « je fais » en cercle : aller au centre, dire ce que l’on fait et le faire, tuiler les intervention, l’un sort , l’autre entre. Dissocier les moments de l’exercice en trois temps : je vais au centre, je dis « je fais »  et je fais, on assiste à une transformation. Activer le verbe faire en le disant, affirmer le faire  dans la voix et dans le corps.
Faire des propositions claires : apparitions nettes. Je viens, je fais, je me transforme. Ne pas oublier le son. Attention au choix d’objets trop statiques qui ne permettent pas le développement de mouvements. Ne pas  trop aller au sol.

Dynamisation avant l’exercice suivant : aller vers le centre du cercle tous ensemble, dès que l’on se croise, on se métamorphose, on se dilate par exemple à fond, élargir le corps avec du son, puis une réplique du texte/ attention il faut que l’on entende le texte.
Au contact de quelqu’un devenir l’un des personnages avec sa réplique. La parole en accord avec le son.

Travail de recherche des corps parlants :
dire la réplique avec tout le corps mais on a coupé le son : En ligne à jardin traversée du plateau
Ensuite avec le son. But de la recherche : accorder pleinement corps et voix, pas agitation vaine, mais chercher que corps et mots s’articulent. Tous les mots doivent être habités, tous les mots doivent être joués. Investissement maximal pour montrer la parole.
Difficile mais jubilatoire. La joie de jouer dans ce débordement du faire et du dire. Jouer pour le public.
Une tenue de travail plus neutre facilite la « sortie de soi » : séance prochaine, tout le monde en tenue souple et noire.
Sandrine fait référence aux Monthy Python : chercher un extrait de leur film

Impro en deux groupes :  Dans Illusiosn Comiques: Acteurs voyageur nomades, figure de notre « exil ontologique » dit Py, arrivent dans une salle de répétition inconnue, le poète n’est pas au RV, on discute, on l’attend, on s’impatiente, il arrive… mais contrainte supplémentaire ils se déplacent avec des corps d’athlètes en « training ». apparemment absurde mais permet un lâcher prise, donc un jeu investi énergique.
Plaisir du jeu visible pour les spectateurs, drôle, les acteurs trouvent quelque chose dans le corps qui n’est pas cérébral.

Le théâtre : de cette chose où on doit faire beaucoup d’efforts surgit le plaisir du spectateur.

Soyez des bêtes d’acteurs qui entrent en scène : cf l’expression « bêtes de scène » mais attention il ne s’agit de s’agiter pour s’agiter, ni de bêtifier, de faire les idiots.

Improvisations de qualité : capacité d’être à l’écoute des autres, actions, dires// réactions, exploiter les pistes proposées sans refus de jeu, tout était prétexte à jeu, tout le monde a trouvé sa place, outrance motivée et sincère, jeu avec des éléments du textes de Py qui montrent une appropriation du texte et élève le niveau de ses de l’improvisation.
Exercice qui a permis de trouver des pistes pour notre projet.

Pause

Puis filage des scènes d’illusions Comiques en gardant les contraintes précédentes : corps en travail, accord faire et dire + les structures qui avaient déjà été trouvées à la séance précédente. Contraintes peut-être contradictoires par moments mais expérience de recherche.
Tout le monde entre en scène comme dans l’impro précédente, se dispose sur le plateau, à vue toujours quand on ne joue pas directement, on est tout de même en jeu : réactions, bruitages, soutien de ceux qui jouent. Il y a de la vie au plateau. Les absents sont remplacés texte en main, tout le monde joue les intentions de Tante Geneviève. Inventer des transitions entre les scènes. Dire « je fais…je refais si c’est la deuxième apparition du personnage…

Filage très intéressant qui met en lumière le fait que très peu d’accessoires sont nécessaires si on les joue avec le corps, pas besoin des pancartes par exemple.

Problème des textes pas suffisamment sus qui freinent l’engagement de jeu, pour répondre à ce type de contrainte il faut que le texte soit « dans les chaussettes ». c’est aussi une manière de le faire descendre !

Nous ne sommes pas allés au bout du filage : reprise à la séance prochaine d’abord de ce qui n’a pas été abordé.
Le travail avance ! Tout le monde a fait des progrès !
Pour la séance prochaine : savoir le texte enfin, chercher les gestes qui mettent en accord le corps et la voix, revenir sur  chaque mot que l’on dit.

vendredi 17 novembre 2017

fkrzictions (Suite)

Un dossier avec beaucoup de photos du spectacle

A partir des photos vous pouvez reconstituer dans votre carnet de bord les dévoilements successifs de la scénographie qui crée un mouvement au plateau en parallèle de ceux des personnages.

Fkrzictions est un évènement théâtral et chorégraphique, composé de La Pièce et de Excursions/Incursions, qui a été créé au Granit, Scène Nationale de Belfort en mai 2017.
Il est inspiré de Le Marque page et Le Thème étranger, recueils de nouvelles de Sigismund Krzyzanowski, Éditions Verdier et de Julius Corentin Acquefacques, volumes 1 À 6, bande dessinée de Marc-Antoine Mathieu © Éditions Delcourt – 1990-2013 

À travers ce spectacle, Pauline Ringeade partage la poétique de ces deux auteurs qui nourrissent son imaginaire depuis environ quinze ans. Elle s’appuie sur leurs mots et leurs grands concepts de recherche respectifs pour une plongée sensible au coeur de leurs œuvres, à travers La Pièce, spectacle de théâtre et de danse, et Excursions/Incursions : série de petites formes autour du spectacle, plongeant dans l’univers de l’un ou l’autre des auteurs, conviant le spectateur à des expériences sensibles différentes où le réel s’invite dans la fiction ou inversement. Ces formes se réinventent dans chaque lieu de diffusion, pour développer le dialogue au maximum avec leur public, autour de ces auteurs peu connus.
Julius a le rôle principal dans La Pièce. Ça tombe bien car Julius habite une pièce lui aussi. Une toute petite pièce, qu’il sous-loue à deux collègues travaillant sur d’autres horaires. Crise du logement oblige.
L’espace et le temps se resserrent dans ce contexte, et Julius, rêveur prolixe, a du mal à y contenir la foule de ses nuits. Il va alors faire d’étonnantes découvertes: une lotion qui agrandit les pièces, des colocataires l’accompagnant dans ses rêves, un spectacle, un vendeur de système philosophique, une femme... Qu’elles soient réelles ou rêvées, ces rencontres viennent interroger le rapport de l’homme à son cadre de vie. Lorsque celui-ci contraint, il faut trouver le moyen d’accéder à de nouveaux territoires. Savoir sortir du cadre. 
Ce sont les différentes strates narratives de La Pièce qui sont interrogées par les personnages eux-mêmes : le rêve, la fiction qui l’enchâsse et leur représentation, c’est à dire notre « réalité ». 
Ces personnages sont-ils « réels » ou rêvés par Julius ? Ce n’est pas tellement un problème car, étant représentés dans un spectacle, ils ont la même tangibilité fictionnelle, et sont inter-dépendants. 
Mais que deviennent leurs relations et la représentation lorsque le personnage principal, Julius, sort de l’histoire plus ou moins malgré lui, qu’il échappe au récit ou que celui-ci lui échappe ? 
C’est vrai ça, comment on fait quand on n’a plus de héros ?

Article sur « Fkrzictions » par JP Thibaudat

Miraculé de littérature russe, Sigismond Krzyzanowski est un auteur qui fascine Pauline Ringeade, sortie il y a quelques années de l’école du TNS en section mise en scène. Elle frotte cette œuvre avec celle du dessinateur de BD Marc-Antoine Mathieu et y ajoute son sel. Au finale : « La Pièce » ( Titre du spectacle alors que "Fkrzictions" est le nom de l'ensemble du dispositif qui avait été présenté au Granit de Belfort: une exposition de Mathieu, l'installation en 3D, les siestes),  et un spectacle qui aurait fait rire Beckett et Kafka.



suite de l'article. dont je donne des extraits.

" Sigismund Krzyzanowski et Marc-Antoine Mathieu n’auraient jamais dû se rencontrer. Le premier écrit, le second dessine. Sigismund est mort en 1950, quasi inconnu en Russie de son vivant. Marc-Antoine est né en 1959, c’est un des trésors vivants des éditions Delcourt où, depuis 1990, il publie la série Julius Corentin Acquefacques, prisonnier des rêves, BD qui lui a valu un prix au festival d’Angoulême 1991. Krzyzanowski n’a jamais reçu de prix de son vivant et ses livres n’ont pas été publiés, ce qui ne qui ne l’a pas empêché de faire partie de l’union des écrivains de l’Union soviétique.
Remugle de l’espace-temps
Le héros de Marc-Antoine Mathieu travaille au Ministère de l’humour, ce qui n’est pas donné à tout le monde, mais la plupart des héros gris de Krzyzanowski auraient pu y travailler tout autant. La vraie vie est ailleurs, pensent-ils de concert en partageant le thème de la fuite. Oui, vivre ailleurs, mais où ? Dans les rêves, dans un remugle de l’espace-temps, arguent-ils de concert. C’est ce genre de propos qui crée d’objectifs liens entre l’écrivain russe d’origine polonaise et le dessinateur français d’origine angevine.
Jusqu’à une date récente (quinze ans), ni Marc-Antoine Mathieu ni personne n’avaient pu lire les livres à couverture jaune (Verdier) de Krzyzanowski traduits en français après avoir été publiés à Moscou près de quarante ans après sa mort suite à une patiente et rocambolesque enquête menant à la découverte de la malle où ils gisaient. Une malle ou valise où ses mots, au bord du suicide, étaient sur le point de faire le deuil de leur vie. Cette dernière phrase se veut une modeste imitation de ce que peut-être l’ambiance des phrases quand on ouvre un livre de l’auteur russe. Car chez Krzyzanowski, les mots vivent, comme les pensées, comme les murs, pour ne citer qu’eux.
J’ai déjà évoqué cet auteur des plus passionnants , je ne résiste pas à citer quelques lignes de son dernier livre (dans tous les sens du terme), Rue involontaire (une rue du quartier de l’Arbat que le cadastre ignore mais qui existe bel et bien, assure Krzyzanowski qui habitait à deux pas), retrouvé dans les archives du KGB glissé dans le dossier d’un autre écrivain. C’est extrait de la nouvelle « Un feutre gris », le chaotique destin d’un chapeau voyageant de tête en tête, haut lieu de pensée. Ce qui nous vaut ces vagues de l’âme : « Certaines pensées mènent une vie solitaire, pantouflarde, dans leurs neurones. D’autres parcourent en tous sens les circonvolutions du cerveau en quête d’un surcroît de pensée. A la nuit, la ville cérébrale, bien à l’abri sous la calotte crânienne, s’endort. Les passerelles entre les dendrites se retirent. Les pensées sombrent dans le sommeil – et seuls les rêves gardent la nuit en patrouillant dans les méandres vides du cerveau. » 
Cette dernière phrase semble être une tentative de description prémonitoire d’une planche de Marc-Antoine Mathieu. Depuis le premier épisode titré L’Origine jusqu’au dernier, Décalage, des aventures de Julius Corentin, on ne quitte guère une impression de vertige où le temps et l’espace en voient de toutes les couleurs (bien que la plupart des épisodes soient dessinés en noir et blanc) dans une sorte de cavalcade de cases où la fuite en avant et l’introspection semblent avoir fait alliance pour asseoir les bases solides d’une constante déstabilisation du lecteur, articulation qui vaut aussi pour le lecteur de Krzyzanowski.


Ce phénoménal et lumineux rapprochement entre ces deux auteurs séparés dans l’espace et le temps dont ils ne cessent de jouer, on le doit à une discrète et aimable entremetteuse, un diable de fée portant jupe longue pour mieux cacher ses pensées secrètes, Pauline Ringeade. Ancienne élève de l’école du Théâtre national de Strasbourg, après quelques spectacles d’approche sur des textes classiques (Hedda Gabler, Le Conte d’hiver) et avoir fait souvent de l’assistanat, tout en réactivant sa formation initiale de danseuse et en étant à l’initiative de la création avec des ex-élèves du TNS de l’iMaGiNaRiuM (ce qui lui a valu de travailler dans des écoles sur les BD de Marc-Antoine Mathieu), Pauline Ringeade signe le premier spectacle dont elle est entièrement l’auteure et la metteure en scène : La Pièce.

Adapter un texte de Sigismund Krzyzanowski, en faire autant pour un lot de planches de Marc-Antoine Mathieu sont des options possibles mais probablement réductrices. En croisant ces œuvres, en les faisant dialoguer – elles ne demandent que ça – et en s’en détachant tout en les enveloppant dans le lit d’une écriture tierce, Pauline Ringeade débouche sur une voix haute et féconde. Elle écrit une pièce qui puise dans les deux univers, les fait se renvoyer la balle comme deux inconnus qui, s’étant découverts réciproquement des tas d’affinités lors d’un dîner chez des amis, à l’heure de se quitter, s’étreignent comme deux vieux potes.

 Dans l’œuvre de Krzyzanowski, Pauline Ringeade s’appuie sur deux recueils de nouvelles, Le Thème étranger et Le Marque-Page. Dans ce dernier figure « La Superficine » : l’histoire d’un produit miracle. Lorsqu’on en badigeonne les murs, ces derniers prennent leurs aises, se déplient, la pièce s’agrandit. Dans les années 30 à Moscou, les problèmes de logement étaient considérables – Krzyzanowski et son épouse (une actrice) vivaient dans huit mètres carrés près de la rue Arbat – publier une telle nouvelle (humoristique et provocatrice) pouvait conduire directement au goulag.

Double décalage
C’est par cette nouvelle que le spectacle commence dans un étroit lieu où se succèdent des personnages tout droit sortis de la saga de Marc-Antoine Mathieu, à commencer par Julius, le héros.
La pièce étroite de la nouvelle est aussi au centre de la pièce (celle qu’écrit Pauline Ringeade) et au centre de la scénographie, si bien que les personnages sont aussi des acteurs qui ne sont pas en quête d’auteur mais à la recherche du héros, Julius, qui, on ne sait trop quand ni pourquoi, disparaît. Une situation que l’on retrouve dans Décalage, le dernier épisode de la série Julius Corentin Acquefacques.
La grande force de ce spectacle de Pauline Ringeade est d’associer ses propres obsessions d’auteure et metteure en scène (danse décalée, espace glissant vers un fantastique du quotidien avec pertes de repères, dialogues et situations oscillant entre Kafka et Beckett) à deux univers qui lui sont chers. Pour la remercier de les avoir fait se rencontrer, Sigismund Krzyzanowski et Marc-Antoine Mathieu la prennent par l’épaule à leur tour et l’accompagnent au bord du plateau où elle écrit avec des mots, des espaces, des lumières et des sons sa première pièce titrée La Pièce, signant un spectacle des plus singuliers.
Damien Briançon (acteur et danseur), Julien Geoffroy (acteur), Sofia Teillet (actrice) et Thomas Carpentier (acteur et musicien) sont sur le plateau où la scénographie de Hervé Cherblanc va de dévoilement en dévoilement, éclairée par les lumières subtiles de Fanny Perreau."

jeudi 16 novembre 2017

en remplacement du cours manquant de ce matin

Je suis désolée de ne pas avoir pu assurer mon cours ce matin alors que les heures nous sont comptées. Du coup il est capital que vous lisiez ce que j'ai mis en ligne sur le poète mort trop tôt, cela va aussi vous aider pour le sujet de type 2 que je vous ai donné.Je distribuerai vendredi des documents.

Je joins aux documents déjà fournis des extraits d'une conférence qui a eu lieu à Paris l'an dernier:
"

Dans Illusions comiques, puisque le Pape dit que « le théâtre, comme l’eucharistie, est présence réelle», il s’agit de faire l’expérience d’une présence réelle théâtrale. Non pas présence réelle du Christ comme dans l’eucharistie, mais présence réelle de Jean-Luc Lagarce, le Poète mort trop tôt. Pensons à la définition 51 : « Le théâtre est la présence réelle d’une absence. » Que dit le Christ à ses apôtres avant de mourir : « Vous ferez cela en mémoire de moi. » Que dit la dédicace d’Illusions comiques ? « A la mémoire de Jean-Luc Lagarce ». Illusions comiques explore donc les possibilités de faire mémoire d’un mort, les modes théâtraux de présence réelle et les conditions de la présence du Poète mort trop tôt.
La condition la plus simple est de continuer à jouer après sa mort, de se réunir pour répéter. La scène d’exposition d’Illusions comiques – qui est par ailleurs parfaite en terme de construction globale – est une scène de lassitude face à la répétition, face aux répétitions : « Encore Le poète et la mort ! », dit Monsieur Balazuc. Pour parler comme Bernanos, c’est une scène d’ « à quoi bon ? » Il n’est pas inutile de montrer à nos élèves que le théâtre n’est pas l’euphorie artificielle perpétuelle des émissions de télévision. La première condition de la présence du Poète mort trop tôt est que Mademoiselle Mazev ait dit : « Le poète et la Mort, pour la millième fois ! » et que monsieur Girard ajoute, malgré sa lassitude : « Je fais le poète mort trop tôt, et sans gloire. » Olivier Py, a-t-on vu, fait un parallèle avec l’eucharistie. Les curés disent parfois : Jésus t’invite, viens à la fête, il t’attend, ou, comme le dit ironiquement Houellebecq : « Avec Jésus tu vis plus fort ! ». En réalité, cela ne se passe pas ainsi dans les Evangiles. Dans les récits évangéliques, après la mort du Christ, les apôtres se réunissent : ce n’est pas tellement la fête. Et parce qu’ils sont réunis, malgré tout, pour faire mémoire, alors le Christ se rend présent. Dans Illusions comiques, cela se passe ainsi : il faut commencer par répéter, même sans enthousiasme.
L’intrigue principale d’Illusions comiques n’est peut-être rien d’autre que l’histoire d’un refus de répéter. Comme c’est l’histoire d’une troupe, qui se divise puis se retrouve, le refus de répéter peut venir des comédiens, mais tout autant du poète-metteur en scène. Dans les premières répliques, ce sont les comédiens qui réclament une autre pièce – celle qui deviendra à la fin Illusions comiques par un jeu de mise en abyme. Ensuite, c’est le poète qui juge inutile de continuer :
MADEMOISELLE MAZEV : Ne pourrions-nous pas nous contenter de faire du théâtre, par exemple on pourrait répéter la scène du Poète et la Mort !
MOI-MÊME : A quoi bon ? C’est déjà un triomphe planétaire.[1]


[1] IC, p.24. entre en scène et parle, quoi de plus banal, quoi de plus miraculeux ? C’est la souffrance surmontée qui donne puissance à sa parole ». Illusions comiques déploie tout ce qui peut empêcher la parole d’être dite et tout ce qui peut ainsi empêcher la présence réelle d’advenir. « Le désenchantement du monde s’est arrêté à la porte du théâtre. », dit la Mort. Il est clair que cette porte est violemment prise d’assaut tout au long de la pièce : par l’ « à quoi bon ? » personnel, on l’a vu, mais aussi par un « à quoi bon ? » plus général, qui est notamment un « à quoi bon ? » culturel, évoqué à l’acte III, dans la troisième leçon de théâtre de tante Geneviève, consacrée au drame lyrique, après le vaudeville et la tragédie[1] :
MONSIEUR GIRARD : La société de consolation tient la quinzaine marchande, puisque la parole est morte, on peut spéculer sur les brosses à dents, le théâtre a honte de lui-même. Tout a eu droit de vivre après Auschwitz, l’industrie, le profit, le nationalisme, l’idéologie raciale, le nettoyage ethnique, mais pas le drame lyrique. La terre entière a lavé sa tache, l’Histoire elle-même s’est parfumée à nouveau en abattant un mur, mais pas le lyrisme. Le drame lyrique reste coupable.
TANTE GENEVIEVE : Faut pas vous mettre dans des états pareils ![1]

Au cœur de ce dialogue entre le lyrisme enthousiaste et le monde de la farce , entre la toge rouge sang et le tailleur rose bonbon, la tirade de Monsieur Girard est un bon résumé de la mort proclamée de la parole, mort de la parole devenue une sorte de présupposé culturel, par la multiplication des Adorno minuscules. Cela donne le discours du marchand de mode, comme intermède au milieu du procès du poète : tableau du monde de la communication,  dans lequel le Président de la République française est élu dans une émission de télé-réalité[1].
Encore une fois, pour rendre présent Lagarce, il est nécessaire de continuer à répéter, de continuer à parler, de croire au pouvoir de la parole et de conserver les paroles reçues. Refuser la parole n’est en ce sens pas un choix purement individuel ; refuser la parole met à mort l’autre, à la fois celui à qui on s’adresse et celui dont on a reçu la parole. Ecrire une pièce « à la mémoire de Jean-Luc Lagarce » consiste ici à se souvenir de lui, à le faire parler en conservant ses mots – tirés à la fois de ses œuvres et de son testament – et à en faire un personnage de théâtre, parce que c’est sur scène qu’il vit désormais[1]. Pensons au refrain de La jeune fille, le diable et le moulin : « Toute chose est à sa place ». A la fin d’Illusions comiques, Lagarce est à sa place ; il a trouvé sa place, sur scène et même dans le décor veillé par la servante. Il devient assistant de la servante dans sa tâche protectrice.
Mais, en plus de la mémoire, de la parole, de la présence, il y a la nécessaire réponse à l’exigence transmise par Lagarce, spectre « paternel et exigeant » : la fidélité à la parole ne consiste pas seulement à la répéter, mais à être animé par elle, à y voir un appel. C’est ce qu’on trouve dans une des dernières répliques du Poète mort trop tôt. Rappelons la situation : ce sont les dernières retrouvailles. La lumière est éteinte, les paillettes ont disparu, il n’y a plus d’escalier servant de podium de gloire ; on est à ras du sol. Le poète a enfin retrouvé Verdun, une sorte de tréteau sur le pont Neuf[1] (…), ainsi que les vieux accessoires du drame. Il a accompli la réplique initiale de Monsieur Girard : « Nous n’avons pas besoin d’épée d’or, mais viens nous retrouver quand tu auras besoin d’une épée de bois. » Le fait que la réplique donne lieu à des variations amusées des comédiens n’enlève rien, au contraire, à son importance littérale. Parmi les vieux accessoires du drame que le poète retrouve, il y a bien l’épée de bois. 
LE POETE MORT TROP TÔT : (…) Tu te souviens, ce viaduc sur lequel je marchais une nuit, seul, sachant que j’allais mourir.
J’aurais voulu crier ma Joie ! J’aurais voulu crier un grand cri de Joie.
Mais je n’ai pas osé. Je le regrette. Oui, c’est ce que je regrette du monde, ce cri de Joie.
Je pensais que toi, toi qui croyais en quelque chose, toi tu le pourrais.
MOI-MÊME. Pourquoi nous avoir interdit tout enterrement ? Pourquoi ce testament daté du premier avril, qui se termine par ces mots : Ni tombe, ni cérémonie, rien. (…)[1]

La juxtaposition des deux répliques nous suggère sans doute que le véritable testament doit être cherché dans la première réplique. Le véritable testament est l’œuvre théâtrale rejouée mais aussi prolongée. La réplique du poète mort trop tôt reprend bien sûr les mots de Louis, dans l’épilogue de Juste la fin du monde.
À un moment, je suis à l’entrée d’un viaduc immense,
il domine la vallée que je devine sous la lune,
et je marche seul dans la nuit,
à égale distance du ciel et de la terre.
Ce que je pense
(et c’est cela que je voulais dire)
c’est que je devrais pousser un grand et beau cri,
un long et joyeux cri qui résonnerait dans toute la vallée,
que c’est ce bonheur-là que je devrais m’offrir,
hurler une bonne fois,
mais je ne le fais pas,
je ne l’ai pas fait.
Je me remets en route avec seul le bruit de mes pas sur le gravier.
Ce sont des oublis comme celui-là que je regretterai.  Juillet 1990. Berlin.[1]

« Le théâtre comme l’eucharistie est présence réelle » : la présence réelle est un moment présent qui, par sa densité, par l’épaisseur de la parole, contient le passé et ouvre l’avenir. La présence réelle fait tenir ensemble deux formules du poète : « Toute parole est requiem » et « Toute parole est promesse ». Ici, le Poète mort trop tôt ne reprend pas seulement les mots de Lagarce ; il confie une mission au poète Moi-même : pousser le cri de Joie qu’il n’a pas osé pousser. Le théâtre d’Olivier Py est le cri de Joie qui est resté bloqué au seuil de la bouche de Lagarce. « Joie, joie, joie » : le cri du mémorial de Pascal se retrouve dans les derniers mots d’Axel, un des héros des Vainqueurs : « Joie, joie, joie ! Toutes les joies, toutes les joies, toutes les joies.[1] » Le mot qui peut réunir Pascal et Nietzsche, dit Py, réunir le Christ et Dionysos, est le mot « Joie ». Dans Illusions comiques, le passage de flambeau, ou le passage de servante, entre Lagarce et Py, est un appel au cri de Joie.(...)


mercredi 15 novembre 2017

La "joie" au théâtre pour Olivier Py

Propos recueillis dans la revue Fluctuat.net en juin 2006

Vous avez une définition particulière, voire personnelle , de la joie.
Oui,c'est un mot que j'utilise beaucoup et auquel mon théâtre a essayé de donner un sens spirituel. La joie,c'est le point d'horizon d'une quête spirituelle, une tentative d'être plus au monde, d'être meiux au monde, peut-être pas d'atteindre à la finalité de sa présence au monde, mais tout au moins de vivre mieux cette impossibilité d'atteindre à une finalité. sans aucun doute, le théâtre est un excellent outil pour cette aventure-là. oui, le mot joie est un mot que j'ai souvent employé de manière différente. La joie du poète n'est pas la joie du chrétien. Mais c'est le mot qui m'est le plus couramment associé. j'en suis finalement assez fier car il n'y a pas de place, je pense, au théâtre pour le constat d'impuissance, la déploration, l'ennui. Même quand le théâtre est tragique, il faut qu'il soit tragique avec joie. comprenne qui peut.

Y-a-t-il des auteurs contemporains dont vous considérez qu'ils font, ainsi que vous, du théâtre dans la joie?
Je crois que Valère Novarina est aussi un poète de la joie. il dit dans L'Espace furieux "attention vous allez assister à des scènes de joie". Valère n'est pas un poète du désespoir, bien au contraire. Je ne suis pas certain que le désespoir s'entende très bien avec le théâtre. Je doute toujours du théâtre désespéré ou finalement du théâtre radicalement absurde, parce que le fait de monter ces grandes aventures, la présence des spectateurs, la réunion de ces amis, de ces artisans autour d'un projet poétique est déjà en soi un tel miracle, une telle joie, qu'il serait difficile de le vivre uniquement dans la déploration.

mardi 14 novembre 2017

Rappel 26 novembre Les Bas-Fonds de Gorki au TNS



Les Bas-Fonds de Maxime Gorki d'après la traduction d'André Markowicz, adaptation et mise en scène Éric Lacascade (  durée du spectacle 2h40, début à 16H) 

Site de la Compagnie 

Sur fond d’une Russie révolutionnaire, le dramaturge décrit d’une
manière très réaliste la vie d’un groupe de déclassés, d’exclus, de
marginaux et de voleurs vivant à la marge de la société moscovite.
D’un monde ancien en train de disparaître à un monde nouveau qui
n’a pas encore vu le jour, la communauté des Bas-fonds, parcelle
d’humanité abandonnée, est à la dérive. Les pires monstres y
surgissent comme les plus belles chimères. Tensions, conflits,
passions, chacun lutte avec l’énergie du désespoir pour sa survie et
l’union de ces solitudes crée une situation explosive.


« Gorki est un phénomène littéraire, politique et philosophique complexe : autodidacte  sacré père des lettres soviétiques, militant bolchevique émigré après la révolution, vagabond anarchisant devenu porte-parole de Staline... « Canonisé » de son vivant, accusé après la fin de l'U.R.S.S. d'avoir été le chantre du goulag, l'homme intéresse plus que l'œuvre, qui fournit pourtant, dès les premiers récits, la clé de ces contradictions.
Gorki –« l'Amer » : ce nom de plume, choisi en 1892, traduit bien la source et le but de toute l'activité de l'écrivain. Celui qui a connu dès son enfance, une réalité sordide et cruelle aspire à la transfigurer par la raison, la volonté et le travail, à créer « une vie plus belle et plus humaine ». Dût-il pour cela mentir, ou semer des illusions. Gorki est l'un des bâtisseurs, et l'une des victimes, de l'utopie communiste du XXe siècle. Il incarne les révoltes, les espoirs et les errements de son époque. »
(http://www.universalis.fr/encyclopedie/maxime-gorki/)

Gorki a raconté sa vie dans une trilogie autobiographique : Enfance/ Ma vie d'enfant (1914), En gagnant mon pain (1915-1916),Mes universités(1923).


Une pièce tragique mais humaniste:
Dans un asile de nuit, des personnages vivent et se disputent. Tous sont des déclassés ayant subi des revers et contraints pour survivre de camper dans des locaux désaffectés.
Dans les vapeurs d'alcool, ils se côtoient, s'affrontent, se désirent, se trompent. Certains sont appelés par leur nom, d'autres par leur fonction (L'acteur, Le baron). Un vagabond arrive, Louka, incarnant la sagesse et la bonté. Il leur rappelle que la compassion est tout ce qu'il peut leur rester d'humanité. Mais les ressentiments et les rivalités auront raison de ce discours humaniste. Les « bas-fonds » représentent à la fois l'endroit interlope
dans lequel sont confinés et oubliés les personnages mais aussi la condition humaine qui, à force de renoncements, s'enlise et se condamne.
L'issue de cette pièce est sombre : les hommes sont un à un écrasés par le sort ou par autrui. La fantaisie domine cependant et fait la part belle au cynisme et à l'humour noir.
Les Bas-fonds illustre aussi certaines préoccupations politiques et sociales de Gorki. Dans l'acte IV, un personnage, Satine, se lance dans un vaste monologue qui prend parfois des allures de manifeste. L'auteur, par ce discours politique, manifeste ainsi sa foi profonde en l'homme. 
 
Éric Lacascade et l’œuvre de Gorki
Éric Lacascade est artiste associé au TNB et directeur pédagogique de l’Ecole Supérieure d'art dramatique de ce théâtre depuis 2013. Après Les Barbares en 2006 et Les Estivants en 2009, c'est la troisième pièce du dramaturge russe qu'il monte. Il met en avant le caractère violent et particulièrement moderne du théâtre de Gorki. Ainsi, son adaptation de Les Bas-fonds s'attache à montrer les enjeux contemporains de la pièce,qui dépassent sensiblement le contexte de la Russie de 1900. Ces personnages déclassés, occupant des lieux de services publics transformés en campements de fortune, pourraient incarner des réfugiés (politiques, climatiques) contraints pour survivre de se contenter d'expédients. Se posent alors les questions de l'humanité et de l'éthique :
« Comment vivre quand l'abîme de la précarité, de la misère et du malheur s'ouvre chaque jour un peu plus sous nos pieds ? ». Eric Lacascade insiste sur la nécessité de représenter cette partie marginale de la population qui cristallise les tensions de notre
société : « Dans l'état de crise que nous vivons, s'attacher à décrire et à comprendre ces
exclus permet aussi de mieux nous comprendre nous-mêmes ».

Les Bas-fonds de Gorki est l'une des premières pièces dont les personnages principaux appartiennent au sous prolétariat, ce qui était alors particulièrement novateur. 

Interview d'Eric Lacascade  sur France Culture


"J'essaie de faire un théâtre excentré : le centre n'est ni l'acteur, ni le texte, ni le metteur en scène, ni la scénographie."
"Je ne sens pas le centre dans notre époque : j'ai donc fait un théâtre de l'époque, un théâtre de la multiplicité."
"J'aime ce réalisme poétique du cinéma français à la Renoir : c'est une des définitions de mon théâtre."
"Dans une pièce à multiple niveaux de lecture, j'ai travaillé à ne pas fermer le sens, pour que chaque spectateur fasse son montage poétique"
"Entre optimisme de la volonté et pessimisme de la raison, Gorki comme moi avons du mal à croire en un homme meilleur."
"D'un théâtre adressé aux dieux on est passé à un théâtre qui s'adresse à l'homme : et aujourd'hui, pour qui est-il ?"
Eric Lacascade, La Grande Table