Le nouveau dispositif ne concerne pas les cours de pratique à la CDC. Monsieur le Proviseur nous autorise à continuer les cours tout à fait normalement et nous sommes en train de voir à quelles conditions nous allons pouvoir faire nos présentations de travaux le 14 et le 18 décembre à l'auditorium du lycée.
Un blog pour les élèves des options théâtre du Lycée Camille Sée à Colmar
vendredi 27 novembre 2020
Urgent. Changement d'organisation scolaire ( Premières et Terminales)
jeudi 26 novembre 2020
Théâtre à la table par la Comédie-Française : Les Fausses Confidences, de Marivaux
mercredi 25 novembre 2020
Le personnage de David (cours en ligne du jeudi 26 novembre)
Ecoutez bien sûr la biographie à la première personne proposée par Bastien. Vous pouvez d'ailleurs m'envoyer une critique bienveillante de sa proposition.
Voici des compléments pour construire le personnage. N'hésitez pas à me signaler des oublis. Faites les exercices que je propose en rouge pour vous approprier l'étude dans la perspective de la 2ème partie du sujet de bac que j'ai distribué.
Le personnage de David: acteur israélien: Raphael Weinstock
Première apparition jour du Seder ( scène 7): Juif très pieux, colère terrible contre son fils.
La prémonition de l’afikomen introuvable. Relevez les
passages d’ironie dramatique dans la pièce. ( Ironie dramatique = le public en sait plus que le personnage, qui parfois prononce des paroles qui vont aller contre lui-même et contre ce qu'il défend. Voir l'ironie tragique et dramatique dans Oedipe Roi.)
Quel rapport avec son père Etgar ? prend sur lui la culpabilité du survivant, compare le choix d’Eitan d’épouser une arabe comme une perpétuation de la Shoah et de sa destruction du peuple juif.
Quel rapport avec Léah ? a dû la quitter contraint et forcé, est revenu la voir adolescent au moment du divorce, pense qu’il a été abandonné, que Léah est une mauvaise mère. Ne comprend pas son geste.
Rapport avec Norah ? dispute avec elle avant l’annonce du coma d’Eitan à propos de l’artiste qui peint avec son sperme et de son sentiment de culpabilité d’utiliser son sperme hors de la transmission de la vie.( C’est surtout Norah qui parle de lui et de sa relation) David est plus taiseux sur son couple.)
Amour du fils qui se révèle quand il est à son chevet : fils meilleur que les pères. (réciprocité qui s’exprimera à la fin. Parallélisme des comas et des prières et adresses, relire les différents passages)
P 48 haine séculaire : David= Abraham prêt à sacrifier son fils, saisit un couteau qu’il plante brusquement sur la table dans la mise en scène de Mouawad, faisant resurgir le souvenir du sacrifice d’Abraham. ( violence acte : crache, renverse la chaise etc) Texte du sacrifice d'Abraham dans la Bible
En savoir plus sur le sacrifice d'Abraham dans les trois monothéismes
David incarne dans la pièce une conception rigide de l’identité. Faveur transmise de générations en générations, la judaïté « prend sa source dans le sang » des ancêtres et lègue la culpabilité en héritage ; avec comme corollaire l’exclusion. Le père rejette Wahida
cf Norah sur l’identité de groupe qu’elle a elle-même subie : « Personne, pas une tribu, ne supporte de voir partir son enfant dans la marmite de l’ennemi ? » réflexes d’appartenance communautaire archaïque.
Haine effrayante chez David : « on ose nous comparer, on ose dire Juifs et Arabes races sémitiques ? On a aussi peu à voir avec eux que les oiseaux avec les poissons. Ils ne sont que des rejetons des tribus arriérées débarquées ici par le feu, le viol, le sang, et ils osent aujourd’hui se réclamer de cette terre quand ils n’en sont que les voleurs. » P110-111
Ironie tragique dans le fait que le personnage qui tient de tels propos est lui-même ce qu’il abhorre. Tu « es ce que tu détestes », tu es arabe, tu n’as rien d’un Juif » lui dit Etgar P115
oiseau amphibie : destin de Wazzan : musulman chrétien, David, juif qui se découvre palestinien, Norah communiste qui découvre sa judéité. Wahida qui renoue avec ses origines arabes.cf « combien il est dangereux de se clôturer à l’intérieur d’un principe d’identité » au moment de la thèse, mais rattrapée par l’odeur, la langue « je suis ça. »
Arraché à sa destinée, David ne connaît ni la langue de sa
mère ni son nom. Cette douleur indicible l’anéantit. Perte de la langue d’origine
au cœur de l’œuvre de Wajdi Mouawad. Cf Seuls et Sœurs mutilation, cicatrice indélébile
de l’exil. Lésion personnelle. P 56 dans l'ouvrage Canopé sur Tous des Oiseaux.
Révélation de sa véritable identité par Etgar sans aucune précaution, trouble et accident vasculaire. Le dernier informé ! Le père d’Eitan qui nourrissait une haine viscérale pour les Arabes apprend, contre toute attente qu’il est lui-même son pire ennemi. Il est cet Autre qu’il baissait et dont il souhaitait l’anéantissement.
Nouvel Œdipe: cf Wajdi Mouawad: « ce qui m’a frappé chez Sophocle c’est son obsession de montrer comment le tragique tombe sur celui qui aveuglé par lui-même ne voit pas sa démesure. … P38 dans l'ouvrage canopé sur Tous des Oiseaux.
brutalité du dessillement qui est fatale. David tombe dans le coma, la vérité est dangereuse, il ne faut pas la dire trop vite cf la psychanalyste Norah p 100" ce n’est pas la vérité qui crève les yeux d’Œdipe, mais la vitesse avec laquelle il la reçoit … Ne rien jeter trop vite contre le mur de la connaissance. » Comme dans Œdipe Roi fragmentation des révélations : mystère de Léah et de son rejet , mais tests ADN qui révèle que David n’est pas le fils d’Etgar alors qui est-il ? brûlures du secret qui affleurent cf « Je ne suis pas ta mère dit Léah à David p 62. A ce stade le spectateur ne sait pas encore.
Ironie tragique, révélation d’une vérité qui lui est encore interdite. Léah et Etgar parleront à Eitan mais la scène est muette. p 81 didascalie. Aveu occulté aux spectateur, bribes, un village, des gens, une armoire, un enfant. Il faut attendre le récit d’Etgar à david : p 115 ! "Tu es ce bébé que j’ai trouvé dans une boite à chaussures."
David pas lui-même protagoniste de son enquête, c’est encore plus dur, il n’a rien demandé ! l’enquête se fait à son insu provoquant des dégâts irréversibles.
Wahida comme une sœur de David à la fin pour le passage de l’autre côté. Tous deux arabes. Nouvelle fratrie avec Wazzan. Ceux qui restent les Juifs, ceux qui partent les arabes. Force de l’image du mur des Lamentations.
mardi 24 novembre 2020
Terminales: séance du 23 novembre 2020
Au grenier B, avec Serge.
Absente: Emma
Consignes pour la suite du travail en théorie: sujet d ebac distribué. faire la première partie jeudi ou cette semaine. Permet de vérifier l'assimilation du cours de la semaine dernière sur la question des langues dans Tous des oiseaux. faire la deuxième partie pour la semaine d'après.
Cours seront mis en ligne: sur le personnage de David, sur la question de l'émotion dans Tous des Oiseaux, sur une esthétique de l'ébranlement.
Finir ce qui reste à faire pour l'évaluation du premier trimestre. ( 1er décembre au plus tard pour analyse des personnages et analyse de spectacle)
Échauffement proposé par Serge un peu différent: toujours étirements, passage par dos plat, toujours importance de la respiration.
Relâcher le haut du corps, les bras, attitude simiesque ( de singe) bien fléchir les genoux. Utiliser la respiration pour remonter vertèbre par vertèbre. Étirements sur les côtés.inspirez par le nez, bloquer la respiration puis sur un seul souffle d'expiration remonter.
Étirement vers l'avant en mettant la tête contre la poitrine et allant chercher vers le sol avec les mains, gagner en souplesse à chaque expiration.
Etirements assis dos droit toujours en utilisant la respiration aller chercher son pid dans un mouvement qui caresse chaque jambe, toujours avec le souffle essayer de gagner un peu d'extension;
Sur le ventre étirement, on s'allonge et on gaine. décoller les pieds et le buste, faire des fléchettes de souffle tss tss, dire un bout de texte.
Posture de repos sur les genoux en s'asseyant sur les talons et en étirant son dos vers l'avant.
Allongés sur le dos: détente jambes repliées, faire une boule, les genoux à hauteur des oreilles, puis allonger les jambes.
Allongés de tout son long, paumes des mains ouvertes, inspirer et expirer sans fermer les yeux.
Série d'exercices sur le son pour gagner en clarté , en force sans s'abîmer les cordes vocales, la gorge.
Murmure qui chatouille les lèvres, sensation que le son pourrait sortir par les yeux, mettre plus de pression, haut du visage, résonateurs; faire sonner le son.
puis vocalise su A. inspirer et ouvrir grand la bouche.
Expiration, inspiration, bloquer puis attaque nette du son A, bien ouvrir la bouche, respirer dans le ventre pas dans le haut de la poitrine. arrêt net du son: pas de dégueulendi!
Découverte que l'on a une grande capacité d'air que l'on n'utilise très peu. Bien maîtrise le souffle, pour bien maîtriser la pensée et ce que l'on dit avec le texte. Travail individuel et collectif sur l'émission dus on.: envoyer des TA au plafond bien sonore. Imiter Serge. puis son O;
Etre présent sans que Serge ait besoin de le rappeler: utiliser les exercices pour trouver seul l'état de disponibilité au jeu. Donner avec générosité et plaisir, petit sourire, yeux qui frisent. "moi j'y vais", je suis là!
Jeu en cercle en trois temps - j'entre dans l'espace, suspens: je dis ma parole puis je repars. pas de flottement dans les bras , de gestes parasite au moment de la prise de parole.
beau dynamisme, allant, présence.
Attention à ne pas se laisser gagner par ce que propose ceux qui précèdent, garder sa singularité.
Pause
Mise en place du dispositif de la présentation de Tous des Oiseaux:
nouvelle idée: naissance des personnages qui s'adresse au public central depuis le centre en étant assis parmi eux. même dynamisme que dans l'exercice, trouver ce que l'on va dire et où on va se placer après dans le cercle de jeu autour des spectateurs. commencer par dire Tous/ des oiseaux de Wajdi/ Mouawad (sous texte la phrase:" Nous sommes Tous/ des oiseaux"
Objectif: créer un lien avec le public, les embraquer dans l'histoire.
(Chacun note ce qu'il en est pour lui dans le dispositif, commencer à se faire une "conduite")
Reprise des scènes dans l'ordre chronologique en y plaçant cette fois les tirades plus longue ( après la scène Norah/ Léah Manon/ Myriam): Emma, Aliyah, Manon, Myriam
Filage plutôt réussi, qui fait entendre à neuf certaines parties du texte. Attention à parler bien fort et à articuler beaucoup car le masque étouffe.
Faire attention à la première scène qui doit claquer un plus. ne pas s'installer dans quelque chose d'un peu plomber, mettre dans l'énergie sans surjouer le mélodrame. Dire le texte le plus droit possible, le parler vraiment donc encore le répéter pour qu'il descende vraiment en vous et ne vous inquiète plus. Si trou dans les longues tirades, possibilité de s'arrêter,: nous donnons des fragments et pas la totalité du texte. ne pas montrer que l'on se trompe.
Revoir la scène de rencontre Eitan/ wahida( Hanna et Inès) : prévoir une musique, faire des propositions. demander à des élèves musiciens s'il pourrait jouer du jazz juif klezmer.
Revoir comment on organise le déshabillage de Wahida dans la scène avec Eden.
Revoir ce que l'on fait d'Eitan présent dans le coma dans certaines scènes.
Revoir comment on fait démarrer le conte de l'oiseau amphibie.
Séance très riche, très concentrée.
samedi 21 novembre 2020
Playlist pour "La Dispute" - par Melody
- Boss bitch - Doja Cat
- Bang Bang - Jessie J, Ariana Grande, Nicki Minaj
- 7 rings - Ariana Grande
- Dangerous Woman - Ariana Grande
- Work it - Fifth Harmony
- Crazy in Love - Beyoncé ft. Jay Z
- I want to be with you - The rock it (lien?)
- Slow dancing in the dark - Joji
Rencontre Azor et Mesrin : Smells Like Teen Spirit - Nirvana
Prince : Master in Puppets - Metallica
Hermiane :
- Me Desculpa Jay Z (ft. 1LUM3) - Baco Exu do Blues
- Flamingos (ft. Tuyo) - Baco Exu do Blues
Premières: séance du 20 novembre 2020
Séance avec Bruno au grenier B, séance support d'évaluation.
- Précisions sur les analyses de spectacle, consignes pour les améliorer: vous avez jusqu'à jeudi prochain pour le faire. (Me les envoyer par mail ou les remettre dans mon casier en me prévenant.)
- Échauffement rapide avec un exercice de traversée de plateau: le groupe se répartit à jardin et cour en coulisse: proposer une entrée neutre puis une métamorphose en votre personnage qui circule sur le plateau avant de ressortir. Plusieurs essais, pas de temps mort. L'un entre quand l'autre sort.
Travail sur la qualité de la posture, l'installation tranquille sur le plateau, la présence avec regard vivant.
Agrandir la gestuelle. (Voir s'il y a des traces de l'exercice de la semaine précédente.)
A partir du travail d'Elise, idée de nourrir vos personnages de l'idée d'un animal: traversée du plateau en animal, soutien pour Célia : tout le monde le fait ensemble afin qu'elle trouve son propre animal pour le personnage.
- Travail collectif de la scène finale
- "Monstre" de La Dispute: objectifs - expérimenter le dispositif en rond retenu, voir les scènes qui tiennent la route, vérifier le travail de mémorisation de tous aussi bien pour le texte que pour la mise en espace, s'assurer de la capacité d'invention et de jeu pour les scènes pas encore fixées.
Retours sur le filage: 1H de représentation, le dispositif est jouable mais il faut veiller à ce que la "cour" ne bloque pas la vue des spectateurs assis dans le cercle, se mettre à l'extérieur du cercle peut-être, bien veiller à jouer pour tout le cercle en variant les placements.
Gros problème de mémorisation des textes pour certaines: engagement dans l'apprentissage du texte très inégal, certains connaissent tout, d'autres pas même une scène entière! Pointe d'inquiétude. Il reste peu de temps. ( 3 séances et celle de préparation au lycée le 18 décembre.) Interrogation sur des coupures éventuelles. Si les textes ne sont pas sus la semaine prochaine, je couperai certains passages ou même scènes.
Bien vérifier qui est qui pour les adresses des répliques.
Entrée et sortie par deux portes différentes.
Bruno va m'envoyer des retours de mise en scène que je vous transmettrai.
Pour Vendredi 27 novembre: Histoire des lieux théâtraux, relecture des notes sur la Dispute de Chéreau, mais je ne ferai pas le devoir annoncé, faute de temps.
Regardez vos scènes dans la captation de La Dispute de Vincey, je l'ai déjà demandé mais certains ne l'ont pas fait, c'est visible. il faut vous en inspirer. Prévoir les accessoires dont vous avez besoin pour vos scènes.
Rappel: J'évaluerai les carnets de bord le vendredi 18 décembre comme chaque vendredi avant les vacances.
Critères d'évaluation de la pratique
- Investissement dans les séances: concentration, dynamisme, actions en faveur du groupe, autonomie dans le travail...
- Qualité d'écoute: respect des consignes données, lien avec les partenaires de jeu
- Capacité de lâcher prise et d'invention, force de proposition
- Mémorisation des textes
- Qualité de la présence au plateau, conscience des placements, de l'adresse et du public
Si vous avez des questions sur les critères, n'hésitez pas à m'en faire part.
D'autres mises en scène de "Tous des Oiseaux"
Vögel au Schauspiel Stuttgart (Allemagne), mise en scène Burkhard C. Kosminski - création 2018
Vögel au Burgtheater Wien (Autriche), mise en scène Itay Tiran - création 2019
> Voir les photos de plateau : https://www.burgtheater.at/en/event/77
vendredi 20 novembre 2020
Comment analyser un spectacle ?
Parmi les exercices que vous allez devoir maitriser figure l'analyse du spectacle, voici des outils pour vous aider dans cette tâche.
Consultez les différentes méthodologies et faites votre propre choix à partir de ces suggestions pour être le plus précis possible en sachant que chaque spectacle est différent et que parfois il faut s'attarder sur certains aspects plutôt que d'autres.
Comment présenter un travail sur traitement de texte? : Conseils utiles
En allant dans la rubrique méthodologie du blog , vous trouverez encore d'autres conseils.
Documents complémentaires pour l'analyse d'Après la Fin de Dennis Kelly
Après la fin : Dossier artistique et pédagogique
Vous y trouverez des renseignements sur la scénographie, sur les personnages, sur le processus de création du spectacle que vous avez vu.
Il est intéressant aussi de jeter un oeil sur d'autres mises en scènes de la même pièce:
- Mise en scène Baptiste Guiton
- Interview video de Baptiste Guiton
- Dossier de presse de la mise en scène de Baptiste Guiton
- Mise en scène Maxime Contrepois
- Dossier de presse de la mise en scène de Maxime Contrepois avec interview du metteur en scène
Petite bio de Dennis Kelly:
Né en 1970 à New Barnet au nord de Londres, il commence à écrire à vingt ans. Son œuvre dramatique affirme le choix de formes en rupture avec le théâtre social réaliste anglais, à l’image de celles développées par Antony Neilson, Sarah Kane ou Caryl Churchill. Conjuguant le caractère provocateur du théâtre In-Yer-Face et l’expérimentation de styles dramatiques diversifiés, ses textes abordent les questions contemporaines les plus aiguës. Ils sont régulièrement traduits et créés en Allemagne ; en 2009, il est élu Meilleur auteur dramatique par la revue Theater Heute. En France, Débris, paru aux éditions Théâtrales, est lu à plusieurs reprises, notamment au Festival d’Avignon 2008, et créé à la Comédie de Saint-Étienne en 2010. Il est aussi l’auteur du livret de la comédie musicale Matilda, d’après Roald Dahl, et co-auteur des séries télévisées Pulling et Utopia. Ses pièces, L'Abattage rituel de Gorge Mastromas, Love & Money suivie de ADN, Mon prof est un troll, Occupe-toi du bébé, Orphelins suivie de Oussama, ce héros, Débris suivie de Après la fin, sont parues à L’Arche Éditeur.Qu'est-ce que le "théâtre In-Yer-face"?
C’est le nom donné au théâtre anglais des années 1990, un théâtre d’auteurs, un théâtre de textes violents, crus, vulgaires destinés à mettre le spectateur dans une situation d’inconfort.
EXTRAIT DE LA PREFACE POUR L’EDITION FRANÇAISE DU LIVRE D’ALEKS SIERZ sur cette forme de théâtre:
Alors que les auteurs redevenaient une fois de plus un atout culturel reconnu, c’est pourtant un type bien particulier d’auteurs qui s’est mis à jouir d’une forte influence. Les nouveaux auteurs les plus importants, ceux qui ont changé l’esthétique théâtrale britannique des années quatre-vingt-dix, étaient un petit groupe de contestataires in-yer-face et provocateurs. Ils constituaient une avant-garde qui explorait les frontières du possible au théâtre, et ils ont posé les jalons d’une nouvelle esthétique, plus directe, plus agressive, et plus frontale ; ils ont ouvert toute une série de possibilités pour le théâtre britannique. Ce faisant, ils ont revivifié l’écriture théâtrale, en explorant de nouveaux modes d’expression, et en proposant des expériences osées. Sans eux, l’écriture théâtrale aurait peut-être stagné, et serait devenue stérile.
Dans les années quatre-vingt-dix, le théâtre britannique n’allait pas bien ; ce sont ces auteurs in-yer-face qui l’ont sauvé. Les auteurs les plus provocateurs de la décennie, Anthony Neilson, Sarah Kane et Mark Ravenhill, ont eu une influence qui dépasse largement le nombre de pièces qu’ils ont écrites à ce moment-là, et qui est demeurée forte, en dépit de la qualité parfois inégale de leurs productions. Ils ont transformé le langage du théâtre, en le rendant plus direct, cru et explicite. Ils ne se sont pas contentés d’apporter tout un vocabulaire dramatique nouveau, ils ont également obligé le théâtre à être un théâtre de l’expérience,qui soit plus offensif, afin de faire ressentir les choses aux spectateurs et à les pousser à réagir. Bien sûr, tout théâtre se définit par son lien avec ce que ressentent les spectateurs, mais ce qui caractérisait ce théâtre in-yer-face, c’était son intensité, son caractère délibérément implacable et son attachement impitoyable aux éléments extrêmes.
Les auteurs du théâtre in-yer-face influencés par Antonin Artaud:
Artaud est une référence des auteurs britanniques de la génération in-yer-face.
"Avoué ou non, conscient ou inconscient, l’état poétique, un état transcendant de vie, est au fond ce que le public recherche à travers l’amour, le crime, les drogues, la guerre ou l’insurrection. Le Théâtre de la Cruauté a été créé pour ramener au théâtre la notion d’une vie passionnée et convulsive ; et c’est dans ce sens de rigueur violente, de condensation extrême des éléments scéniques qu’il faut entendre la cruauté sur laquelle il vient s’appuyer. Cette cruauté, qui sera, quand il le faut, sanglante, mais qui ne le sera pas systématiquement, se confond donc avec la notion d’une sorte d’aride pureté morale qui ne craint pas de payer la vie le prix qu’il faut la payer."
Antonin Artaud, Le théâtre de la cruauté, Second manifeste, 1933
jeudi 19 novembre 2020
Le Théâtre comme fait social: le théâtre citoyen, histoire d'un idéal laïc et républicain
Emission sur France Culture: Le théâtre citoyen: histoire d'un idéal laïc et républicain
A écouter quand vous avez un peu de temps pour votre culture générale, en particulier pour comprendre comment l'état français a voulu rapprocher le théâtre des citoyens, et ne pas réserver cet art à une élite.
C’était il y a tout juste cent ans, le 11 novembre 1920,
jour symbolique de la translation des cendres du soldat inconnu, le
Théâtre National Populaire (TNP) ouvrait ses portes au Palais du
Trocadéro à Paris. Sa direction était confiée à l’acteur et metteur en
scène Firmin Gémier avec la mission de monter et présenter des
spectacles pour un théâtre populaire, de rassembler les hommes et les
femmes, par la fête, le rire et l’intelligence.
Le Théâtre populaire installé dans le bâtiment du Trocadéro sera détruit en 1935.
A la sortie de la guerre, le TNP est engagé dans une nouvelle histoire,
qui le placera au cœur de la vie culturelle et artistique française. Jean Vilar, qui a fondé en 1947 le Festival d’Avignon est nommé directeur du nouveau TNP en 1951 par Jeanne Laurent,
sous directrice des spectacles et de la musique à la direction générale
des arts et lettres (ministère de l’Education nationale). Georges Wilson lui succèdera en 1963. En 1972, le théâtre de Chaillot est confié à Antoine Vitez et la même année, le ministre de la Culture Jacques Duhamel décide de transférer le TNP à Villeurbanne et de confier sa direction à Roger Planchon accompagné de Roger Gilbert et Patrice Chéreau dans un premier temps puis de Georges Lavaudant.
En 2002, Christian Schiaretti prend la direction du TNP de Villeurbanne.
En 2020, Jean Bellorini lui succède et devient le nouveau directeur du TNP de Villeurbanne.
Cette émission composée essentiellement d’archives, raconte l’histoire d’un idéal républicain et laïc, celui du théâtre populaire et citoyen, qui puise ses racines loin en arrière, dans les fondements de la République et chez Jules Ferry.
C’est cette histoire que ce montage d’archives réalisé en 1995 et intitulé à l’époque « le théâtre citoyen » s’emploie à raconter à travers les voix de ceux qui ont fait, inventé, vécu ce théâtre populaire. Cette histoire sonore commence avec Maurice Pottecher et la création du Théâtre du Peuple en 1895, elle s’arrête en 1972, date de l’ouverture du "Nouveau TNP" à Villeurbanne.
On y entendra à la fin de l’émission une archive très rare : un enregistrement en multiplex datant de 1963 et réunissant les premiers directeurs des Centres dramatiques de l’époque. Ils discutent puis interprètent ensemble le cinquième acte du Misanthrope, de Molière.
La suite radiophonique de l’histoire de la décentralisation dramatique après 1972 reste à faire ... !
Terminales: réfléchir aux questions pour le Grand Oral
Même si cela vous paraît lointain et en tous les cas après les épreuves de spé mi-mars, il faut commencer à réfléchir à des questionnements possibles. Normalement c'est à vous de me les proposer, mais je puis moi aussi vous en suggérer. Ce qui compte c'est que le questionnement vous soit propre, qu'il soit important pour vous.
Il peut porter sur les oeuvres au programme, sur celles que vous aurez vues mais aussi sur le théâtre comme fait social.
A partir de Tous des Oiseaux:
- L'imaginaire animal dans l'oeuvre de Wajdi Mouawad
- Une comparaison entre Incendies et Tous des Oiseaux
- Les auteurs libanais en France, des oeuvres sur l'exil?
- Les échos de Sabra et Chatila dans des oeuvres d'art?
- Tous des Oiseaux et la critique: unanimité pour considérer l'oeuvre comme un chef d'oeuvre?
- Tous des Oiseaux, une tragédie? L'influence de Sophocle sur cette pièce? (...)
- A quelles conditions le théâtre peut-il avoir la puissance d'un attentat?
- Comment notre théâtre partenaire, la Comédie de Colmar (CDN), s'est-il adapté au temps de la Covid?
- Le théâtre est-il un art du passé rejeté par le public jeune?
- Comment faire pour attirer les jeunes vers le théâtre?
- En quoi la pratique du théâtre permet-elle de développer l'intérêt pour les oeuvres théâtrales?
- Comment les artistes ont-ils continué à créer pendant la Covid et le confinement?
- Pourquoi faudrait-il que tous les lycéens soient initiés au théâtre?
- Quel rôle joue un théâtre comme la Salle Europe au coeur d'une cité populaire?
- En quoi théâtre et cinéma dialoguent-ils dans les mises en scène des metteurs en scène d'aujourd'hui? (A partir de la programmation de la CDC)
(...)
Envoyez-moi vos idées pour que je les mette en ligne.
mercredi 18 novembre 2020
Terminale : Cours du 19 novembre 2020 à travailler chez vous
Langues, écriture et identité.
Une évocation de la tour de Babel
> En savoir plus sur la Tour de Babel en Histoire de l'art
La coexistence de ces langues étrangères se fait sur fond de déchirement entre les peuples. Cette tension fait resurgir l’ombre de Babel, ce récit biblique qui propose une explication à l’origine de la multiplicité des langues et de la dispersion des peuples sur la terre présentant la perte de la langue unique et parfaite comme un châtiment divin. Dieu punit les hommes de leur démesure les condamnant à vivre dans la confusion et la mésentente.
Tous des oiseaux réactive le souvenir du mythe biblique.
Nora parle allemand et ne maîtrise pas bien l’hébreu, parce que son père lui a caché ses origines juives lorsqu’il s’est installé en RDA en 1945.
Une identité ondulatoire
La question de l’identité prend une place particulière dans
ce spectacle. Alors que Le Sang des promesses mettait en scène un
protagoniste en quête de ses origines, cette interrogation se démultiplie dans Tous des oiseaux. Plusieurs personnages remettent en question leur identité ou la perçoive comme problématique.
L’identité est souvent comprise comme un concept stable. Elle permet de penser la permanence du moi qui demeure identique dans le temps.Eithan l’envisage de manière scientifique et rationnelle : 46 chromosomes.
Mais conçue de manière trop stricte, l’identité ne permet pas de rendre compte de
la complexité d’une personne cf « je n’aime pas un juif ! J’aime
Eitan » dit Wahida.L'identité est en construction et peut être à multiples facettes.
Mouawad dit se sentir davantage en lien avec une sorte d’identité ondulatoire. Lorsqu’une goutte tombe dans l’eau, elle crée une onde et lorsque cette onde rencontre un obstacle, elle crée d’autres ondes. Ces ondes-là représentent pour lui réellement un rapport à l’identité.
David incarne lui une conception rigide de l’identité. Pour lui la judaïté prend sa source dans le sang des ancêtres et lègue la culpabilité en héritage. Le corollaire d’un tel point de vue est l’exclusion.
Wahida aussi va remettre en question sa conception de l'identité et sa propre identité. elle se découvre "arabe" une fois en Israel.
La charge émotive de la langue
Dimension affective de la parole
Au sein même de la cellule familiale, tous les personnages ne parlent pas la même langue, signe de leur profonde incompréhension. Lors du Seder, le conflit du père et du fils est exacerbé par la question linguistique : « et tu oses me dire ça dans la langue des bourreaux » dit David page 41.
La perte de la langue maternelle est un exil intime. Arraché à sa destinée, David ne connaît ni la langue de sa mère, ni son nom. Cette douleur indicible l’anéantit. Dans une moindre mesure, Wahida est elle aussi, victime de cette dépossession d’une partie d’elle-même, reconnaissant à la fin de la pièce qu’elle est arabe malgré les efforts qu’elle a déployés pour se « dé-basaniser » (page 104). Dans sa tirade prononcée en anglais, seuls quelques mots arabes affleurent, bribes de la langue maternelle oubliée.
La perte de la langue d’origine est au cœur de l’œuvre de W.
Mouawad. Voir interview mise en ligne.
Livre et Ecriture
Le livre occupe une place importante dans le spectacle. La première rencontre se fait à la bibliothèque, autour d’un livre, la fameuse géographie de wazzan. Les livres sont au centre des préoccupations de la doctorante.
À la fin, David ne parle plus en chantant. Il cite la Torah.
Son histoire, l’adoption par l’ennemi d’un jeune enfant menacé de destruction rappelle celle de Moïse, racontée dans la Bible. --> Le personnage de Moïse
Pendant le Seder, David et Eitan se renvoient les mots d'infanticide et parricide, allusion au sacrifice d'Isaac par son père Abraham et à Oedipe qui est amené à tuer son père.
Les diverses allusions intertextuelles du récit sont autant de signes révélant l’amour des œuvres de Mouawad.
Wahida et comme une beauté fatale des 1000 et une nuits, et par son impossible liaison avec Eitan, elle réactive aussi le souvenir de Roméo et Juliette.
Si on remonte aux sources du livre, il y a l’écriture, l’alphabet. La pièce elle-même opère ce retour aux origines. Lorsque Wahida s’adresse à David, au seuil de la mort, elle énumère les lettres qui composent sa langue maternelle (page 125). Cette attention portée à l’alphabet et à l’écriture est une trace de l’histoire personnelle de l’auteur qui rejoint le destin de nombreux libanais : « Mes parents appartenaient tous deux à la première génération alphabétisées de leur famille. Mais grands-parents ne savaient ni lire ni écrire, et ce sont leurs parents qui les ont forcés à scolariser leurs enfants. »
Cette importance accordée aux livres et à l’écriture se
retrouve dans la représentation, à travers le sur titrage projeté sur les
éléments mobiles de la scénographie. Le texte fait partie intégrante du décor. cf interview d'Emmanuel Clolus.
+ Intertextualité : Antigone exergue
Œdipe et la question de la vérité
Roméo et Juliette : récit de Léah p58-59 : rappel écrasant de "l’immense anonymat des chagrins » dimension tragique de la référence à Shakespeare. Attentats amoureux+ « de l’amour déguisé en malheur » ( crainte et pitié= catharsis tragique)
Si vous ne comprenez pas, écrivez-moi jeudi. Il faut lire le cours avec le texte à côté. L'un des exercices pourrait être de chercher des références dans le texte quand je ne le fais pas. Il faut nourrir votre réflexion de citations, en particulier dans les parties du texte que vous ne jouez pas.
Rappel: Envoyez moi les enregistrements de vos biographies de personnage si vous pouvez.
Et surtout l'analyse d'Après la Fin.
La 2ème partie du sujet de bac sur la scénographie peut m'être envoyée ou au plus tard remise lundi prochain en cours de pratique.
La question des langues dans "Tous des Oiseaux": repérages
La question des langues : Quelles réflexions vous inspirent ces citations et repérages?
Wahida : Pardon je ne parle pas hébreu P17
P41 David : Et tu oses me dire ça dans la langue des bourreaux !
Norah : C’est la langue de sa mère, ça n’a rien à voir avec les bourreaux, arrête aussi de le provoquer ! Arrêtez !
P45 Eitan : Tu entends ce que je te dis ! Je te le dis en hébreu : l’expérience d’un humain sa vie durant n’affecte aucun de ses chromosomes quelle que soit la brutalité de l’expérience !...
P53 Wahida à Eitan dans le coma : Leah a appelé tes parents. Je ne sais pas ce qu’ils se sont dit, je sais juste que le premier avion depuis Berlin vient d’atterrir.
P57 : Norah : Pardonnez-moi. Mon hébreu est affreux.
Léah : Ne vous en faites pas c’est réciproque : j’ai une haine profonde pour tout ce qui est allemand. Voitures, langue, gaz, transi et savons.
P58-59 Roméo et Juliette, parallèle fait pas Léah.
Léah: refus du nom Zimmerman
P63 Norah au médecin : Pardon. Pourriez- vous parler en anglais ?
Médecin : Parlez-lui un peu dans sa langue maternelle
David : L’hébreu
Norah : L’allemand. Sa langue maternelle est l’allemand.
P69 Comment tu t’appelles ? Wahida -C’est joli. Exotique..
P80 : Wahida à Etgar : Pardon monsieur, mais je ne parle pas allemand…
P93 Leah à David en 82 :Tu apprendras l’allemand. Tu trouveras ta place. (Collision temporelle p 92-93- haut de page 94)
séquence19 Arabe p102 : le nom du père, son prénom Wahida, C’était peut-être pour réentendre le chant de son prénom que Wazzan est rentré chez lui.
P106 les deux mots arabes : sœurs et mère.
P114 : Etgar au nourrisson palestinien qu’il vient de prendre dans le village Beer Hobba : On va retrouver ta mère. Je le lui ai dit en allemand. Je me suis mis à pleurer.
David :-Tu as donné le nom David à un enfant palestinien.
P122 : A propos de David dans le coma : Médecin : Quelle est sa langue maternelle ?
Norah : l’hébreu
Léah : l’arabe. La langue de sa mère est l’arabe.
Norah : on ne sait pas parler l’arabe P123
P124 : Wahida: Dis moi que veux-tu que je fasse et je le ferai.
Leah : apparemment, parler arabe à David pourrait l’aider à partir en paix
P125 l’alphabet arabe dit par Wahida, la légende de Wazzan en arabe.
P128 : David : J’entends dans ta voix la langue de cette mère que je n’ai pas connue. Ta voix comme filet jeté à la mer pour me redonner des fragments anciens.
Terminales: séance de pratique du lundi 16 novembre 2020
Séance du 16 novembre à la CDC avec Serge.
Absente: Hanna
Cercle de parole pour expliquer la nouvelle organisation des cours: théorie en distantiel. pas de visio le 19 novembre mais cours sur le blog sur la question des langues, l'intertextualité dans Tous des oiseaux.
Finir absolument les différents travaux en cours pour certains: analyse du personnage avec enregistrement de sa biographie à la première personne, analyse du spectacle Après la Fin, rédaction du projet de scénographie 2ème partie du sujet de bac expliqué en cours( possibilité de rendre ce dernier travail lundi 22 novembre ou de l'envoyer.
Je serai disponible jeudi entre 10h et 12h pour vous aider. Ecrire sur lavoixduplateau@gmail.com
Evaluation de la pratique le lundi 22 novembre même si toutes les séances comptent et donc l'investissement global.
Rappel conseil de classe mardi 8 décembre.
Échauffement conduit par Eugénie avec le soutien de Serge. Objectif: être capable de mener l'échauffement avec le groupe le jour de l'examen.
Rotation de la tête, insistance sur l'expire, souffler: que l'on entende le son. ne pas être si réservés pour l'émission du son.
Rotation des épaules pour détendre les tensions, gagner en amplitude à chaque respiration, dissociation des épaules. Rire avec relâchement des épaules et utilisation du diaphragme.
Rotation de la poitrine, puis sortir la poitrine: bonheur, la rentrer comme si on recevait un coup au plexus: tristesse. toujours utiliser le souffle pour gagner en expressivité.
Rotation des hanches genoux un peu fléchis.
Etirements bras en l'air bassin qui cherche à s'ancrer dans le sol, puis sur les côtés.
Relâcher ensuite la tête, le buste: laisser jouer la gravité, s'accroupir et puis sur la respiration remonter vertèbre par vertèbre; gagner en longueur. Toujours bien souffler pour gagner en ampleur;
Bras à l'horizontal, mains tendues: attitude ouverte, exposée : être présent, disponible , offert au regard d'autrui mais nourri, vivant intérieurement;
Ondulations de plus en plus grandes puis petites comme un animal qui réagit. Puis suivre la balle qui descend le long du corps.
Fin sur la position 0 regard qui ne flotte pas, sourire intérieur, présence, être là "vous allez jouer, vous allez vous amuser" Trouver du confort dans cette attitude. Ne rien faire mais être présent. la base. Pas si simple.
Etre là et dire, être à ce qu'on dit!
la respiration permet de contrôler le mouvement, la parole, la pensée.
Répétitions des scènes qui n'ont pas été vues par Serge à la séance dernière, les autres reprennent les scènes déjà vue, avant de faire un bout à bout dans le dispositif pressenti.
spectateurs au centre, les scènes tournent à l'extérieur et les spectateurs s'adaptent , pas de temps morts donc chaque scène doit être prête pour l'enchaînement sans pause. Arrêt sur image en fin de scène.
Penser à des musiques pour les transitions éventuellement ou à certains moments.
(Dans le carnet , noter vos impressions après le filage, la discussion que nous avons eue. Quand caler les biographies de vos personnages enregistrées ou en direct, comment les donner : adresse au public devant soi, simplement en bande son etc. Faites des propositions.)
Fin de séance avec la chorégraphie de vos personnages: les utiliser dans la présentation de travaux, où, quand. Idée de Serge de marquer le personnage avec certains gestes de la choré comme des sortes de temps reconnaissables par le public.
Etre prêts la semaine prochaine à dire la vie de vos personnages et à approfondir la mise en scène de vos scènes.
Une expérience théâtrale originale: _Jeanne_Dark_ de Marion Siefert
_Jeanne_Dark_, premier spectacle théâtral intégralement joué en live Instagram
Confession intime et débridée d'une ado coincée, la pièce de Marion Siéfert prend le réseau social comme nouvelle scène théâtrale et gagne des spectateurs aux profils diversifiés.
«Instagram ne fait que prolonger le rapport totalement obsessionnel que le catholicisme entretient à l’image : dans les peintures religieuses, comme sur Instagram, il faut éveiller le désir sans jamais montrer un téton ou un sexe, expliquait, en septembre, la jeune metteure en scène Marion Siéfert au Festival d’Automne à Paris. Il faut respecter des interdits et des règles de pudeur tout en amenant le spectateur à adorer l’image et ce qu’elle représente.» Alors Jeanne D’Arc, aujourd’hui, s’appelle _jeanne_dark_ sur les réseaux sociaux. Depuis sa chambre à Orléans, en live sur Instagram, l’adolescente finit par confier en toute intimité à ses très nombreux followers : elle a 16 ans et n’aime pas du tout sa chatte, d’ailleurs regardez la forme que ça fait quand c’est moulé. Du coup, elle est terrifiée : c’est sûr, les élèves du lycée ont raison de la harceler, avec la tronche qu’elle a, avec son côté catho coincée, elle restera vierge pour l’éternité. L’enfer. C’est l’histoire d’une jeune fille, prise comme toute ado, dans d’indémerdables carcans et qui cherche des outils pour s’émanciper. En d’autres temps, certains lui auraient conseillé de partir en guerre ou de faire du théâtre. Elle, a choisi une autre scène pour se confesser et, partant de là, se réaliser : Instagram.
Jouée par la comédienne Helena de Laurens, depuis début octobre, à la fois pour l’espace de la salle de théâtre, mais aussi celui du Web en simultané, cette très curieuse performance bi-média est la seule à pouvoir dignement jouer en plein confinement. Beaucoup de pièces sont actuellement filmées dans des salles vides et retransmises en live-stream pour les réseaux sociaux. Mais loin de ces versions dévoyées, _jeanne_dark_ a cela de particulier qu’il a été entièrement conçu pour un réseau social et toutes ses modalités d’interactivité (commentaires live, émoticœurs, philtres, insultes et smiley). Journal intime ultra débridé, parcours introspectif et initiatique d’une ado vers l’empowerment (comme dirait Beyoncé), le spectacle est normalement filmé au téléphone portable depuis la scène d’un théâtre. Depuis le confinement, il a pu trouver les moyens de s’adapter pour continuer la tournée – occasion de multiplier les followers, peut-être futurs spectateurs en salle, qui n’ont parfois rien du profil habituel des «abonnés». Libé s’est entretenu avec sa brillante metteure en scène.
Votre spectacle sur, et au sujet d’Instagram, _jeanne_dark_, est né cet automne. On le croirait conçu exprès pour s’adapter à nos temps de confinement…
Alors que pas du tout ! J’ai pensé à ce dispositif avant la pandémie et la fermeture des théâtres. Contrairement à ce que l’on pourrait croire aujourd’hui, cette création n’est donc pas une réponse à la crise sanitaire, même si son dispositif nous permet de maintenir des dates de représentation. C’est une œuvre que j’ai imaginée à la fois pour un espace scène/salle et pour Instagram, en simultané. Les spectateurs en salle voient une adolescente absorbée par son image, en train de se filmer au téléphone portable pour réaliser un live. L’écran de son téléphone apparaît sur deux écrans géants, et l’on voit les commentaires laissés par les followers du compte _jeanne_dark_. C’est je crois la première fois qu’il y a un spectacle pensé pour Instagram, dans une continuité de 1h45 de live. Généralement, on trouve de petites vignettes vidéo humoristiques d’une minute. Ici, le type d’adresse et d’interaction fait intégralement partie de l’histoire : la métamorphose d’une adolescente, qui prend le pouvoir à mesure qu’elle prend la parole.
La comédienne Helena de Laurens, qui interprète «Jeanne», sera en live trois soirs de cette semaine. Elle se filmera depuis la scène d’un théâtre vide ?
Non pas du tout, depuis la chambre d’un appartement prêté par le théâtre de la Commune d’Aubervilliers, qui est coproducteur de l’œuvre. La pièce vient d’être créée, on était en pleine tournée. Vu son dispositif, ça nous semblait impensable de ne pas adapter l’expérience pour les 4 000 personnes qui suivent désormais le compte de «Jeanne» sur Instagram. On a donc proposé à quatre théâtres (le théâtre d’Arles, le théâtre Nouvelle génération de Lyon, la Scène nationale de Tulle et le théâtre de Liège) de mutualiser leurs forces pour pouvoir réaliser une adaptation, depuis une chambre. Pour moi l’espace du théâtre ne va qu’avec son public. Si la salle n’est pas habitée, je n’ai aucun intérêt à jouer en face d’elle. Ça nous a pas mal stimulées, en fait. On a aménagé la chambre avec la scénographe Nadia Lauro, de manière à recréer une chambre d’ado abstraite. Ce n’est pas illustratif avec des posters des stars dont Jeanne serait fan, mais un espace d’intimité plus étrange, avec de la moquette blanche très épaisse.
Vous avez envisagé avec ces théâtres le format live-stream payant, comme on en voit se multiplier sur les réseaux sociaux ? Et au fait, pourquoi Instagram et pas Facebook Live ?
Ah non, on n’a pas du tout envisagé le payant. Il faut que ça reste super accessible. Ce dispositif, c’était justement un moyen d’ouvrir grand les portes du théâtre, donc c’est pas pour recréer un nouveau sas. Ensuite, Facebook n’est pas le réseau social des jeunes. Faire le portrait d’une adolescente de 16 ans sans parler d’Instagram, ça me semblait impensable. Et j’ai choisi ce réseau social pour le type de public auquel ça me donne accès. Il y avait l’espoir de toucher davantage la jeunesse d’aujourd’hui.
Et vous les touchez ? Ils sont nombreux, ces adolescents, à se connecter aux lives de «Jeanne» ?
Oui et non. Ça met du temps, forcément. Au début, les followers de «Jeanne» étaient principalement des gens qui connaissent déjà mon travail mais petit à petit ça se diversifie. Beaucoup de collégiens et de lycéens sont venus, et comme Instagram est un outil qu’eux maîtrisent bien plus que nous, ils ont eu la main sur la vie de la pièce, aussi… Petit à petit, le bouche-à-oreille des réseaux sociaux s’est mis à fonctionner. Et on a commencé à voir qu’un groupe assez influent de fans de rap américain nous suivait, par exemple, et avait beaucoup aimé la pièce, donc ça commence à sortir des circuits habituels du théâtre public.
Quel genre de retours retenez-vous de ces jeunes spectateurs ?
Ce qui revient, c’est qu’ils aiment beaucoup le côté interactif, le fait de pouvoir laisser des commentaires et que le personnage leur réponde. Le live de «Jeanne», c’est presque un piratage d’Instagram mais il n’y a pas d’ambiguïté longtemps : les followers comprennent vite qu’ils sont en face d’une fiction. La plupart, en revanche, mettent souvent du temps avant de réaliser que leurs commentaires apparaissent sur grand écran devant une salle de théâtre remplie de spectateurs (enfin, normalement). Après, par rapport au personnage de «Jeanne», ce qui revient, c’est la grande ambivalence de sentiments vis-à-vis d’elle, ce qui est bien normal puisqu’on tente de restituer toutes les contradictions du réseau social, de l’usage qu’en ont les ados, du rapport à l’intimité, aux masques et au dévoilement, à la métamorphose, à l’invention de soi. C’est une pièce finalement très malaisante, qui parle beaucoup de tabous liés à la sexualité notamment, d’un carcan dont l’adolescente tente de s’émanciper dans un geste à la fois très libérateur et très gênant ! En cela, on comprend bien que le live n’est pas du tout réaliste parce que Jeanne va très loin dans l’intimité. Il y a beaucoup de discussions autour des cadrages puisque le personnage devient progressivement très, très désinhibé.
Pour «Jeanne», qui est harcelée à l’école, lnstagram devient ce qu’était le théâtre avant, l’endroit de la catharsis…
Elle prend Instagram comme espace de théâtre. Elle en fait un endroit où la prise de parole devient libératrice. J’ai beaucoup pensé au rappeur Eminem, en créant la pièce. Quelqu’un qui part de sa situation d’humiliation et qui, par le rap, dépasse les stigmates sociaux, renverse l’insulte et renvoie la salissure. Dans la pièce, il y a la question d’avoir le mot de la fin.
C’est une pièce qui parle beaucoup du poids de l’éducation religieuse, ici une éducation catholique.
Oui, et c’était intéressant de voir le degré d’identification, très fort, des spectateurs adolescents de confession musulmane. Mais aussi des ados élevés dans une culture athée, qui se posent des questions sur la place de la spiritualité. J’ai rencontré beaucoup de jeunes filles pour la création de la pièce et le fait de parler du poids de la religion, pour une fois depuis la religion catholique, a beaucoup détendu le dialogue. La pièce est basée sur mes souvenirs d’adolescente. Mais le point de départ, c’est aussi ma pièce précédente, Du sale !, interprétée par deux jeunes filles en pleine introspection. Dedans, Laetitia, qui est rappeuse, dit en parlant de moi : «Elle est blanche, elle vient pas du même milieu de moi, j’arrive pas à décrypter les émotions sur son visage.» J’ai voulu m’essayer au même dévoilement que celui que je leur avais demandé. Et parler aussi depuis ce «monde blanc» dont je viens.
Le soir où l’on a vu la pièce, les commentaires étaient surtout bienveillants…
Ah, ça dépend vraiment des représentations. Il y a aussi eu des haters, des trolls. Et la comédienne, Helena de Laurens, doit pouvoir réagir sur scène à ces commentaires-là aussi. Après, il y a aussi certains followers qui reviennent sur plusieurs représentations, qui se parlent, se reconnaissent, écrivent quand ils ont faim et vont manger des pâtes…
Vous êtes curieuse des quelques expériences théâtrales virtuelles qui sont nées avec le confinement ?
Ça m’intéresse quand l’outil numérique fait partie du concept. Mais je suis plus sceptique vis-à-vis des captations, quand les pièces sont filmées de manière monumentale, avec ce côté classieux, muséal, dans une débauche de moyens, pour certaines. Le spectacle, c’est pas juste ce qui se passe sur scène, c’est aussi l’énergie d’une salle, la sensation même infime d’une prise de risque. Les captations c’est dévorant en termes d’énergie et de moyens, ça ne concerne qu’un public d’hyper aficionados, ou à la rigueur des chercheurs, mais c’est complètement à côté de la plaque, selon moi, si l’on espère toucher d’autres spectateurs.
Les 18, 19, et 20 novembre à 20h30, depuis le compte Instagram @_jeanne_dark_